Voyage au bout de la chair
Je me suis alors composé un dogme sur mesure : dorénavant, mes seules occupations seraient de traîner dans la rue, boire du gin, manger et dormir le moins possible, aller voir des matchs de boxe autant que je le souhaiterais et faire des photos lorsque mon corps me le commanderait. J’inaugurai un journal photographique tragiquement intitulé Une forme vide dans la ville, auquel je me consacrais partout et à toute heure. Je photographiais tout ce qui attirait mon attention, la tension de la ville et ses flux voraces, du mouvement et de la proximité, des ombres, bref, toutes les choses avec lesquelles j’entrais en contact, sans mise au point, sans cadrage, sans réel but précis. Une chasse photographique.