Sur son site internet, il aime publier des photos de lui mal cadrées prises dans des campings. Il pose avec une veste de chantier jaune fluo, au volant d'une R5 (beige), s'affiche peu et cultive un certain sens de l'auto-dérision.

Dans un monde ultra moderne, TG Gondard pratique le goût du décalé, une forme d’humour du pauvre, sans méchanceté ni ironie, plutôt une forme d’hommage à ses origines provinciales. Le musicien TG Gondard multiplie les projets musicaux, entre électro et chant minimaliste sous son nom et noise expé’ avec d’autres musiciens. Et quand il joue seul, c’est souvent au son de synthés nostalgiques : c’était quand, déjà, l’époque de l’insouciance ?

Viens-tu réellement de Haute-Marne, d’où Colombey, comme le nom de l’un de tes projets dont tous les titres évoquent Colombey ?

Je suis né à Coulommiers et j’ai grandi dans la région, en Brie, d’où toute ma famille est originaire. C’est une région située à l’est de Paris, grosso modo entre Paris et Reims. Il y régnait il y a 15 ans encore une ambiance que je qualifierais de « provinciale », mais très récemment ces campagnes se sont urbanisées et se transforment petit à petit en arrière-poste de la banlieue parisienne. Colombey et la Haute-Marne sont presque à 200 kilomètres plus à l’est. Je ne connais quasiment pas cette région, et je n’ai jamais mis les pieds dans la plupart des villes que je cite dans les chansons de Colombey, mais cette région oubliée et sinistrée, où l’exode rural est encore une réalité, me semblait être un écrin parfait pour les histoires que je raconte dans ces chansons.

tg-danmark

TG Gondard, est-ce ton vrai nom, les initiales de tes prénoms, un hommage que je n’ai pas compris, une volonté de garder le mystère ?

Mon vrai nom est Thibault Gondard, et pendant 10 ans, j’ai fait de la musique sous le nom de « TG ». Cela n’a jamais été dans ma tête un hommage à Throbbing Gristle (même si j’apprécie leur musique), plutôt une sorte de foutage de gueule face à la ridicule dévotion qui les entoure. Mais au bout d’un moment, j’en avais assez de cette référence, alors j’ai ajouté mon nom de famille, dans une démarche opposée à celle du choix initial de ces anonymes initiales.

Peux-tu nous lister l’intégralité de tes groupes et projets en cours ?

Mon projet principal est TG Gondard, je suis tout seul mais je collabore de temps en temps avec d’autres musiciens (comme avec Musique Chienne sur le titre Le Ban Bleu, ndlr). Depuis un an, je joue aussi en solo sous le nom Colombey, je viens de finir une première tournée sous ce nom. Je fais partie depuis 2006 d’un trio parisien de harshnoise qui s’appelle Lubriphikatttor, et je joue dans un duo de musique électronique dansante qui s’appelle Pizza Noise Mafia, on a tourné pour la première fois en juin. Parallèlement à tout ça, je réalise des films documentaires ou fictionnels qui abordent le plus souvent ma région d’origine, la Brie.

D’où te vient cette boulimie ? Est-ce parce que tu en vis et que tu as besoin de beaucoup travailler ?

J’aurais peine à dire que j’en « vis », car je vis principalement des aides sociales, mais depuis quelques années j’ai eu le bonheur de ne pas avoir à prendre un travail alimentaire pour assurer ma subsistance, et j’ai pu ainsi passer beaucoup de temps à composer et à tourner.

Il se détache une certaine mélancolie de ta musique, en parallèle de l’auto dérision dont tu peux faire preuve, es-tu d’accord ? D’où vient-elle ?

Beaucoup de gens m’ont déjà dit qu’ils voyaient une forme d’autodérision dans les paroles de Colombey, mais pour moi il n’y en a aucune. Ces chansons sont toutes à prendre au premier degré, et elles sont sacrément mélancoliques je te l’accorde. Peut-être que ca rassure les gens d’y voir de l’humour, mais en tout cas je n’écris jamais les paroles dans cette optique. Avec TG Gondard c’est un peu plus clair : c’est triste, point barre ! Je suis persuadé que cette mélancolie vient du fin fond de la Brie, de ces villages morts et silencieux, de l’ennui et de la solitude des plaines. J’ai fait quelques films qui illustrent ce propos.

Tu travailles beaucoup avec des machines, est-ce que cela a toujours été le cas ?

J’ai fait longtemps de la basse et de la guitare, des chansons ou des morceaux ambiants ou « drone », mais j’ai définitivement largué tout cette quincaillerie il y a 5 ans pour m’ouvrir un peu plus au monde du futur.

Instant promo des copains : qui aimes-tu et avec qui aimerais-tu travailler ?

J’aime beaucoup faire chanter des filles sur mes morceaux, et récemment j’ai collaboré avec Inès et Charlene Darling (toutes deux membres des groupes Rose Mercie et La Ligne Claire), Chicaloyoh, Musique Chienne. J’aimerais bien faire plus de remixes, on ne me l’a demandé qu’une fois (pour le groupe indie Porcelain Raft), et ça m’avait beaucoup amusé.

http://www.tggondard.com/

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