Qui se souvient de Beck ? Qui se souvient du Beck d’avant que ce soit un compositeur de pop ? Un producteur. Un arrangeur. Qui ce souvient du jeune homme souriant bêtement, pâle comm

Qui se souvient de Beck ? Qui se souvient du Beck d’avant que ce soit un compositeur de pop ? Un producteur. Un arrangeur. Qui ce souvient du jeune homme souriant bêtement, pâle comme un employé de call center, et en prime, maigre comme un accro à la métha, guettant le shoot de 13H dans les chiottes de la boîte ? De ce blanc-bec si mou qu’il était tenu par son T-shirt, avec aux pattes juste assez de barbe hollandaise – cette couleur mal définie entre blond, blanc, et roux – pour affirmer qu’il était majeur ?

On aurait cru ce gosse né dans un brotherhood de Frisco ou sorti d’une ferme de mormons du Midwest. On l’imaginait porter des pattes d’éph et refuser de se coiffer rien que pour vous foutre les nerfs en pelote, vous donner envie de lui arracher ces tiffs de devant les yeux. Mais non, ce clampin est né à L.A. Poseur, non ? Du coup, le folkeux à visage de poupon portait un Dickies en velours sur ses converses et un Carhartt à capuche, comme tout bon skatteur souriant pour Spike Jonze avant d’aller mordre le pavement…

Pourtant, un jour de 1996, ce freluquet s’est pointé sur la scène du Tibetan Freedom Concert de Frisco, avec la même démarche que lors d’un entretien au Job Center local. A dégainé un harmonica d’une poche trop serrée, avec pour seules armes un micro saturé et un holler-blues du diable dans des bronches plus profondes que le Hoover Dam de Boulder City. Beck a foutu le feu. Craché de sa salive une allumette sur la nappe de pétrole de l’invasion. Comme si des milliers de militaires Chinois stationnés dans les neiges de l’Himalaya avaient d’un seul coup un lien de parenté indéniable avec les salopards qui rongeaient le dos de milliers de sénégalais en denim overall de leur fouet, un siècle plus tôt.

Le blues hurleur. Le blues expiatoire. Le pied du quaker qui frappe le sol de ses genoux cagneux. Quand l’’eau bénite lèche la plaie comme le sel.

Il en va de même pour Bob log III. Prononcez ‘the third’, je vous prie.

S’il n’était pas aussi mal accoutré, dans son costume de cosmonaute / homme-canon ambiance « Joe, je crois que j’ai chié dans ma combi », avec casque intégral et téléphone soudé sur la visière. S’il ne jonglait pas autant avec le picking que le mauvais goût, les allusions vaseuses d’un stand-up show et le second degré americano-kitch. Pop-corn et rodéo martien. Si le spectacle de filles assises sur ses genoux à la batterie, et de gros bonnets s’ajoutaient au nombre des instruments pratiqués. Si faire simplement du stripped-down blues (simple ? Qui peut oser dire que c’est simple de survivre à une telle dictature du rythme ?) comme un roi suffisait à rendre un type célèbre au bout d’une décennie de carrière…

Un OneManBand, n’est-ce pas déjà grandiose ? Combien en connaissez vous ? Hasil Adkins ? Le fan de poulet givré ? Ok, cela fait un – Qui d’autre ? Le vieux Dylan. Mettons. Et les autres doivent ce titre à des heures passées en studio ou bien des racks de pédales.

Ce que Bob appellerait  «alien technologies ». Lui qui a mis le delta dans un bocal. Et signé chez Fat Possum, un bottle-neck au doigt.

Non en vérité il faut cela. Faire remarquer l’indispensable vérité : vous qui entendez partout parler de rock’n’roll, vous avez oublié ce que c’était. In itself. Monsieur Adkins le sait bien, le poulet, ce n’est pas un ‘Colonel’s Filet’, mais une volaille conne qui pousse son cri tôt le matin. Le blues c’est pareil. Ce n’est pas une radio Deezer pour les soirées où vous avez dégotté une poule. C’est le cri lui-même. Le frisson du réveil, et son sustain jusqu’au sunset.

S’il ne nécessitait pas un costume et un jeu de scène crétin pour se faire remarquer un minimum, alors Bob Log III serait un héros mondial. De Chicago au Tibet.

http://www.myspace.com/boblog111
http://www.boblog111.com/

En tournée française en février, à la Maroquinerie le 22 février

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