Dure semaine pour les accrocs de la nécro. Trois de chute. En cette semaine de bac, trois icônes du passé passent l’examen final avant d’«entrer dans la légende». MTV perd sa plus gr

Dure semaine pour les accrocs de la nécro. Trois de chute. En cette semaine de bac, trois icônes du passé passent l’examen final avant d’«entrer dans la légende». MTV perd sa plus grande marionnette interraciale tandis que la pop est orpheline de l’homme à qui l’on doit Can’t Seem To Make You Mine (ce qui, soyons honnêtes, vaut tous les Heal the World de la création). Et puis, quelque part entre ces deux monstres, Farah Fawcett part sur la pointe des pieds.

Farah Fawcett. Pas de mon époque. Pourtant, j’ai l’impression d’avoir toujours su qui se cachait derrière cet intriguant patronyme. Les discussions des adultes quant à leurs souvenirs télévisuels, That 70’s Show…un nom comme un autre, qui ne renvoie pas d’image précise mais s’imprime dans mon inconscient adolescent comme un rapide graffiti sur un austère mur de briques. Mais il faut que je sache. Pourquoi l’a-t’on retenue, elle ? Au point d’atteindre mon encéphale d’autre millénaire d’un jet de pisse nostalgique.

Alors, réflexe d’époque: Google. En deux clics et trois minutes, c’est une vie d’absorbée; quelle loose. Née en plein cœur de la Christian Belt, à Corpus Christi au Texas. Farah devient rapidement l’odieuse pétasse type teenage movie, celle qui gagne les concours de beauté et tient des rôles mineurs dans des programmes à trois balles avant d’avoir vingt ans. Puis en 1976, se voit confier l’un des premiers rôles de ce qui lui vaudra la renommée éternelle, la série Charlie’s AngelsLes Drôles de Dames, pour nous Français. Succès, gloire, louanges et tout le toutim. Sûre de sa renommée, elle largue ses collègues de travail après une seule saison pour tenter le grand saut cathodique. Manque de bol, son parachute était troué. Elle enchaîne les bides au cinéma pendant que les anges déchaînés de l’invisible Charlie cartonnent encore quelques saisons. Mariée à Lee Majors (l’homme qui a valu trois milliards une décennie avant de tomber à pic sur la suivante), elle passe du statut d’icône glamour indépendante à celui de greluche faire-valoir de Monsieur. La suite est plus que classique : divorce, come-back foireux, cancer du colon, mort éclipsée par celle d’une star bien plus populaire. Plouf.

Ces mots n’ont rien expliqué. Tout embrouillé, même. C’est ça Farah Fawcett ? Une semi-actrice qui a enchaîné les choix désastreux, une tête de turc pour divinités arméniennes ? Quelle bande d’escrocs ces enfoirés du musée des icônes, heureusement que l’entrée était gratuite, putain. J’espère au moins qu’elle était mignonne.

Autre réflexe d’époque, version imagée. Dailymotion. Le pitch de Charlie’s Angels s’ingurgite aussi rapidement qu’un cacheton contre la fièvre. Trois agents secrètes hyper-entraînées au service d’un dénommé Charlie. Merci Aaron Spelling d’épargner nos neurones, si vous pouviez passer un coup de fil aux scénaristes de Lost qui doivent être en pleine séance de physique quantique sous café-coke-amphés. Sauf que, innovation 70’s, ces trois agents ne sont pas des modèles de réussite préfabriqués pour sociétés fascistes mais des jeunes filles belles comme le vent et libres comme l’air. Je vous laisse imaginer tout ce que leurs positions d’agents secrètes les amènent à faire. Ajoutez à cela quelques tenues légères, et vous obtenez la combinaison parfaite pour un succès adolescent. Les drôles de dames impressionnent les filles et retiennent l’attention, essentiellement visuelle, des garçons.

Trois décennies plus loin, derrière mon laptop, je réalise et trace des parallèles à travers l’espace-temps. J’additionne les trois drôles de dames en une seule fille, remplace les gangsters et dealers par des créatures étranges, fait tomber la nuit sur ma mixture. Facile. Sarah Michelle Gellar troque couettes symétriques et sucettes espiègles contre pieux et coups de lattes. Blondinette plus qu’agréable à regarder, habile de ses quatre membres, elle est notre Farah Fawcett. Me reviennent alors ces fins d’après-midi, après les cours. Buffy gesticule et se frotte à des vampires carton-pâte et me scotche au canapé. Incapable de bouger, j’ai oublié le problème originel de Buffy, oublié les devoirs qui m’attendent. C’est mal filmé, mal interprété et ça ne dure que quelques minutes. Mais ces images me resteront jusqu’au prochain épisode.

Maintenant, je sais. Farah Fawcett, ce n’est pas une actrice. Pas vraiment un fantasme non plus. Farah Fawcett, c’est une image éphémère que certains garderont toujours dans leur mausolée émotionnel. Bien au chaud à l’intérieur, à l’abri du souffle glacial de la réalité.

Illustration: Terreur Graphique

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