Le meilleur disque psychédélique de la rentrée est suédois et c’est à peu près tout ce qu’il y a à savoir sur le « Commune » de Goat.

Ne croyez pas que j’ai envie de torcher le chiffon rapido sec et d’expédier ce papier par-dessus la jambe, mais le disque que nous tenons là entre nos mains ridiculise tellement 99,99 % des sorties surfant actuellement sur le psychédélisme que cela en devient presque ridicule d’avoir à lister tout ce qui différencie Goat des neuneus – souvent californiens, n’en déplaise à toi qui a acheté le T-Shirt des Black Angels – dont le seul mérite reste d’avoir électrifié un banjo et mis SPACE TRIP en gros sur la pochette couleur fuchsia pour bien signifier à l’auteur, par définition bête comme ses deux pieds, que ledit groupe a pris plein de DROGUES pour réaliser un disque qu’on n’écoutera plus dans six mois.

Ce qui s’apprête à suivre n’a que peu d’intérêt, mais le deuxième album des Suédois de Goat ne laisse aucune place au bavardage. Sur « Commune », tout coule de source dès le premier accord. De psychédélisme oui, il en est question, mais de biais alors, dans une version trafiquée à écouter comme une longue boucle où le 13th Floor Elevators aurait picolé toute la nuit avec des indiens Navajo, et surtout, sans tout le pataquès badigeonné au formol qui vous donne l’impression d’écouter un truc formidable alors que c’est pourtant la millième fois que vous entendez cette effet de pédale plaqué sur un faux refrain entonné par un type au charisme d’une huître de Perros-Guirec.
« Commune » verse dans la célébration vaudou et le sacrifice humain, on y décèle du blues nordique – ça existe même au pays des fabriquants de meubles montables avec un mode d’emploi de la taille de mon avant-bras – des riffs venus d’Afrique et même un soupçon de folk anglaise ; disons pour résumer qu’on a parfois l’impression d’écouter Fairport Convention à Bamako avec le nain de Game of Thrones dans le rôle du civet de porc cramé sur la place publique, histoire de coller aux rites traditionnels.

Goat promo photoPassés jusque-là inaperçus sur la grande carte mondiale du psychédélisme façon American Apparel où les batteurs ont souvent le look de mannequins anorexiques et les chanteurs l’air de graphistes électrocutés à la Camomille, nos zoulous masqués livrent des incantations tribales à côté desquels tous les jappements de Thee Oh Sees passent pour des cris de fillettes effrayées par l’ombre de leur premier Tampax. Evidemment « Commune » ne contribuera pas à réduire le trou de la couche d’ozone, mais il vous permettra au moins d’éviter de cramer du dioxyde de carbone à hurler sur tous les toits que le revival psychédélique est américain. Non. Les Américains méritent tout au plus de mourir étouffés dans leurs burgers à l’intérieur de leurs grosses bagnoles qui polluent en écoutant leurs gros disques de rock bien gras. Pour information, la Suède est seulement à deux heures de Paris par RyanAir ; il serait peut-être temps de s’en rendre compte et d’arrêter de fantasmer un farwest qui n’existe plus. Le nouveau John Wayne a les couilles qui gèlent dans les steppes glacées du nord de l’Europe, ce disque est un premier pas vers ta réorientation, gringo.

Goat // Commune // Rocket records
(Sortie le 24 septembre, en concert au Trabendo le 27 septembre)

9 commentaires

  1. Mmm… plutôt que Fairport, le Blues Project, et plutôt que les 13th Floor Elevator, Frumious Bandernsnatch. Sinon, vraie belle découverte Docteur !

  2. javou j’aime bien manger des burgers en écoutant l’album Phosphene Dream avec ça belle pochette des Black Keys Angels… sinon oui les quelques morceaux de ce Goat donne envie!

  3. Du coup, on se demandait avec les potes, s’ils avaient un lien quelconque (mais pas que) avec Gnod? Et la choucroute??
    Très bon album sinon, même si mes préferences psyché iront au nouvel opus de Kikagaku Moyo, et au magnifique Olives in the ears de 75 dollar Bill.

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