Règle numéro 1 : vous n’apprendrez rien en lisant cette article absolument inutile. Règle numéro 2 : ignorer l’abruti moraliste qui trouve qu’il est encore trop tôt pour rire du coronavirus. Règle numéro 3 : Non, Daft Punk et Gorillaz ne comptent pas.

Au départ, nous avions prévu de pousser le bouchon jusqu’à lister les 19 groupes ou artistes emblématiques du style Covid-19 mais, distance de sécurité oblige, nous avons préféré écarter l’idée d’avoir à écrire les noms de Cascadeur (rayon « que sont-ils devenus? », cet accident musical se pose là) ou Björk, désormais trop mal à l’aise avec son âge (54 ans) pour oser se montrer dans ses parures ridicules dignes d’une soirée Ferrero Rocher. A la place, la crème : non seulement les 10 musiciens qui suivent avaient adopté le look confiné avant que le masque FFP2 devienne un filtre Instagram, mais en sus, ils s’écoutent souvent plus facilement que ceux qui continuent de brailler sans protection faciale.

1. Orville Peck 

Réussir à déringardiser la country music en cassant tous les codes macho associés, c’était son projet. C’est réussi. Depuis son premier album « Pony » en 2019, le Canadien bien dans ses bottes, libre dans sa tête, n’en finit plus d’affoler les magazines fashion (pour de mauvaises raisons) et les vrais qui savent, pour les bonnes. Son dernier titre Summertime résonne de façon étrange avec l’époque où chacun profite du printemps coincé chez lui. Son conseil pour un bon port du masque à franges ? « Vous devez juste vous y habituer, puis vous cesserez de jouer avec. C’est drôle, je me sens plutôt nue sans ça ces jours-ci. C’est vraiment une seconde nature pour moi maintenant. Alors, attendez un peu, continuez à pratiquer et vous oublierez que c’est là ».

2. Winslow Leach

En matière de santé publique, on dirait que c’est le patient 0 du port de masque, celui par qui tout est arrivé. Incarné par William Finley, Winslow c’est le héros malheureux du chef d’oeuvre de Brian de Palma, Phantom of the Paradise. Soit le film qui allait inspirer toutes les esthétiques aux Daft Punk, Justice & co. Inutile de préciser que toutes ses parties vocales sont assurées par le grand (au sens figuré) Paul Williams. Le pauvre pianiste finira emmuré dans le film, soit une anticipation assez précise du confinement.

3. The Residents

Tout ou presque a été écrit sur les Residents. On ne connait ni leurs visages, ni si les corps associés à ces masques divers et variés cachaient en réalité les vrais musiciens. La mort en 2018 de Hardy Fox, proclamé porte-parole du groupe, aurait dû définitivement doucher les espoirs d’une suite au dernier album en date, en 2012. Pourtant un nouveau double disque est prévu chez Cherry Red : « Metal, Meat & Bone » paraitra le 10 juillet prochain.

4. Clinic

Certains disent que ces Anglais sont le groupe préféré d’Olivier Véran, lui-même médecin et ministre de la santé à ses heures perdues, le weekend. Concernant Clinic, on précisera qu’ils opèrent avec talent depuis 1997, date à laquelle ils ont décidé d’enfiler des blouses de chirurgien, à une époque où un masque en papier à la con ne coutait pas encore 3 € chez votre pharmacien. Leur musique n’est hélas pas remboursée par la sécurité sociale.

5. Müholos

« Attention, Ovni ! ». Bon, ça c’est ce qu’on pourrait lire dans la presse à papa pour qualifier ce freak from Liège, Belgique, ayant récemment décidé de passer des guitares (The Experimental Tropic Blues Band) aux claviers après avoir construit un costume de robot en fer dans sa cuisine. Comme avec les meilleurs tutos de masque sur Youtube, Müholos c’est d’abord du fait maison niveau costume; on se croirait presque dans un John Carpenter niveau budget. Pour le reste, risque de choper le Covid-19 avec un tel attirail : 0%. En revanche, bon courage pour aller acheter des clopes après le concert.

6. Jonathan Bree

On ne sait pas (et en fait : on s’en fout) si le Néo-Zélandais a été inspiré par Stupeflip et Fuzati pour le port du masque, mais toujours est-il que Bree a réussi en un album (« Sleepwalking ») à replacer la mode vénitienne tout en haut de l’échelle de la hype. Un écho au Eyes Wide Shut de Kubrick, un parfum de romantisme partouzeuse et surtout des mélodies et un chant à tomber, tout était jusqu’à You’re so cool absolument parfait. La formule du prochain album à paraitre,« After the Curtains Close« , semble un peu trop tirer sur la même corde : enlève le masque, Jonathan !

7. Bob Log III

Depuis plus de 20 ans, cet Américain génial parcourt la planète pour la convertir au blues avec un casque de pilote de l’air. C’est évidemment un million de fois mieux que Johnny et Bob Log III annonce sur son site qu’il est en mesure de vous composer une chanson d’anniversaire ou de vous apprendre la guitare ou la batterie pour 100 dollars. Qu’attendez-vous, bordel ? Lâchez donc ce spray hydroalcoolique et foncez claquer votre pognon chez ce one-man band pas tout seul dans sa tête.

8. Death in June

Depuis 40 ans, les Anglais plus flippants que tous les clowns de film d’horreur s’évertuent – un peu comme Laibach – à semer le doute chez leurs fans, et surtout chez tous ceux qui ne le sont pas. On leur reproche d’avoir été fasciné par l’esthétique nazie, mais soyons clairs : si Hitler avait composé de si beaux albums que ceux de Death in June, peut-être qu’il ne ne nous aurait pas autant emmerdé avec son concept de distanciation sociale.

9. Snapped Ankles

Niveau protection, ces autres Anglais laissent à désirer mais côté costume, leur fusion pokémon entre un tronc d’arbre et le Bigfoot est irréprochable. De loin, le groupe préféré des déclinologues qui misent sur Snapped Ankles pour jouer tous les villages du jour d’après, quand l’électricité aura été coupée et que vous vous retrouverez à manger des disques de Jul pour éviter de mourir de faim.

10. The Mummies

Le garage rock dans toute sa splendeur, les bandelettes en plus. Depuis 30 ans, le groupe alterne morts et résurrections et prouve qu’avec une bonne tenue de scène, on peut survivre à tous les virus, mais aussi à la vieillesse et aux modes. L’argument numéro 1 pour le port du masque, finalement. Voilà, sur ces bonnes paroles, vous pouvez reprendre une vie normale et passer de votre salon à votre cuisine après avoir enfilé une bonne paire de gants pour jeter cet article à la poubelle.

 

6 commentaires

  1. Pour les Residents vous oubliez -au moins- les excellents The Ghost of Hope et The Intruders parus ces trois dernières années.

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