Lorsqu’un mécène multimillionnaire rencontre un ancien ministre de la Culture, que les deux décident de se mettre à dos une partie de l’État français en faisant grincer les rouages d’un système rouillé, ça donne le projet de « La Royale », chantier pharaonique visant à transformer un palais d’État en Factory warholienne. Du suspense, une grosse campagne média et une table ronde pour tenter d’enfoncer des carrés dans des triangles, récit d’une histoire à la française. Et devine qui va tomber à l’eau ?

L’histoire commence par un mail à la fin juin, envoyé par une agence de communication. Le genre d’invitation qu’on ne refuse pas, même si le script s’avère un peu crypté :

« Bonjour. Avez-vous déjà entendu parler des différents projets d’avenir pour l’Hôtel de la Marine ? Situé place de la Concorde, ce bâtiment est aujourd’hui le siège de l’état-major de la Marine Nationale mais sera inoccupé à partir de 2014 et nécessite d’importants travaux de restauration. Alexandre Allard, mécène français, et Renaud Donnedieu de Vabres, ancien ministre de la Culture, se sont donc associés pour proposer une vision innovante, respectueuse et ambitieuse pensée pour valoriser ce lieu magnifique et historique, situé en plein cœur de Paris ».

Je relis le mail. Une fois, deux fois, plusieurs, cherchant dans un premier temps l’entourloupe, dans un second le sens du message : un hôtel inconnu au bataillon situé en plein centre de Paris, un entrepreneur et un politique main dans la main, un type affublé d’un pseudo sympa et d’une tête de chien, quel est donc le foutu lien entre toutes ces inconnues ?!
Pour ceux qui auraient raté le début du film, petit retour en arrière : la quarantaine épanouie, Alexandre Allard est l’un de ces rares Français à avoir fait fortune très jeune, sorte de Steve Jobs des 90’s ayant fait fructifier les anciens francs grâce à sa société (Consodata – NDR) spécialisée dans les bases de données. Pile poil avant l’éclatement de la bulle Internet, Allard – il a alors 30 ans – vend en 2000 sa boîte aux Italiens (Telecom Italia) et devient tout simplement riche, à ne plus savoir qu’en faire. Lorsque le succès, et par extension l’argent, vous touchent si jeune, la vie doit rapidement devenir morne, pour peu qu’on n’ait pas de challenge à la hauteur de son carnet de chèques. C’est en ces termes, pour résumer, qu’Alexandre Allard décida, au milieu des 2000’s, d’investir dans la pierre, autant gage de sécurité que de postérité, pour peu qu’on sache bien les poser. En 2007, le thirty something se décide ainsi à racheter le Royal Monceau pour le détruire – la célèbre Destruction Party – avant de le revendre à un fond immobilier du Qatar. Puis de se faire secouer, comme un cochon en porcelaine, par Jean Nouvel pour relancer une revue d’architecture (L’architecture d’Aujourd’hui, AA pour les intimes) la même année.

De l’autre côté, Renaud Donnedieu de Vabres – dit Renaud par gain de temps – fut jadis ministre de la culture (2004-2007), en charge d’un conflit bien médiatisé contre les intermittents du spectacle, avec à son palmarès la réouverture du Grand Palais au public pour des événements qui font toujours salle comble les premiers dimanches du mois et puis, caché sous un tapis parce que défendu par un élu socialiste, l’échec du 104 qui reste encore aujourd’hui une annexe à graphistes, un parking d’intermittents sans intérêt. On résume : mon premier est un entrepreneur téméraire prêt à casser des murs, mon second un homme de coulisses et de réseaux et mon tout se prénomme La Royale, projet coûteux visant à transformer le bâtiment encore occupé par le haut commandement de la Marine en centre culturel privé mais accessible au public. Mais avant d’aller plus loin dans la story, je finis la lecture du mail-invitation :

« Alors que Valéry Giscard d’Estaing s’apprête à rendre publiques les conclusions de la commission d’experts qu’il dirige et qui se réunissent pour réfléchir au devenir de l’Hôtel de la Marine, ils vous invitent à venir les rencontrer lors d’une table ronde thématique en petit comité le mardi 28 juin à 20h dans les locaux du groupe Allard. A cette occasion, vous pourrez, si vous le souhaitez, échanger librement avec eux et leur poser toutes les questions que vous désirerez. »

Pour résumer, Alexandre et Renaud ont décidé de se mettre sur les rangs pour rénover un bâtiment prestigieux, aux frais d’Allard[1], et ainsi transformer ce monument historique[2] situé près de la rue Royale en centre de création pour artistes triés sur le volet. Face à nos gars de la Marine – Alex et Renaud, des dizaines de personnes hautes placées réfractaires au lifting, à commencer par les autres gars de la Marine – les fonctionnaires du bâtiment, peu adeptes des déménagements – mais également Frédéric Mitterrand ainsi qu’une partie de l’administration. Ca sent le règlement de comptes au Far-West. Faut dire qu’un mécène privé à l’assaut d’un bâtiment public, ça fait toujours grincer les dentiers.

Campagne de dénigrement dans les médias, volte-face du gouvernement Sarkozy sur la décision finale et le tout dirigé par un octogénaire – Valery Giscard d’Estaing – plus vraiment hip, la bataille pour la Royale s’annonce donc rude. Et tout cela mérite bien, pour faire pencher le navire, une belle campagne de communication, voire de lobbying, dans les sphères privées. Ne me demandez pas ce que je fous là, j’avoue encore ne pas avoir très bien compris mon rôle dans ce trafic d’influents. Je me décide pourtant à y aller, pris au jeu et curieux d’en savoir plus, autant sur le projet que sur Alexandre Allard, sorte de Citizen Kane à la française chez qui on devine le besoin de rendre à la culture ce qu’il a tant pris aux marchés, cette envie de se faire pardonner d’avoir tant gagné trop tôt dans l’immatériel en réinvestissant dans l’intemporel.

Ce mardi soir, avenue Hoche, tous les autres invités de la table ronde semblent avoir fait le déplacement. On y trouve «  l’un des plus grands bloggeurs de France » (Baptiste Roynette : 31.000 followers sur Twitter, ça semble être marqué sur son front comme un CV), le directeur de l’agence de com’ Vanksen, également chroniqueur sur France Inter et Europe 1 (« 11.5000 followers sur Twitter », me précise-t-on), un galeriste (Jérôme Nivet-Carzon, http://nivet-carzon.com), une critique d’art (Alexandra Fau), Léa Lejeune (journaliste à L’Expansion et Causette), bref un petit milieu ce soir réuni en tailleur pour se laisser convaincre. Et moi au milieu, qui cherche encore à comprendre la raison de ma présence, quand bien même à force de pester contre la fin de l’underground parisien je m’intéresse à ce qui pourrait changer, en dehors des squats autogérés et des initiatives indie sans lendemain. A vrai dire, je ne suis pas le seul à m’interroger sur ma présence. Tous, sans exception, semblent peu au fait du dossier de la Royale. Comme si les contours du projet étaient encore trop flous pour qu’on en distingue encore l’intérieur. En patientant dans le hall, j’apprends d’ailleurs officieusement que « les recommandations de VGE et de sa commission d’experts, tout le monde s’en fout un peu (…) disons que La Royale pourrait voir le jour même s’ils sont contre, c’est un simple avis consultatif ». Au prix de la consultation, je me demande à quoi servent tout ces gens, s’ils n’ont même pas le pouvoir d’interdire.

20.15 : la bande des prescripteurs et moi-même entrons dans le bureau d’Alexandre Allard. Un vaste endroit qui sent la cigarette mal éteinte avec des Basquiat accrochés aux murs, des créations portugaises qui ressemblent à des écharpes boliviennes et plusieurs dossiers de présentation soigneusement rangées dans de jolis sacs en papier. Pour servir son projet, le groupe Allard a fait les choses en grand, et son patron semble visiblement détendu, invitant chacun à s’asseoir pour en apprendre plus sur le projet. Silence de plomb. Début du monologue.

Loin de moi l’idée de chercher à lustrer le cuir des puissants, toujours est-il qu’il faut bien rendre à César ce qui lui appartient : l’envie de conquête. Conçu comme un centre de création qui ferait rayonner la capitale – et donc la France – sur la carte culturelle, le projet de La Royale a, sur le papier, de quoi séduire. 5440 m2 de surface divisés en 553 pièces, voilà de quoi faire fantasmer les membres du collectif Jeudi Noir. Sauf que le flibustier du jour se prénomme Alexandre Allard, que son projet à vocation à rendre le monument aux Français, en filiation avec ce que fut l’Hôtel de la Marine à ses débuts, mais aussi à « recréer les conditions d’une effervescence artistique en offrant une place à tous les artisans d’Art, à tous les corps de métiers ». Et Allard d’imaginer candidement l’endroit transformé en Factory, un lieu de création où les artistes pourraient rencontrer leurs commanditaires, les musiciens enregistrer dans des studios mis à disposition et les cinéphiles avoir accès à des avant-premières au sous-sol. « Un lieu non subventionné où l’on pourrait croiser Xavier Veilhan, Sébastien Tellier, Vincent Cassel et Pierre Soulages, tu parles d’une innovation » me suis-je dit silencieusement, enfoncé dans le cuir ma foi fort confortable. Silence de plomb bis. Je m’aventure à une première question :

Moi : Bon okay, ça semble super tout ça. Mais si je comprends bien, le projet sera intégralement financé par des fonds privés et vous allez perdre des millions d’euros si La Royale voit le jour. Quel est donc l’intérêt du groupe Allard à perdre tant d’énergie sur un projet aussi casse-gueule ?

Alexandre Allard : « Il se trouve qu’aujourd’hui les caisses de l’État sont vides, qu’il n’a plus les moyens de monter des projets d’une telle envergure, cela me semblait donc logique d’apporter mon aide et celle de mon groupe afin que la France redore son blason culturel au niveau international, que ce pays retrouve enfin la place qui est la sienne, qu’il redevienne le carrefour de la création internationale dans un lieu de rencontres. Quand je suis parti de France, j’étais taxé à euh, près de 70% sur ma fortune (…) et maintenant que je suis revenu, je veux rendre à ce pays ce qu’il m’a donné, m’investir sur un projet qui me tient à cœur et qui, je le répète, ne coûtera pas un sous au contribuable ».

Cahin-caha, l’argumentaire se tient. Tellement bien qu’on retrouve chez Allard la même gouaille que chez le Bernard Tapie des dix glorieuses, bellâtre conquérant des 80’s qui finira par se casser les dents sur son ambition politique. Le parallèle est intéressant, on retrouve les mêmes réticences du cénacle, ce même désir de briser l’élan privé – vendu au KKKapital, comme chacun sait – de l’entrepreneur dès qu’il a les dents trop longues. Un combat perdu d’avance, forcément, pour ces riches inconnus en quête d’une pauvre renommée. Et la Royale, forcément, de prendre l’eau. De tanguer du moins, entre les supporters de la première heure – Jean Nouvel en tête, toujours dans les bons coups – et les critiques cités plus haut qui taclent en coulisse.
Persuadé que son seul nom ne parviendrait pas à emporter l’adhésion, le mécène a donc recruté l’ancien ministre de la Culture, Renaud. Décrit comme un « partenaire » de cœur d’Allard sur le noble projet, Donnedieu de Vabres est surtout le conseiller du businessman depuis 2009[3], préposé à toutes les questions stratégiques relatives à la culture et au développement. Une alliance inattendue et pourtant pas surprenante, une main de fer dans un gant de velours. Un pacte entre le visionnaire et le négociateur.

La discussion continue, les arguments-choc s’empilent sur la table, l’audience toujours aussi discrète, les soi-disant prescripteurs transformés en moutons de Panurge, bien heureux d’assister au show sans avoir à gaspiller leur salive. Tel journaliste envoie ses mails, tel autre des textos, les autres hésitent à se mouiller un peu autrement qu’en diffusant des tweets à leurs nombreux followers. Tant de fainéantise, c’est finalement plus édifiant que tout le reste, je reste pantois devant tant de mutisme et de précaution. Et tant qu’à être là, autant poser mes questions.
Car on devine quelques fissures dans l’organisation du building. Qui dit financement privé dit forcément privatisation, et donc accès restreint aux « petits » artistes, porte ouverte au clientélisme et à la consanguinité, dans un hôtel de la Marine qui ressemblerait dès lors à une Factory pour VIP. La réponse de Renaud, droit dans les yeux, n’est pas très convaincante : « il y aura des comités de sélection, des gardiens qui s’assureront du renouvellement des artistes dans les ateliers ». Oui, mais qui jouera ce rôle-là ? Vous, Allard ? Silence. Et Allard de poursuivre : « Chaque artiste présent à la Royale disposera d’un bail annuel, et le tout fonctionnera sur la cooptation, car nous estimons qu’il n’y a pas meilleures personnes que les artistes pour désigner les entrants et les sortants ». Une espèce de confrérie pour j(a)uger du travail de chacun, et ainsi assurer une régulation artistique au sein d’un bâtiment. Et le mécène de s’emballer, avec des diodes plein les yeux : « Nan mais ce serait quand même génial d’avoir Prince en résidence, enregistrant son nouveau disque, ou le nouveau Basquiat en pleine création, vous trouvez pas ? ». On aimerait y croire, mais on pense surtout aux heureux élus bien contents de serrer la paluche des acheteurs, sans oublier tous les artistes sans réseau qui resteront à l’extérieur. J’embraye sur un petit croc-en-jambe : « finalement, c’est un peu ce que le 104 n’a jamais réussi à être, n’est-ce pas ? ». Sourire gêné. Quelle drôle de ville, quand même. On passe son temps à se plaindre que rien ne bouge, et dès qu’une pierre se pose, c’est le branle-bas de combat. La carte et le territoire, ce n’est pas qu’un roman ; la relation complexe du personnage de Houellebecq aux marchands d’art ici transposée sur un terrain de jeu grandeur nature.

La table ronde touche à sa fin, le temps de poser une dernière question : si le dossier est validé, quand la Royale sera-t-elle sur pieds ? « Vu que la Marine plie bagage en 2014, on vise 2017… si tout se passe bien ». Six ans pour voir le bâtiment changer de peau, soit un autre quinquennat, autrement dit : une éternité. « Tout ça pour ça », ai-je envie de dire. Louable ou pas, ambitieux ou mercantile (ou les deux peut-être), La Royale n’a pas bonne presse au pays des musées. A quelques jours du verdict de Valéry Giscard et ses déambulateurs sur l’avenir réservé à l’Hôtel de la Marine, on se dit qu’il faudra bien plus qu’une campagne de lobbying pour extirper le centre culturel de son beau papier glacé. Etre mécène en France, c’est tout un art ; c’est surtout savoir pratiquer la course de fond avec les pieds vissés dans le marbre.

http://www.la-royale.fr


[1] On parle de 200 millions d’euros, potentiellement injectés par le groupe Allard.

[2] Construit en 1774, L’Hôtel de la Marine abrita pendant 20 ans le garde-meuble de la Couronne, avant d’être dévasté par les émeutes de 1789. Depuis, c’est un placard à fonctionnaires qui prennent la poussière, comme les meubles.

[3] Mais aussi Secrétaire national chargé de la Culture à l’UMP. Forcément, ça ouvre des portes.

16 commentaires

  1. le titre de cet article est vraiment très réussi mon cher
    la royale est vraiment un nom d’une stupidité affligeante, t’as bien du te poiler,
    Il y avait un power point 3.0 avec image de synthèse et tout le bordel ? la collation était à la hauteur ? tu étais bien assis ? c’est important …
    bon sinon la cooptation entre artistes signifie qu’il va y avoir une cour d’enfoirés qui vont se faire allègrement sucer pour laisser leur place pour mieux la reprendre… une exercice de consanguins dont l’art contemporain est devenu le mètre étalon ( cher william burren un avis su la question?)
    J’ai bon si je dis : Ah ben oui mais n’est pas warhol qui veut et de toute façon à part le velvet et lui, on ne peut pas vraiment dire que la carrière de Billy Name, de Gérard Malanga ou de Candy Darling soient des références … ( bon il y a paul Morrissey à la limite)

  2. C’est vrai qu’avec un Palais de Tokyo qui tourne au ralenti, et un 104 qui organise des bals musette… Paris (cherche?) attend son lieu de création.

    Mais pour autant, ont Prince et Soulages besoin de ce genre d’endroit?

    Ca sent le mec intéressé par la coquille et pas ce qu’il va mettre dedans.

    Il cite la Faktory. Mais la Faktory s’est faite autour d’un artiste, sur un mode informel: « j’aide untel, je fais des bisous à Frédéric Mitterand ».

    Où est l’artiste là? L’animateur.

    Soulages, à Branly, ils monté la boîte à crânes et il a foutu le camp.

    Là, le Allard il va foutre le pognon, Nouvel va faire les peintures et Johnny de venir chanter?

    Franchement, ça me fait marrer les histoires de résidences d’artiste. J’ai eu deux ans le bonheur de peindre dans un wagon de le SNCF, malgré tous les courriers possibles, alors même que je suis exposé, et que sauver mon atelier n’aurait rien coûté j’ai été incapable de sauver mon pauvre wagon. Aujourd’hui scellé et rempli de poubelles.

    C’est grand projet c’est du flan.

    Pour aider les artistes ce mec:
    1/ n’a qu’à construire des ateliers dans Paris (ils sont vendus à des bobos qui en font des habitations).
    2/ les mettre à disposition sur concours, et au petit bonheur la chance.

    Y a pas besoin d’hôtel particulier pour ça. D’ailleurs les hôtel anciens sont peu adaptés pour bricoler. Il faut des hangars, des verrières, de grands murs, blancs. Des lieux neutres.

    Là le mec fait sa com, regarder, je vais fusionner le XVIIème siècle et Andy War-hole (Le Palais de Tokyo devait fusionner 1937 et de jeunes artistes, aujourd’hui Beigbeder y lance des fanzines, cf Zeitgeist).

    On veut aider l’art, on me fait un chèeque!

  3. Je crois que c’est tout de même à la fois plus simple et plus complexe. Et puis c’est tout de même moi qui les ai lancé sur la comparaison avec la Factory, soyons honnête.

    Je maintiens que l’idée du projet est intéressant, ça permettrait de sortir du sentier des salles subventionnées, quand on voit l’échec des SMAC en province, ou du 104 à Paris, bon… on se dit que tant qu’à faire, pourquoi pas essayer un modèle anglo-saxon. Le problème dans telle situation, c’est surtout de choisir un bon garde-fou pour tenir le business éloigné de la création, et là c’est pas (encore) gagné.
    Soit on opte pour du DYI à tous les étages et ça donne un résultat à la Myspace, un tube autogéré avec un bal de médiocres, soit c’est l’inverse et c’est la porte ouverte à tous les Jeff Koons de seconde zone. Ce qui me choque, plus que le reste, c’est vraiment l’inertie française. Après tout, il n’y a pas d »intérêt stratégique à laisser ce tas de pierres aux mains du secteur public.

  4. Cet article ne donne même pas envie d’être commenté tellement ce projet est bête. Tout ce fric foutu en l’air pour concurrencer des structures existantes utilisées au minima de leur potentiel, ça fout la gerbe. 104, Gaieté Lyrique et compagnie, tous ces lieux qui ont tendance à phagocyter l’intérêt même de l’art par leur grandiloquence et leur inadaptation à l’essence de la culture, la proximité et la rencontre des gens. C’est bon faut qu’il se calme le Allard, les artistes c’est toi, c’est moi, ce clodo qui murmure quelques borborygmes psychés dans un rade du 18e nord. Mais lui il veut un artiste à son image, that’s the point : le fait du prince. Ce qu’il ne sait pas c’est qu’en pensant revitaliser la culture française, il ne fait qu’aller dans le sens de la transformation de l’artiste en présentoir de comptoir Veuve-Cliquot, en branleur de salon gavé aux petits fours seulement capable de produire ce que lui inspire les lieux qui le fécondent : le néant. Encore un super débat franco-français en perspective…

  5. Hop hop hop, la Gaité Lyrique est un contre-exemple, pour l’instant leurs programmations sont vraiment à la hauteur, du moins musicalement (les pros diront pour le reste) et c’est vraiment à souligner.

  6. Le genre d’endroit où tu fous un clodo, même que le gars y se transforme en grande folle moderniste totalement addict au pinot capable de critiquer une oeuvre de Ernst sur fonds d’éléctro-clash apocalyptique en se gaussant des présupposées valeurs digestives de la terrine de phoque à la morille.
    Ah ouais et pourquoi pas en faire une grande maison du vagabondage artistique, un vrai truc de random players capables de mettre KO Prince en moins de temps qu’il ne faut à Thierry Théolier pour monter une teuf de rue avec 3 boîtes de conserves et un capodastre (ou créer un « méta »-blog).

  7. Yep Bester, mais on peut pas nier que ce soit légèrement sous-exploité tout ça compte-tenu de l’espace et de son coût dans notre chère capitale.

  8. Mec, c’est quoi cette histoire de fiasco des SMAC en province ? ‘Tain, y en a qui marche du tonnerre avec des progs de ouf, nom d’un ampli 10 000 watts ! Après tu causais peut-être de qqchose en particulier dans leur fonctionnement…

  9. (merde, c’est le moment où cette discussion va devenir interminable)

    Les SMAC, ça mériterait un papier de fond par un vrai spécialiste, je ne pense pas être cette personne, du moins pas avec des arguments à l’emporte pièce laissés dans un commentaire.

  10. « On aimerait y croire, mais on pense surtout aux heureux élus bien contents de serrer la paluche des acheteurs, sans oublier tous les artistes sans réseau qui resteront à l’extérieur. »
    La quintessence de ton excellent article est dit dans cette phrase. La problématique est à la foi simple et complexe : une offre artistique pléthorique, une demande qui absorbe seulement une partie! Comment faire alors? La seule solution ou début de solution c’est d’élever les consciences bien en amont, dès la source, presque au biberon, peut être un gonzaï-junior un jour? ou mieux un bib’onzaï?, faire enfin comprendre à quoi sert la culture et torpiller le cou à l’élitisme en laissant chacun aimer sa culture. Après, la politique culturelle de l’état chacun peut la sabrer, elle a juste son petit mérite de ne pas être inexistante, c’est l’excellence et la neo-intelligentsia qui la gangrène. Pour les SMAC tout du moins pour certaines régions ce que tu dis est hélas vrai. Tu as ouvert tous les robinets…et ces canaux pourraient faire des rivières de posts! A+ en basse Région chez les vains-cu(l)s

  11. Il y avait eu un papier intéressant dans Gonzaï justement sur un squat artistique parisien pas mal, non?

    Pourquoi Allard il s’en va gaiment déterre un ministre et ne s’associe pas à ce genre de petits jeunes?

    Et puis j’en reviens aux locaux. Faire un art ambitieux sous plafond peint classé, et sans abîmer les dorures… Ce sera chaud.

    Bref, donne oim le 06 d’Allard, je vais lui expliquer des trucs.

  12. Ouep son discours sent quand même la quiche réchauffée.
    Je suis prêt à mettre ma main à couper que la gars a autre chose en tête : la maginifique conjonction « spectaculaire-marchande » (ah!) entre l’art et le luxe ( PInault, Palais de Tok, les foires diverses Fiac, Frieze, etc).
    Ce truc qui attire l’entreprise, ou plutôt au sein des boites les espèces de créatifs pubarbs chargés de créer des évènements. Et qui ensuite permet d’inviter ses clients, leurs boniches, le tout sans cravate dans une ambiance dynamique et impertinentr à la fois… Mais tout ça dans un cadre pas trop craignos (Concorde) parceque quand même…

    Et c’est pas une histoire de public-privé, parceque dans une certaine mesure le Palais de Tok (public) fait exactement la même : créer de l’évènement marketing cultureux.

    Une question reste posée : qui diable à penser à toi pour venir couvrir ce truc là ?

  13. Oui les SMAC, voila un sujet intéressant. Si nous n’étions pas en public, je vous expliquerais bien ce que j’en ferais moi, des SMAC.

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