(C) Anton Stelmach

Ils s’appellent Yann et Antoine, ils ont choisi un patronyme qui rime avec Commissaire Moulin et leur « petit plus produit » comme on dit en réunion marketing, c’est de ressusciter un genre qu’on pensait mort à tout jamais : la musique d’illustration des téléfilms des années 70-80, quand la France dansait au son de La Boum avec Sophie Marceau et Vladimir Cosma. Leur premier EP s’écoute ici en exclusivité.

On connaît tous des musiciens du dimanche; des salariés du 9 to 5 qui, une fois le weekend venu, prennent les instruments en se rêvant tantôt Jimmy Page du tertiaire, tantôt Daniel Balavoine du secteur financier. Le résultat, souvent et pour ne pas dire toujours, est catastrophique. Confirmant ainsi que musicien est un vrai métier et que la notion de hobby mériterait d’être définitivement interdite sur tout curriculum vitae.

Il y a néanmoins des exceptions, à commencer par cet EP de Michel Chemin; un homme qui n’existe pas et derrière lequel on retrouve deux Français biberonnés aux Bandes Originales des téléfilms de TF1 et autres longs métrages made in France et sur lesquels l’esprit de François de Roubaix planait encore un peu.

(C) Anton Stelmach

Enregistré à raison de 2 heures par semaine coincées à l’arrache dans le Google agenda de deux adultes-citadins-travailleurs-en-couple, ce premier EP s’écoutent parfaitement sans les images, même s’ils seulement celles de Véronique Jannot, Yves Rénier ou encore Horst Tappert. Sentimentalo-nostalgique, le truc ? Oui, mais pas que. Et c’est bien là que les quatre titres entrent dans la troisième dimension, puisqu’aux références synthétiques et hertziennes s’en rajoutent d’autres, plus étranges, allant du kraut au prog en passant par le jazz. En bref : un peu comme si le groupe Aline s’était mis en tête d’écrire la bande-son d’un documentaire diffusé sur FR3 en 1979. Le résultat, instrumental, fait également penser à l’album « Escapades » de Gaspard Augé (Justice), publié en 2021 et qui, déjà, rendait honneur à toutes ces mélodies de supermarché qu’on a longtemps méprisé, à tort.

Dans le cas de Michel Chemin, on espère que ce premier EP n’est que le premier épisode d’une plus longue série, et qu’il continuera à déployer cette innocence perdue, si typique d’une époque où tous les yeux étaient encore rivés sur le poste de télévision cathodique.

https://descentechromatique.bandcamp.com/album/michel-chemin

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