Parce que démonter le présent reste un sacré pari sur l'avenir. A l'heure du droit d'inventaire, en marge des bilans d'une décennie qu'on n'a pas bien compris, plutôt que de s'épancher sur des l

Parce que démonter le présent reste un sacré pari sur l’avenir. A l’heure du droit d’inventaire, en marge des bilans d’une décennie qu’on n’a pas bien compris, plutôt que de s’épancher sur des listes aussi grosses que Jackie Sardou et Carlos, Gonzaï s’arrête l’espace de quelques instants sur le pire des 2000’s. Objets stupides, groupes éphémères, modes improbables et croyances absurdes, Gonzaï brule dix ans de vide rétro-futurisme, toutes les semaines et jusqu’au premier janvier 2010. Cette semaine, Ursula parle du MP… du MP quoi déja?

Les années 00 ont vu pousser des myriades de princesses Leïa casquées, dans les bus, sur les trottoirs, arrimées à leur baladeur MP3. Le sillon est devenu laser puis octet. Musique partout, tout le temps, en individualiste s’ostracisant volontairement du monde.

Avant ca, j’ai dragué sur la toile des inconnus dont le physique photoshopé n’avait plus grand-chose d’humain, j’ai « poké » des « friends » que je n’avais pas encore rencontré. Parfois le soir je faisais un raid avec des trolls pour défoncer un donjon. Bref la virtualité a grignoté progressivement ma réalité. L’écran est devenu ma fenêtre sur le monde. Pourquoi pas finalement, il faut bien vivre avec son temps. Là où l’inquiétude vrombit, c’est quand mes oreilles font aussi le grand saut vers le digital. Dans l’ordre des choses, le vieux walkman s’est fait dégager par la technologie Pod.

Problème, ce support moderne phagocyte les autres modes d’écoute. A la maison, on branche son MP3 sur son ampli. Chez des amis, on lance une playlist Deezer. Finies les quelques secondes de crépitement de la galette noire en contact avec le saphir. Finie l’invasion sonore de chaque miette de l’espace par une musique ample qui diffuse ses notes au large. On se prostre désormais autour de son ordi comme des mohicans autour d’un feu de camp pour prêter l’oreille à une mélasse uniformisée.

La musique compressée altère, détruit les fines variations, l’acoustique du lieu d’enregistrement, pour ne rendre que la couche de surface. En supprimant les sons que l’on n’entendait pas, le MP3 fait du gain de stockage la qualité primordiale. Toujours plus, de musique ou de son ? On pèse sa musique comme un vulgaire kilo de pommes de terre (« J’ai 6Go de ziq ! »). Du coup, le zapping musical est devenu un sport international:

« Et celle là, tu la connais ? »

Autre victime collatérale de cet engouement virtuel, la pochette (déjà salement réduite à sa part congrue avec le cd) devient invisible, inexistante. Art visuel qui a sauté dans le train avec le pop art et la commercialisation grand format des 60′, il a offert des pages vierges à de nombreux artistes. Andy Warhol et sa banane pour le Velvet, Robert Crumb pour Big Brother & the Holding Company, Robert Mapplethorpe pour le Horse de Patti Smith, Anton Corbijn pour Depeche Mode…

La mode de « télécharger plus pour écouter plus » a progressivement raison de nos esgourdes. On linéarise la musique là où elle devrait être profusion de nuances. On fait des sauts de puce d’un artiste à l’autre, d’un tube à l’autre, sans profondeur et la curiosité en berne. Notre œil se contente d’une pastille colorée de 2cm dans un programme déroulant faisant office de visuel album. Si la démocratisation quantitative de la musique doit se faire sur la destruction qualitative, alors antidémocrate je deviens et révolutionnaire, je m’arme…en silence.

15 commentaires

  1. « La musique compressée altère, détruit les fines variations », chez Beethoven c’est gênant, pour le Velvet, Janis Joplin et Patti Smith ça l’est moins. Il faut l’admettre.  »

    Je suis tellement complètement en désaccord avec cette phrase que je ne sais pas par où commencer.
    D’ailleurs Jacques, si tu n’écoutes que des mp3, je ne vois pas trop sur quoi tu bases cet argument.

  2. Tout dépend évidemment de ce qu’on entend par « fines variations ».

    En gros.

    Orchestre symphonique : plus de 50 musiciens.
    Groupe de rock de base : disons une moyenne de 5 musiciens.
    Question : Laquelle de ces deux formations musicales produit-elle le plus de « fines variations » ?

    Si je n’écoutais QUE des mp3 je n’aurais rien à faire dans ce débat. C’est sous ce format que je consomme le plus de musique à l’heure actuelle, ce qui ne m’empêche pas de contribuer au chiffre d’affaire d’Amazon, d’avoir un papa à la discothèque bien remplie, avec les Cheap Tricks et les Horses et les Loaded de rigueur. Il s’agit de l’idée (hautement contestable) que le monde des mélomanes se divise en deux catégories. Ceux qui écoutent la musique les oreilles ouvertes et s’épanouissent dans les accords de mineure septième, et ceux qui l’écoutent les yeux fermés, se contrefoutent du solfège et s’évadent en trois accords.
    J’appartiens à la seconde, et je suis convaincu qu’une qualité sonore contestable n’altère en rien le voyage que procure un bon album (de rock en l’occurrence).

    D’ailleurs je constate dans le fil des commentaires et dans l’article qu’il n’est nulle part fait allusion au SACD, qui est pourtant censé être le format sonore suprême. Non. On parle de vinyl. Allez savoir pourquoi.

    Tout ça pour dire que selon moi, si l’on cite Janis Joplin, le Velvet ou Patti Smith, un ghetto blaster ou un iPod font l’affaire. J’ai donc beaucoup de mal à accepter l’argument de la qualité sonore quand on parle de rock.

  3. Je ne suis toujours pas d’accord. Peu importe le nombre de musiciens, il y a autant de fines variations dans une sonate de Beethoven que dans une symphonie.
    Il y aussi des fines variations dans le Velvet : la preuve, plusieurs mixes différents ont été mis sur le marché. Evidemment en mp3 on n’entend pas la différence.
    Quant au solfège, eh bien je ne vois pas le rapport.

    Bien entendu, un iPod « fait l’affaire »… et quand on a faim, un McDo « fait l’affaire »… Mais on a quand même le droit de préférer une bonne entrecôte.

  4. Je crois qu’on ne tombera jamais d’accord concernant le 1er paragraphe. J’y verrais presque de la mauvaise foi.

    Sur la métaphore gastronomique, franchement, le rock : entrecôte ou McDo ?
    Je crois que tu essaies de manger un Big Mac avec des couverts.
    Je clos le débat. On n’est pas d’accord, tu ne signes pas tes posts et tu frôles la condescendance.

  5. @noodle : tout à fait d’accord avec toi : cet article est un peu con car un peu déterministe à deux balles sur nos modes d’écoutes. Et le coup du snobisme parce que le vinyle fait Vintage : ridicule.

  6. vive les cassettes! (pour ceux qui ont gardé leur platine ou leur meilleur poste) ça prend pas beaucoup de place, c’est un poil compressé et ça bouffe autant d’energie qu’un mp3

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