DM Stith, gueule d'ange cabossée, jouera à la Maroquinerie le 15 mai. L'occasion de vo

DM Stith, gueule d’ange cabossée, jouera à la Maroquinerie le 15 mai. L’occasion de vous faire gagner des places pour découvrir en live que Dieu a fait des petits. Ou quand un ersatz d’interview prend la forme d’une confession.

You cant depend on your family / You cant depend on your friends / You cant depend on a beginning / You cant depend on an end / Busload of faith to get by / You need a busload of faith to get by

Bien évidemment, ces paroles (saurez-vous retrouver l’auteur ?) s’appliquent invariablement à n’importe quel auteur new-yorkais, qu’il soit juif bi-sexuel, gros hermaphrodite ou maigrelet chrétien. La part de chance, dans la beauté d’une œuvre, peut bien se comparer aux bulles d’air qui s’engouffrent dans le béton qui coule.

Voilà plusieurs mois déjà, le premier album de DM Stith touchait terre dans l’indifférence générale. Je ne dis pas cela pour faire reluire mes pompes et encore moins pour attirer l’attention du chaland sur la beauté inconnue d’un album passée au travers dans la presse écrite. Certaines choses sont, et il est inutile d’en faire plus. Il en est de même pour DM Stith, tête de Mickey gonflée à l’hélium, tellement déconnecté de la réalité qu’il en oublierait que son premier album, Heavy Ghost, reste intouchable. Le chant des oiseaux côtoient l’ombre silencieuse, des cloches tintent sur le coin d’un piano, l’orchestre s’emballe, tango 1 2 3 jusqu’à la mort.

Lorsqu’il m’a fallu dérusher notre rencontre pour en sortir la moelle, j’ai tout d’abord repensé à mon trajet en métro jusqu’au point de rendez-vous, les correspondances et ces 2 minutes de bonheur répétées qui surviennent toujours au même moment, sur Around the lion legs. Un gospel pour les blancs, un chant contre l’apocalypse ou de la pop, c’est peu ou prou la même chose : une riposte bien contemporaine au rock brut de décoffrage. Un jour des armées de musiciens classiques partiront sans doute en guerre contre le perfecto, ils s’armeront de trombone et de cuivres, et à la manière des vieux soldats, perforeront la cuirasse des branleurs de manche. Je crois que je m’égare là. Mais à l’écoute de Curtain Speech, deuxième chanson du EP, j’ai comme un début de foi qui s’est dressé dans l’entrejambe.  

Et DM Stith, donc. L’histoire d’un new-yorkais qui voulait sonner comme Sonic Youth mais qui, à force de tripoter les pinceaux, décida de devenir professeur de design graphique. Un trentenaire qui pensa son premier album comme le mouvement des rideaux mis en scène par le vent et la force des beautés invisibles. La religion, il la voit à travers l’empathie, et le chansons de son EP, selon lui, sont des B-Sides qui groovent organiquement, tiennent debout toutes seules. Avouez qu’on passe beaucoup de temps à trouver des métaphores pour pas grand chose, mais quand vient l’heure d’expliquer rationnellement certains albums, les mots manquent. Tout simplement parce qu’il n’y a rien à dire. 

Aurait-il fallu relater l’ensemble des questions-réponses, vulgariser le propos et parler de ses mentors qu’il tutoie aisément tout au long de son premier essai ? Parler d’Anthony Hegarty (« Un jour, je lui ai serré la main ») ou de Shara Worden (leader de My Brightest Diamond, NDR) qui lui a prêté de super micros pour enregistrer son album ? Tout au plus Philip Glass, grosse influence, prend du relief dans la bouche du maigrelet aux oreilles décollées : « Glass, je l’ai découvert par hasard en Italie, il y a 8 ans, dans l’avion qui me ramenait aux States. Ne sachant pas ce que c’était, je l’ai enregistré sur un dictaphone, avec le bruit des réacteurs en fond, c’était une découverte incroyable».

En réécoutant la bande au casque, et comme parfois on délaisse une fille à moitié dénudée, la beauté des pistes m’a empêché de m’étendre davantage. Vers la fin de l’interview, j’ai le net souvenir d’avoir bloqué sur le mur mal crépi et les chaises de bureau 100% plastique. DM Stith disait pourtant des choses intéressantes et profondes (« Recording Heavy Ghost, I was trying to gather myself together ») qu’avec le recul, je peine encore à décrire. En sortant, j’ai claqué la porte, silencieusement, puis j’ai repris le métro ; les gens partaient travailler et parfois trouvaient des places assises pour assoupir leur s yeux à demi-réveillés. Une scène comme une autre, déclinable à l’infini. 

http://www.myspace.com/dmstith

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