Un nouvel album de blues rock dans le jus Amérique des 70’s ? Ne partez pas, celui-ci est réussi : c’est « The Orange Album » de Gasoline.

Si Gasoline sonne comme une cavalerie assourdissante de blues rock américain, c’est en fait un duo français qui est aux manettes. A la guitare et au chant, on retrouve Thomas Baignères, anciennement LeSpark, qui gravite dans la (grande) galaxie du rock depuis 2015. A la batterie, il y a Théo Gosselin, peut-être l’un des meilleurs photographes de sa génération. Le duo vient tout juste de sortir un premier album, « The Orange Album », chez Celebration Days Records.

L’inspiration est claire, et si par hasard vous ne l’aviez pas, la voici : blues rock des années 70 et éternel rêve américain. L’autoradio grésille sous le moteur, le bitume fait de la vapeur dans le désert étouffant, à moins que ce ne soient les cigarettes des passagers de ce convoi nostalgique. Voyez vous-même juste ici, avec le clip de Sugar Mama.

C’est évident : Gasoline regorge d’influences et de références. Comme ils le déclaraient l’an dernier dans une interview pour Rock & Folk, l’idée était très claire dès la rencontre : faire vivre le plus fort possible la culture qu’ils aiment et qui a façonné leurs vies. Il ne s’agit donc pas de découvrir un nouveau monde, mais de retrouver la magie de l’ancien. En fait, « The Orange Album » est presque un hommage. D’ailleurs, les thèmes proposés sont ceux qui ont déjà infusé le vieux thé du blues rock depuis qu’on a trouvé comment faire saturer les amplis. C’est aussi le risque de la démarche, car à autant s’inspirer d’un univers aussi marqué, on peut vite livrer quelque chose de finalement très lisse, plus ou moins bon, et clairement pas original. Mais pour Gasoline, la recette fonctionne. En fait, c’est comme une omelette : pas vraiment révolutionnaire, mais quand c’est fait avec passion et maîtrise, ça marche vraiment bien.

Musicalement, les morceaux s’enchaînent dans une énergie intense, à la fois très linéaire et très brute. Mais tout n’est pas tonitruant pour autant. Gasoline parvient à couper le contact avec la tendre balade Hey Boy. Cette linéarité, qu’on l’aime ou non, donne finalement un rendu très propre et précis. Pas forcément les mots les plus adaptés à la mythologie du blues rock, d’ailleurs. C’est peut-être la seule chose qu’on pourrait leur reprocher, cette propreté d’exécution dans une brutalité pas si bordélique que ça. Chirurgicale plus qu’anarchique.

Faire du blues rock en 2022 reste un exercice fatalement périlleux. C’est tellement vu et revu que c’est trop souvent raté. Et finalement, dans le bruit et la fureur, en piochant dans l’imaginaire d’un univers risqué et sans vraiment se casser les chicots sur un mur porteur, Gasoline a réussi à sortir le blues rock du placard à papy. Pour ça, les pensionnaires de la maison de retraite Jean Lee Hooker leur disent merci.

 

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