Crédit photo : François Pirlouiiiit

Avec la pandémie et deux éditions conséquemment passées à la trappe, la cuvée 2022 du festival YEAH! – installé dans le Lubéron – s’annonçait très particulière pour toutes les parties en présence. Elle l’a été… car rien ne sera désormais plus pareil. Vraiment ?

Prénom : Madonna
Nom : Summer
Média : Gonzaï
Fonction : apprenti journaliste
Projet rédactionnel : idem que pour l’édition précédente mais en PIRE.

En remplissant pour la troisième fois consécutive le formulaire d’accréditation du Festival YEAH, dans l’espoir de faire sourire à nouveau les filles du service relations presse, j’ai bien conscience d’une chose : il ne faudra pas me répéter. Par correction pour les organisateurs (qui m’invitent), mon rédac’ chef (qui me laisse carte blanche) et les lecteurs (qui ne doivent pas s’ennuyer). Mais… il n’y a pas que ça. Quelque chose a changé. L’humeur n’est pas tout à fait la même, c’est dans l’air. Et tout le monde le ressent. Dans mon groupe de copains – puisque faut-il le répéter, le YEAH est un festival de copains – nous serons cette année moins nombreux. Qu’il y ait ou non un lien de cause à effet, certains le sentent moins, certains vont se désister, certains vont hésiter – je vais moi-même y penser. En cet instant précis donc, je ne suis pas très à l’aise. Est-ce seulement propre à moi ? Trois ans que nous ne sommes pas venus, trois ans qu’on attend ça. Les deux dernières éditions ont été annulées pour des raisons que tout le monde connaît. Non contente de nous priver d’une vie normale, sociale, déjà bancale en soi, cette satanée pandémie a cassé quelque chose. Tous les échos, absolument tous les échos vont dans le même sens : nous ne sortons plus comme avant. Des réflexes ont été perdus, oui, perdus, alors que nous aurions du les retrouver en sortie (?) de crise. Peut-être est-ce une question d’âge ? Possible, sauf que les plus jeunes n’ont aussi pas été épargnés : la vie leur a volé deux ans. Vive le temps présent. Ces dernières années, on a quand même eu droit à des attentats sanglants, à une crise qui s’intensifie et touche de plein fouet les classes populaires, à des étés de plus en plus chauds et nous savons très bien pourquoi. Plus le temps passe, plus le monde devient un enfer à vivre. Bref : il ne manquait plus au tableau qu’un bon gros virus, voilà pour nous remettre les idées en place.

Et puis… les événements en Ukraine ont démarré, prenant tout le monde par surprise. Le pompon. Les médias ont en parlé intensément pendant des semaines, mais je ne sais pas si vous avez remarqué : nous, moins. Quand je dis « nous », c’est moi, vous et vos copains. Bien sûr on s’est indigné, bien sûr on a échangé sur le sujet… mais globalement on a éludé. C’est que ça nous a méchamment calmés, hein ? Communication breakdown. Et puis la vie a repris son cours, petit à petit, à bonne distance du conflit, il y a eu les Présidentielles dont on n’avait globalement rien à foutre (la Gauche est passée à côté d’un truc historique avec Taubira – certes mal préparée mais on voit aujourd’hui le résultat bande de nazes), les JT du 20h ont enchainé sur Cannes (heureusement que Lindon a relevé le niveau avec la dignité qu’on lui connait), puis sur Roland-Garros, puis sur cet Eurovision symbolique etc etc. Et moi aujourd’hui je dois, je vais vous parler du YEAH. Ambiance. D’après ce que j’ai entendu ici et là, pour les organisateurs – ces gens qui organisent mais ont aussi une vie à côté – ça n’a pas été simple non plus. Oui : une année particulière… Vous pensez sans doute que cette introduction est hors-sujet, lugubre, pénible. Moi aussi. Devais-je me rendre au Festival YEAH ? Oui, bien sûr, on ne va pas s’empêcher de vivre… évidemment. Mes copains et moi, vos copains et vous peut-être, nous y sommes allés pour respirer un peu, pour célébrer la joie, l’amitié, la liberté… d’ailleurs tiens, c’était presque un acte de résistance ! Ferme ta bouche. Nous sommes venus pour recoller des morceaux.

Crédit photo : François Pirlouiiiit

J’ai déjà dit, précédemment, tout le bien que je pensais du festival et de ses dizaines de bénévoles qui s’activent avec une générosité folle : inutile d’en rajouter une couche. Ah si, il y a un truc sur lequel je n’ai pas assez insisté : la probabilité même d’un tel événement en ces lieux. Lourmarin : petite bourgade du Lubéron, touristique en pleine saison mais très calme le reste du temps, des gens paisibles, jeunes et moins jeunes, aucun heurt à l’horizon, un château datant du XVe classé monument historique, venez pas nous faire chier ici. Et puis soudain, une petite équipe d’adolescents attardés – c’est un vrai compliment – qui propose à la municipalité d’organiser, partout dans le village, un festival de musiques amplifiées doté d’un esprit… potache. Pardon ? A Lourmarin ? Mais enfin messieurs, vous n’y pensez pas ! Si ? Vous avez perdu le sens commun ! Non ? Discussions. Explications. Concertation. Conciliation. Tout de même… Le YEAH est une chose qui relève du miracle : on leur a dit oui. C’est qu’il fallait avoir des arguments, une grande intelligence pour faire comprendre aux instances concernées que la vie n’en pâtirait pas en ce week-end annuel de juin… et qu’elle en sortirait même grandie. Avec les petits vieux, avec les gosses de l’école, avec les résidents qui veulent le calme. Une performance… En 2023, ça fera dix ans que ça dure et personne ne s’en plaint. C’est ce qui nous donne à chaque fois envie d’y revenir, et vous et moi.

Alors que cherches-tu au fond, hein, jeune-plus-si-jeune journaliste ?

A économiser 80 balles ? De toute façon tu seras à découvert dès le 15 du mois. A chercher de la trashitude où il n’y en a pas ? Ce n’est ni le moment, ni l’endroit. A tâcher de retrouver ton enthousiasme de 2019 ? T’inquiète, c’est juste une mauvaise période à passer – tout le monde l’espère. A te réfugier dans une oasis de paix pendant trois jours ? Tu n’es pas le seul : quelque part à l’Est, c’est la guerre ouverte et ça fait plus de trois mois. A te sentir moins seul dans le chaos généralisé ? On n’est jamais seul quand on vient ici, mais on n’est jamais seul non plus tout court – tu l’as appris avec le temps. A faire de nouvelles rencontres ? Comme tout le monde. A te balader dans Lourmarin avec ta visière estampillée Gonzaï   ? Laisse-là dans ton sac et concentre-toi sur les autres, noie-toi dans la masse… Comment déjà ? Madonna Summer, hein ? HA HA ! Non mais sérieusement… C’est le soldat inconnu. Alors… alors viens ! Poursuis ton chemin ! Tends-leur ta main, ton frère, ta sœur ! Il est trop tard pour avoir peur.

Et maintenant, après cette mise en bouche, parlons musique, parlons des copains.

Crédit photo : François Pirlouiiiit

Jour J : vendredi

Il est à la bourre le journaliste ! Il n’a pas préparé ses affaires ! Il a mal aux lombaires ! Il a un papier à rendre quelque part ! Et il est attendu par son pote pour un départ de Marseille à 18h30… Il cherche une excuse, probablement. Il hésite encore et laisse défiler le temps. Il envoie finalement un texto à ses copains et à l’attachée de presse pour leur dire, euh… qu’il n’arrivera que demain. Il le promet, et même en taxi s’il le faut… Personne n’y croit car l’animal est imprévisible, avec ses amis, avec ses employeurs, avec qui vous voudrez… mais il est du genre loyal, alors il y a un espoir. Toujours. Pour l’heure, il est chez lui et suit attentivement le fil des événements sur le groupe Whatsapp de ses potes. Qui partent du camping au moment où la nuit commence à tomber, pas de chance pour le violoncelliste Gaspar Claus qui ouvre le festival tout en douceur, donc idéalement. Il se dit que de toute façon, le violoncelle est l’instrument qu’il déteste le plus au monde, que ça lui évoque immanquablement la musique classique, et que la musique classique lui évoque la scène finale du film Soleil Vert (1973) dans laquelle des petits vieux à l’article de la mort se tapent des documentaires animaliers – sans savoir qu’ils seront ensuite recyclés sous forme de tablettes alimentaires. Oui : c’est l’image très précise qui lui vient quand on lui parle de Bach, Mozart, Beethoven et tutti quanti, d’ailleurs si vous voulez sa peau pour  avoir proféré un tel blasphème, enfermez-le dans une pièce avec Les Quatre Saisons de Vivaldi, il fera un infarctus dans le quart d’heure qui suit. Une idée lui vient : puisqu’il ne sera pas là… pourquoi ne pas laisser la parole à ses copains ? Après tout, son avis prétendument « éclairé » n’est qu’un avis parmi tant d’autres… et chacun des festivalyeahs a son propre avis, non ? Et puis tiens, lors de l’édition précédente, il était totalement passé à côté des concerts du vendredi tellement il était ivre ! Alors qu’est-ce que ça change ? C’est parti : ce soir, ses copains feront le boulot pour lui et raconteront… Ingénieux !

Arthur Satan. Crédit photo : François Pirlouiiiit

 

Seulement voilà : rien ne se passe comme prévu puisque ceux-ci manquent de peu le premier concert dans le Château, celui d’Arthur Satan. Zut ! Celui-là il aurait voulu en avoir un écho (nulle trace de violoncelle ici) car il avait beaucoup aimé cet album solo paru l’an dernier, dans lequel le leader de JC Satan dévoilait une facette inattendue de son talent. Loin du boucan avec lequel son groupe s’est taillé une solide réputation, Arthur y présentait une pop ancrée dans le Swinging London des 60’s, et ses chansons foutrement bien écrites appelaient naturellement une transcription plus électrique sur scène… Bref : typiquement le genre de truc que les organisateurs aiment à placer en début de soirée, même quand les journalistes se trouvent encore au bar… ou pas. Celui qui brille ce soir par son absence reçoit enfin sur son smartphone un message : tout le monde s’éclate sur Gustaf, dernier gros buzz en provenance de Brooklyn. Là, il commence à s’en mordre les doigts… car il savait et avait prévenu avec cette formule lapidaire pour appâter : « C’est comme The Rapture à leurs débuts mais joué par des filles. » D’après les retours qu’il récolte, c’est effectivement à peu près ça : du punk-funk millésimé, garage dans l’esprit, et ces filles ont une énergie dingue. Bien dégoûté de l’entendre (…), il file au Monoprix du coin pour s’acheter des bières puis revient chez lui, la queue entre les jambes, et s’enfile sur internet un live des New-Yorkaises façon je suis quand même avec vous les copains. Misérable ! Et puis soudain… le coup de grâce : deux d’entre eux balancent sur Whatsapp des photos prises avec une copine qu’il ne voit que trop rarement. Merde ! Il était sûr de la retrouver en ces lieux, précisément pour Gustaf… Cette fille adorable, musicalement plus à la pointe que bien des mâles qui se la racontent, organisait jadis un petit festival dont il avait parlé ici et dont la programmation ressemblait trait pour trait à celle du YEAH – mais sans les moyens, en mode lo-fi dans des petites salles. Discuter musique avec elle est à chaque fois un bonheur : ils sont sur la même longueur d’ondes, si différents et si semblables à la fois… alors il lui envoie des bisous à distance et elle les reçoit – miss, you know who you are. Y’a pas à dire… il regrette.

Au fur et à mesure que la soirée avance, les nouvelles se font plus rares. Il scrute son écran de 4 pouces toutes les dix minutes. Peine perdue : quand on fait vraiment la fête, ou oublie aisément toutes ces conneries digitales et c’est très bien comme ça. Mais voilà, les quelques photos prises dans le feu de l’action et aussitôt publiées parlent d’elles-mêmes : ses copains se marrent, semblent avoir bien bu et dansent sur le live percussif de Tonn3rr3 (sans pour autant en garder un souvenir mémorable : il apprendra plus tard que c’était un peu lisse à leur goût – l’ambiance générale aurait eu raison d’eux). En revanche, ils prennent ensuite une grosse claque avec le trio français MADMADMAD et c’était prévisible, car pour la première fois dans son histoire avec le YEAH… il a triché. La crapule : en principe, il n’écoute jamais en amont tous ces groupes qu’il ne connaît pas lorsque la programmation tombe. Pour deux raisons :

1/ Il préfère les découvrir sur scène (nettement plus stimulant)
et 2/ Il fait totalement confiance au choix des programmateurs (qui maitrisent leur sujet et ont les idées larges).

Ainsi donc, faute d’avoir bougé ses fesses, il est allé ce soir découvrir MADMADMAD sur une plateforme de streaming pour prévenir ses copains que ça sentait bon… Ils le savent désormais mieux que lui : déjà impressionnante sur disque, leur formule, qui puise dans la no-wave new-yorkaise et la dynamise à coups d’effets en tous genres, s’avère être une redoutable machine à danser. Ben voilà : il vient (peut-être) de rater le meilleur concert de cette édition. A ce stade de la lecture, vous aurez compris qu’il était hors de question pour lui de ne pas citer tous ces artistes – quand bien même… Heureusement que ses copains ont pris leur pied : en théorie, vous devriez donc aussi. Une semaine plus tard, il tombera sur des centaines de clichés prises par un copain photographe, un journaliste qui LUI aura fait son boulot et donc permis d’étayer ce papier fort mal engagé. Puis apprendra que MADMADMAD offre une séance de rattrapage le 3 juillet prochain au Pointu Festival, dans le Var… Il a de la chance. Il ne le sait pas. Il a de la chance d’avoir pu hésiter. D’avoir eu le choix.

MadMadMad Crédit photo : François Pirlouiiiit

 

Jour 2 : samedi

J’arrive par le bus en plein après-midi : enfin ! J’y suis. Je pénètre avec mes bagages dans le centre du village – c’est minuscule – et il est bondé. Pas trop, juste ce qu’il faut, mais il est clair que la faune en présence ne se trouve ici qu’une seule fois dans l’année. C’est une faune hétéroclite, enfin pas tant que ça. On reconnaît tout de suite les festivalyeahs… et souvent d’où ils viennent. Attardons-nous un instant là-dessus car il y a matière – mais je ne parlerai pas des femmes puisqu’elles auront toujours (dans leur grande majorité) toute mon estime. Si les femmes avaient gouverné le monde, on n’en serait pas là aujourd’hui… D’ailleurs, connaissez-vous la différence entre les femmes et les hommes ? Oui ? Non ? Voici une tentative de réponse : les femmes donnent la vie, et les hommes la prennent. Du coup, je vais m’attarder un petit peu sur les mâles qui peuplent en cet instant Lourmarin. Souvent des quadragénaires quand ce n’est pas un peu plus – ben ouais, on s’est tous fait la réflexion avec mes potes puisqu’on est concernés : « Le YEAH est un festival de vieux ! » Je rectifie un poil pour n’offenser personne : le YEAH est un festival de vieux qui sont restés jeunes dans leur tête, et heureusement ils ont parfois des gosses qui font chuter la moyenne d’âge puisque ceux-ci ont leur place ici. On est synchro ? Bien. Je disais donc, il y a déjà les bébés, pardon, les bobos parisiens : on les reconnaît à ce qu’ils font mine de l’ignorer, arborant souvent une barbe abusivement longue (idéal pour cacher ce goitre de pélican qui s’amorce), une casquette de trucker américain (parfait pour cacher cette calvitie galopante) et tout autre accessoire ostensiblement voué à marquer leur coolitude malgré les marques du temps. C’est lâche, c’est propre aux mâles mais il ne faut pas généraliser, hein ! Il y a ensuite les mâles « locaux », les autochtones : plus naturels mais tout aussi à l’aise, arborant davantage le coton bio, on les reconnaît instantanément à ce qu’ils tapent la bise à tout le monde, complètement décontractés du gland mais il ne faut pas généraliser, hein ! Et il y a enfin les autres mâles venus d’un peu partout (oui-oui ça fait juste trois catégories) sauf que ceux-là on les remarque moins. Ils sont tous différents et ils viennent soit en groupe de mâles, soit accompagnés de femmes pour les plus éclairés. Mais ils viennent tous en copains et sont tous sympathiques… C’est la grande force du festival : ici, les mâles ne se battent jamais entre eux. Rare !

Garnier en mode GOT. Crédit photo : François Pirlouiiiit

 

Je retrouve enfin mes copains-copines au boulodrome, embrassades, retrouvailles, nouvelles du jour. Ils ont le sourire mais sont un peu fatigués : après la soirée d’hier, alcoolisée, ils n’ont rien trouvé de mieux que de faire une pétanque en plein cagnard. En voilà une idée qu’elle est bonne ! On approche des 40 degrés à l’ombre. Mais surtout, une rumeur était venue hier soir à leurs oreilles : Alain Chabat serait aux platines ce samedi même au boulodrome… On y a cru comme on croit en Moustic – absent cette année – car le YEAH est clairement le seul festival au monde où ce genre de chose est possible. Pas de bol : c’était effectivement une rumeur… En revanche et c’est une réalité : un peu plus tôt dans la journée, Laurent Garnier, accompagné de ses acolytes Arthur Durigon et Nicolas Galina, s’est pris des seaux d’eau dans la tronche à l’école primaire de Lourmarin, face à des gosses ravis. Voilà une scène qui dit tout de cet homme : loin du business auquel on l’associe en général, il est d’abord quelqu’un qui partage et a gardé une âme d’enfant – et leur énergie. C’est à mon sens tout ce que vous avez à retenir de lui, et le documentaire qui lui a été récemment consacré en salles ne dit que cela : au-delà du casting, au-delà de la marche de l’Histoire, au-delà de la carrière et des médailles, il reste ce gamin fou de musique ayant vu la lumière en découvrant Donna Summer… puis a dès lors cherché à partager sa passion par tous les moyens et avec le plus grand nombre. C’est tout, mais c’est précisément ce qui fait la différence entre un mélomane (qui sait) et un vrai mélomane (qui veut que tout le monde sache), fin de la parenthèse.

Nous rentrons nous poser au camping de Cadenet – ben ouais, on aurait préféré celui de Lourmarin mais on s’est fait baiser en amont par les Parisiens. C’est un peu ma faute : j’aurais dû fermer ma bouche plutôt que d’en faire la promo en 2019. Qu’importe ! On pose nos affaires, on prend une douche, on s’apéritif, et direction le Château pour les concerts. Mes copains me disent qu’il y a davantage de monde en ce samedi soir – une constante, enfin il nous semble. Autre constante : nous ratons immanquablement le concert donné en ouverture sur la petite scène extérieure du Château. Et c’est dommage car je voulais vraiment voir Hyperactive Leslie, le « one-man-band » d’Antonin Leymarie dont les performances font actuellement parler d’elles. Son credo : proposer une musique dansante mais impossible à étiqueter, largement improvisée (sur scène) mais s’appuyant sur des morceaux composés (sur disque) et ce avec un drum-kit pour unique instrument. Pour toute information complémentaire,  puisque je n’ai pas assisté à la chose, ne pas hésiter à contacter Virginie au sein du staff : elle est archi-fan et vous en parlera bien mieux. J’arrive également un peu tard (…) pour assister au concert de Claptrap – une formation toute fraîche qui réunit des membres affiliés à une certaine scène d’obédience noise (Papier Tigre, Electric Electric, La Terre Tremble) mais versant ici dans un registre plus apaisé. Leur premier album explore mille et une pistes en trente minutes chrono et je vous le recommande à défaut de… OK, on a compris. Enfin muni de mon pass, je pénètre dans la cour du Château et… rien n’a changé. Je reprends mes marques, retrouve l’humeur ambiante du festival telle que je l’avais quittée il y a trois ans : une impression de zone préservée, protégée, épargnée par la course folle du monde. Quelque chose semble figé en ces lieux : c’est une guinguette restaurée, un bal perdu sans balles perdues, un asile de doux restés un peu dingues, c’est… comme si le monde d’avant avait anticipé celui d’après, réfléchi mieux, conjuré le pire. Idéalement.

Los Bitchos. Crédit photo : François Pirlouiiiit

Alors je savoure un instant, je prends le temps de regarder autour de moi, puis je monte les escaliers qui mènent à la scène pour ENFIN assister à mon premier concert de cette cuvée 2022. Los Bitchos et son line-up essentiellement féminin occupent la scène. Mes copains et copines ne sont globalement pas emballés : « c’est chiant », « elles ne sont pas carrées », « on dirait qu’elles sortent d’un mauvais film de Tarantino ! »… Bon, ce n’est pas dément, mais moi je passe un bon moment. Quelque chose me dit qu’elles pâtissent fatalement de la comparaison avec Gustaf… Elles ont le sourire mais sont un peu statiques, et leur indie-rock nourri d’influences latines ambiance davantage qu’il ne fait bouger. Ce n’est pas très grave : elles ont leur place ici, sont dans l’esprit. Mes copains repartent en bas, je reste un moment puis pars chercher un truc à bouffer. En bordure du château, il y a un coin restauration avec des food-trucks : je m’envoie une crêpe salée plutôt qu’un burger « maison », m’attarde un peu sur des vinyles à la vente puis, nouveauté, passe devant un stand où l’on vend du… CBD. Le mec m’alpague, je lui dis que je connais merci au revoir, et puis avec tout ce que je m’enfile… Il sort alors sa botte secrète : « J’ai aussi du CBG ! » Du quoi ? Je lui demande à quoi sert le G dans cette histoire : incapable de me répondre. Il persévère : « Le CBD j’en prends en journée pour me calmer, le CBG j’en prends en soirée pour dormir – ça me casse ». Bravo le jeune : tu as trouvé les mots, c’est exactement ce qu’il me faut quand je vais rentrer au camping – je prends. Putain de carte bleue… c’est pareil au bar : à croire que je cherche encore le manuel. J’y vais et j’y reviens sans compter, c’est la fête de la courgette. Je rejoins ensuite la bande pour voir les Canadiens de Crack Cloud, l’une des têtes d’affiche de cette édition (même s’il n’y en a pas vraiment, faute d’avoir pu booker du lourd pour des raisons essentiellement liées à la pandémie). Ne connaissant d’eux qu’une vague réputation de groupe qui monte, je découvre leur post-punk tout en cassures rythmiques et dérapages contrôlés. Ils sont bien une demi-douzaine sur scène et m’évoquent une sorte de croisement entre Fat White Family et Chk Chk Chk – deux formations qui ont joué ici par le passé. C’est urgent, bordélique à souhait mais ça me plait. Mes amis ne sont pas du même avis : « c’est pas cohérent », « ils ne sont pas en place », « ils répètent pour la Fête de la Musique ou bien ? » etc etc… Ils ont tranché : retour au bar. Je tiens ici à préciser car c’est important : mes amis sont de bonne composition, ils ont tous des goûts différents et connaissent, pour certains, bien mieux que moi ce qui relève de la technique – j’ai toujours fonctionné au feeling. Il y a longtemps de cela, dans une galaxie lointaine, j’avais moi aussi l’habitude de trancher – c’était d’ailleurs imprimé noir sur blanc puis diffusé à large échelle, ce qui m’avait valu d’acquérir une mauvaise réputation dans le « milieu » (donc une bonne réputation). La morale de tout ça ? Il semblerait que j’ai vieilli.

Crack Cloud. Crédit photo : François Pirlouiiiit

Fort heureusement, le live de Dombrance va mettre tout le monde d’accord. Il y en aura certes bien un pour me dire que notre cover boy du récent numéro Musique et Politique a un look d’acteur porno des 70’s, qu’il ne comprend pas son costard-cravate en cet endroit, rien de grave : ce côté giscardien donne évidemment de l’épaisseur à son personnage. Car Dombrance, qui s’est fait connaître du grand public en affublant ses instrumentaux de blazes ancrés dans l’inconscient collectif (Raffarin, Taubira, Poutou…) puis en détendant l’atmosphère pendant le confinement depuis sa cuisine, a su trouver son Cheval de Troie. Et c’est extrêmement malin : désormais, tout le monde écoute ce mec qui sonne comme Soulwax ou Erol Alkan, sans même savoir qu’il tourne et collabore avec la crème de la scène underground mexicaine (c’est là où ça se passe en ce moment). Bref : loin d’être un « amuseur », Dombrance a trouvé une porte d’entrée pour introduire du costaud dans vos playlists – bien lui en pris. Ce soir, il est en clôture et dès les premières notes, tout le monde est à fond. C’est mérité : si les ficelles semblent grosses à première vue (dans les montées notamment), le son et le travail de production sont impressionnants – impossible de ne pas se laisser emporter près d’une heure durant, sans temps morts. Dombrance n’hésite pas à prendre le micro, à interagir avec une foule compacte et survoltée, et tandis que nous dansons à l’unisson, la promiscuité aidant, une aimable quinquagénaire m’aborde : « Je vais essayer de te suivre ! » Bien volontiers mademoiselle, nous entamons quelques petits pas ensemble, mais trente secondes plus tard elle se ravise : « Désolée je n’y arrive pas ! » Tu m’étonnes : je suis au-delà des 120 BPM requis en cet instant alors que mon cœur bat généralement à 110, mais c’est gentil d’avoir essayé. Les rencontres se font facilement au YEAH : la jauge de 500 personnes au Château le permet, mais c’est surtout parce que la notion de respect est profondément ancrée dans le festival. Et ça nous change un brin.

Jour 3 : dimanche

Nous nous levons tard et déjeunons au camping : son restaurant est d’excellente facture. D’ailleurs, amis parisiens, je vous invite à venir l’an prochain au camping de Cadenet plutôt qu’à celui de Lourmarin, vous  y serez bien. Il fait décidément très chaud : nous optons pour une sieste et suivons par messages interposés ce qu’il se passe au tennis-club de Lourmarin – c’est l’un des temps forts de chaque édition le dimanche après-midi – mais la sauce a du mal à prendre, chacun cherche un coin d’ombre. Nous finissons par lever le camp pour nous y rendre, et j’en profite pour aller voir ce qu’il se passe à la Fruitière Numérique, cet espace de création et de diffusion qui fait aussi la richesse de Lourmarin. Zut ! Il n’y a pas d’auto-tamponneuses (c’était initialement au programme des festivités) et les auto-tamponneuses me rappellent que j’ai grandi à quelques kilomètres de là dans le monde d’avant, découvrant grâce à elles des choses qui m’ont marqué à vie, ces tubes de Falco, Ryan Paris, Captain Sensible, Imagination… lorsque c’était la fête au village. Regrets ! Je n’irai pas noyer mon chagrin à l’Auditorium pour assister au concert ultime (dans tous les sens du terme) de Mendelson qui met ici fin à son aventure, nulle envie de me pendre ni de m’enfermer (les échos que j’en aurai seront pourtant élogieux – quatre morceaux à rallonge joués en 90 minutes, forcément ça interpelle). Dans la Fruitière, il y a d’autres choses à voir et à faire, à commencer par cette expo où l’on découvre deux instruments faits de bois et de composants électroniques – le Pianographe et le Symbolon – sur lesquels tout un chacun s’amuse à appuyer, triturer les potards pour de faux mais pour de vrai : magique ! Il y a aussi de nouveaux jeux d’arcade qui font le bonheur des plus jeunes, une bourse aux vinyles qui fait le bonheur des moins jeunes (j’y retrouve le même disquaire que la fois dernière – nous papotons), il y a enfin et c’est une nouveauté : le Hangar’YEAH (à l’intitulé subtil) a.k.a « la plus petite boite du monde » où un invité surprise se produirait…

Ding Dong aka Neman. Crédit photo : François Pirlouiiiit

 

J’entre dans ce couloir de fortune, étroit, et y trouve quatre pelés qui dansent comme des dingues après la bataille. Je prends une photo en guise de souvenir, il y a un gars qui mixe avec un bob vissé sur le crâne mais je ne le reconnais pas. Enfin je n’en suis pas sûr : il ressemble à Cosmic Neman (Zombie Zombie) sauf que celui-ci est censé présenter son nouveau projet en binôme – Ding Dong – dans moins d’une heure au Château. Non, ce n’est pas lui, impossible, alors je poursuis mon chemin puisque j’irai de toute façon à sa rencontre un peu plus tard – c’est prévu dans mon programme. Seulement… il va s’avérer que

1/ c’est bien Neman qui est aux platines en cet instant (je le découvrirai en croisant mes clichés pourris avec les photos officielles du festival)
et 2/ je vais en plus de ça RATER COMME UN CON la prestation de Ding Dong, la faute à la douche.

DONC : Neman, je te présente du fond du cœur toutes mes excuses, nous nous sommes croisés il y a quelques années à Marseille et c’était bien, c’était dans les loges du Théâtre du Moulin, il y avait d’ailleurs la fille que j’ai cité plus haut car tu la connais aussi, il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous ratés – franchement désolé. Ainsi je quitte la Fruitière Numérique pour rejoindre mes copains au tennis-club, alors que résonne au loin la voix amplifiée de Pasteur Dégu venu prêcher en ces lieux pour tous les pêcheurs que nous sommes : « HalleluYEAH ! » Son speech est réussi, et il parle foutrement bien le portugais en plus… Car voilà : aux platines se trouvent les Sheitan Brothers (habitués du festival) venus présenter leur projet parallèle en compagnie d’un Brésilien : Furie Soundsystem. J’arrive au moment où, après avoir brassé large, ils jouent des trucs brésiliens méconnus sauf que c’est bombe sur bombe, ces deux-là ont du goût. Les gens dansent même si c’est un peu plus clairsemé que d’habitude (la chaleur…) et nous retrouvons ce public familial fait d‘enfants, d’habitants du village, de festivalyeahs arborant lunettes de soleil et… de mecs hyper cools en chemises hawaïennes chinées dans des échoppes vintage. Si l’idée d’envoyer sur un champ de mines des quadragénaires portant barbasse et casquette de trucker n’est pas pour me déplaire, au contraire, il m’est difficile de concevoir, j’ouvre une parenthèse, que l’on envoie des gosses de 18 ans en buter d’autres dans des champs, sans même qu’ils ne comprennent le pourquoi du comment. Car oui, des gosses de cet âge, il y en a ici. Tiens, devant moi : un jeune couple danse pieds nus sur le sable. Ils ont dans la vingtaine, ils sont beaux et se frôlent en parfaite osmose, ils ont du temps et beaucoup de chemin à faire. En cet instant précis, je ne peux pas m’empêcher de penser que si ce garçon tombait sous les balles, tandis que sa copine est en train de fuir vers l’inconnu, ce serait un désastre. Mais non, tout va bien, ils sont ici, à Lourmarin. Quelque part sous des cieux moins cléments, il y a forcément des jeunes qui leur ressemblent.

La Jungle. Crédit photo : François Pirlouiiiit

 

Passée la douche au camping, nous fonçons une dernière fois vers Lourmarin : c’est l’heure du grand final. A peine garée la voiture, nous entendons au loin qu’un truc énorme est en train de jouer au Château, ça cogne et c’est bien, alors avec mon pote nous pressons le pas et lâchons les filles, putain de goujats, et nous commençons à courir, oui nous courrons parce que le temps presse et nous ne voulons pas manquer ça, et plus nous approchons plus nous distinguons que le batteur est bon, je me dis qu’il y a peut-être une chance que ce soit Ding Dong car je ne réfléchis pas, je fonce et mon copain aussi mais il doit encore récupérer son bracelet donc je le lâche à l’entrée, je montre mon pass et cours désormais seul dans la cour du Château, je monte les escaliers qui mènent à la grande scène mais je ne vois y jouer personne, que se passe-t-il donc, je demande à un festivalyeah tandis que le public est chauffé à blanc, il me répond que le groupe s’est installé au beau milieu de la foule, alors je trace comme un malade pour m’approcher puis distinguer enfin deux mecs mais je ne sais pas qui c’est, je demande à quelqu’un et il s’avère que c’est La Jungle, puis vais chercher une bière pour mon copain qui vient me rejoindre, putain on est aux anges et on n’est pas les seuls, ça pogote sévère autour de ces deux-là, une basse et une batterie, frénétique, c’est un peu du black metal et du math-rock et de la techno, on ne sait plus trop car ça va vite, très vite, ça joue fort, très fort, je suis cloué sur place tandis que c’est le chaos autour de moi, alors j’observe et je suis observé par un gars qui me salue mais je ne sais pas qui c’est, je vais à sa rencontre et il m’a confondu avec Benjamin Rippert, un musicien proche de Garnier venu présenter hier le duo Leone Jadis, après tout pourquoi pas, je pourrais être celui-ci, je pourrais être n’importe qui, je pourrais être un bobo parisien, je pourrais être un soldat ukrainien, ou même un russe qu’on a contraint, ou tiens je pourrais être… Madonna sauf qu’en fait non, elle a trop pris cher et sciemment, mais ce n’est pas grave puisque nous discutons, l’inconnu du moment gère une page Facebook où il collecte les playlists de Garnier donc je vous invite à la découvrir ici, car j’ai fait sa rencontre, c’est toujours ça de gagné puisque rien n’est perdu, ravi de t’avoir connu, et puis quelqu’un me tape dans le dos, pique mon chapeau, lui c’est un pote et pas des moindres, il a le sourire et m’assure que ça va, pourtant c’était pas gagné il y a quelques mois, on a tous connu des guerres, plus le temps passe et plus on y perd, someone, somewhere, y’a rien à faire, y’a rien à dire, La Jungle c’est d’enfer, Gonzaï les a fait jouer à Paris tout récemment, j’étais prévenu, suis pas déçu, les gens n’ont plus, c’est l’émeute et ça fait du bien de les voir ainsi, tout comme ce gars juste devant moi, une connaissance, un copain d’une copine, je ne sais rien de lui mais c’est un survivant, ça je le sais et lui ai serré la main aujourd’hui, sa poignée était franche car c’est un truc que l’on ressent, et il est là en train de sauter comme s’il était monté sur ressorts, c’est une image heureuse alors que ça mitraille sur la caisse claire et pétarade et vrombit sous un déluge de riffs… Fin des hostilités. Allons, buvons ! Trinquons à la victoire de ceux qui luttent pour que la joie perdure.

Crédit photo : François Pirlouiiiit

 

Le calme est revenu, l’ambiance est paisible. Des copines participent joyeusement à un « Karaokéchorale » organisé en interplateaux – principe de la chose : fredonner des airs électro naturellement sans paroles – et en reviennent avec des micros gonflables en plastique rose distribués pour l’occasion. On se les fait tourner pour raconter des conneries, tout le monde est à la cool, copains, festivalyeahs, bénévoles au bar… Ah oui : au bar, ils sont tous très sympa, elles sont toutes très sympa, et il y a une petite brune qui a l’air vraiment très sympa car elle n’arrête pas de danser tout en servant des bières, avec ses cheveux courts et son naturel dingue elle est tout à fait mon genre mais il faut la laisser bosser, renégat ! Respecte les gens qui travaillent en s’amusant ! C’est toujours mieux que de s’amuser en oubliant de faire son travail, cancrelat. Douce est la nuit qui tombe sur nous tous ici réunis : je m’adosse à une barrière et contemple le ballet des gens heureux, moment suspendu que vient idéalement prolonger le concert de Lucie Antunes. Je ne connaissais pas et c’est tant mieux comme ça, je la découvre comme tout un chacun ou presque, faut pas croire, les gens qui viennent ici ne sont pas forcément des spécialistes mais ils font confiance, et la prestation de la jeune femme – en trio et entourée de synthétiseurs et percussions en tous genres – s’avère sublime en cet instant, modèle de rêverie et de raffinement que viennent relever par endroits des rythmiques appuyées. Sa musique est assez indéfinissable, constamment en mouvement, ouverte aux quatre vents… et c’est souvent le propre des artistes les plus intéressants. Même en suspens, le temps passe décidément trop vite et le duo écossais Optimo s’installe bientôt aux platines pour clôturer. Sans trop m’avancer, il y a fort à parier que sa présence ici soit due à Garnier, parce que tout de même… c’est un choix aussi audacieux que totalement adéquat, une aubaine pour qui s’intéresse de près aux musiques électroniques (ou pas). Ces deux oiseaux de nuit, qui ne sont pas des perdreaux, jouent ensemble depuis 25 ans et se sont fait connaître en organisant les soirées du même nom au Sub Club de Glasgow, soirées qui voyaient se télescoper leur expérience du son « club » à l’anglaise avec de solides influences rock – bien avant que la hype ne s’empare de la collision entre ces deux mondes. Pour faire court : ils ont anticipé l’esthétique mash-up et hédoniste des 2 Many DJs (ici programmés lors de la dernière édition – pas de hasard) tout en restant viscéralement underground. Leur set ne va pas faillir à la règle : ça part dans toutes les directions, c’est pointu (tant mieux : nous sommes aussi là pour apprendre) mais suffisamment bien amené pour que le public s’y retrouve, entre classiques revisités (Depeche Mode) et pépites rares souvent puisées dans leurs différents labels (Optimo Music, Optimo Digital Dance Force, Optimo Selva Discos…). A la fin du set, Laurent Garnier monte sur scène et tombe dans les bras de ses deux copains Arthur et Nicolas – l’émotion est palpable, allez savoir pourquoi. Ce serait tellement plus simple si la musique, et les valeurs qu’elle porte, étaient au centre des débats. Pour les organisateurs, la fête va se poursuivre en famille, en petit comité, et pour les festivalyeahs… il est l’heure de rentrer. Nous quittons l’oasis : demain, il faudra se lever pour quitter le camping dans la matinée, puis reprendre une vie… normale ?

Sur le chemin du retour, sous le soleil du Midi, j’ai distingué deux gosses dans une piscine – ils jouaient comme des frères et sœurs le font. Idéalement, j’ai bien dit idéalement, j’aurais aimé partager ça avec eux, et puis leur dire un truc ou deux, taper dans l’eau de toutes mes forces, tout éclabousser, puis rire à gorge déployée, ignorer tout du monde et ses malheurs… Il est trop tôt pour qu’ils aient peur. Alors j’ai poursuivi mon chemin.

« Nous sommes des âmes encapsulées dans des corps que le hasard emporte. »

La 9e édition du YEAH! Festival se tenait du 3 au 5 juin à Lourmarin / www.festivalyeah.fr
photos : François Pirlouiiiit / liveinmarseille.com

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