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17 février 2016

JOHNNY MAFIA
Fureur de vivre à la française

On peut être tranquillement en train de faire ses mots fléchés dans un fauteuil en prisant un tabac à la saveur inventée pour les cigarettes électroniques (Hendrix Dandy, Sahara, Tennessee Blend… ça fait rêver), un chat persan ronronnant sur les genoux et malgré tout vouloir sauver l’humanité torse-poil moon boots aux pieds après l’écoute de l’explosif Sometimes 666. Balancés entre la nervosité des Ramones et le génie mélodique des Buzzcocks, ce MichelMichelMichel a de quoi nous rendre bêêê-bêêê-bêêê. C’est d’ailleurs la sensation véhiculée par cette chanson d’ouverture Sleeping capable de réveiller les morts de l’Yonne natale de ces jeunes voyous stakhanovistes polos/Converse, en mode Back from The Graves, le chant du coq en plus.

Nul besoin de vitamine C pour faire une cure de jouvence, un simple passage entre les rouleaux géants d’Elephant Bleu avec Scarycrow VI à fonds les ballons dans la golf GTI sur la route d’Auxerre-Dijon suffit à faire monter la mayonnaise. Et ces gaillards de Johnny Mafia ne méritent plus la ligue 2. Après avoir fait leurs armes sur la route avec 70 concerts au compteur et assuré les premières parties de Jim Jones Revue, Parquet Courts ou Von Pariahs, leur parcours du combattant les a imposé comme une valeur sûre en live, brandissant fièrement l’étendard d’un garage punk aux références ricaines bien digérées.

Le cul coincé entre la chaise longue des Together Pangea et les longboards de Fidlar, convoquant l’esprit Jay Retard la main dans le froc aux couleurs des Ramones, nos conspirateurs à Telecaster envoient valser quelques codes du genre dans un style désinvolte, avec un grand talent mélodique et une maîtrise des gimmicks punks redoutable. Les voix aigües et tranchantes pleine d’une énergie adolescente comme on en a pas vu ici depuis les Olivensteins pour faire court (sans vouloir mésestimer d’excellents combos du genre comme Sun Sick ou Skategang) font la marque de ce quatuor prêt à partir à l’assaut des MJC et autres salles subventionnées peuplées de bobos impatients de prendre leur petite claque entre deux dates consacrées à des lauréats des Victimes de la Musique présentées par Nobod Ier, avatar de François Hollande en mode entertainement. Ce groupe est peut-être un remake de la Belle aux Bois Dormants, un trottoir de la rue Victor Massé en lieu et place du château perdu au fin fonds de l’Yonne ou d’on ne sait quelle province austro-hongroise et un spécialiste des pédales de fuzz en guise de prince charmant. Qui sait.

Mais on risque d’entendre parler de ce gang de jeunes fougueux dont le mini-LP précité de huit morceaux a été produit par les perchés d’Alter K et dont les tout aussi mutants Freaky Loud Things pilotent la tournée de l’extrême. Ca sort le 19 février et ils joueront le 20 à la Mécanique Ondulatoire. Ramène ton ciret, ça risque de tanguer moussaillon. Et sur le banc, c’est corvée de patates.

Johnny Mafia // MichelMichelMichel // Alter K
https://johnnymafia.bandcamp.com/track/sleeping-3

johnny-mafia

Matt Oï

Rédacteur et reporter de festival à ses heures, passionné de garage-rock à l'esprit punk bien prononcé, caméléon au coeur fougueux.

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