Avez-vous déjà porté des caleçons sous un jean en été ? Cela vous a-t-il frotté l’entrecuisse au point d’en avoir des irritations et des rougeurs ? Oui, moi aussi. Le rock américain, dans 99% des cas, me donne la même impression de se frotter la six cordes trop près des amygdales. Et puis tous les six mois, comme par miracle, le facteur délivre une exception, un disque couillu qui baigne tranquille dans son jean déchiré, ses deux bonbons collés en première classe sans voisin ni devant ni derrière. Fergus & Geronimo, vous l’aurez compris, est de cette trempe. Amateurs de strings s’abstenir.

Il est troublant de constater comme parfois les disques qui n’inventent rien peuvent pourtant tout changer. Comment, dès la pochette, on parvient à se persuader que ces deux gaillards gras aux masques ridicules auront quelque chose à raconter, une histoire à balancer comme un jet de purée à la cantine. Le premier titre (Girls with english accents) embraye, on vient d’ouvrir l’album, directement balancé sur une grande autoroute américaine avec les sssssssstones dans le poste à cassette. C’est simplement indescriptible : Fergus & Geronimo est un duo capable du pire boucan mélodique, leurs chansons au croisement entre le n’importe quoi de Wayne’s World et les bouffées de narguilé sur le pas de la porte des seventies, version narco-gay du Beggars Banquet de qui vous savez. C’est à croire que les Texans portent leurs boots à hauteur du nombril, et qu’à force de trop tirer sur l’élastique Fergus & Geronimo n’ont plus vraiment de limites.

Unlearn comporte onze chansons, dont la moitié seront des tubes pour le rockeur attardé capable de mirer le plafond tous les soirs dans sa chambre de bonne payée par maman. Prenons l’exemple de Michael Kelly, quatre minutes qui fusionnent plusieurs genres d’électricité statique, le refrain suffisamment stupide pour être siffloté à poil dans le désert de Mojave, l’instrumentation assez puissante pour sortir du coma tout fan des Kings of Leon, le tout saupoudré d’un foutage de gueule à la Ween. Par éclaircies, quelques moments de sérieux (Baby don’t you cry), puis retour à la case départ avec du gringo delirium concocté à partir de plantes médicinales ; quiconque peut intituler une chanson Where the walls are made of grass gagne son pass VIP pour les chambres capitonnées – ou le devant de scène.

Une fois n’est pas coutume, pas de mensonge sur l’emballage, Unlearn est un OVNI qui ne se prend pas au sérieux ; et le doo-wop de clôture, tellement Ben E. King, de donner le dernier coup de pinceau à un tableau mal fignolé. Disque d’adolescents boutonneux passionnés par le coït impossible, bande-son d’un bal pour tétraplégiques amateurs de slows, une anomalie au pays des bisons, qui permet accessoirement de sécher ses larmes : Captain Cœur de Bœuf n’est pas mort, il vient de se réincarner en… on s’en fout en fait. Avec ce grand livre de méconnaissance juvénile qui se lit en braille, Fergus & Geronimo sont les nouveaux rois d’un pays peuplé de borgnes.

Fergus & Geronimo // Unlearn // PIAS
http://www.myspace.com/fergusgeronimo

5 commentaires

  1. Au Texas, doivent passer pour des gros cons de fumistes, punks et dégénérés. Ce groupe c’est de la bombe, j’adore, j’adhère, mes ventouses sont toutes collées. Merci Bester pour la découverte.

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