Dans un monde parallèle sans distanciation physique ni chemises repassées, deux gus littéralement vomis par un tube cathodique de télé des années 90 ont cambriolé le dessing des héros de Dumb & Dumber pour créer des mixs étranges dans la cave en appuyant de façon aléatoire sur les boutons clignotants des synthés. Figurez-vous que ce monde existe et qu’il suffit de traverser la frontière pour écouter le boulot du duo Asa Moto, auteur d’un nouvel EP chez Deewee, le label gantois de Soulwax.

Au début des années 2010, tout le monde rêvait de posséder une imprimante 3D pour construire n’importe quoi facilement à la maison. Trop lourd, trop cher, trop compliqué ; le grand miracle technologique n’a pas eu lieu, mais YouTube a fait le reste. En ingurgitant tous les codes esthétiques des décennies passées (la nuque longue, les chemises brodées, ces putain de coupes de cheveux dignes de la série Earl) et en les recrachant dans une électronique actuelle tripotée dans les studios de Soulwax, à Gand, les deux zozos derrière Asa Moto relient en pointillés plusieurs univers. Ca vaut ce que ça vaut, mais les différents EP publiés depuis 2016 confirment qu’il existe encore un « son belge », et que celui-ci est absolument impossible à définir correctement. Dans le cas de la musique produite par Oli et Gilles, on dira : Frites + lunettes vintage + synthé cosmique, en gros. « 10% looks, 90% spotlights », comme disent les deux électro-freaks.

Peut être une image de 2 personnes, personnes debout et intérieur

Le nouvel EP « Martino », signé chez Deewee, mélange le talent et le non-sens belge, évidemment. Le premier titre, Connexion à Liège, doit son nom aux trajets nocturnes en la ville du même nom et Gand, où le duo a élu domicile. Missing Teeth parle de la dentition d’un boulanger local. Et au-delà de ces histoires anecdotiques, ici tout ramène aux parrains qui les ont adopté, à savoir les « frères » Dewaele de chez Soulwax. Le son, l’attitude, le graphisme ; on n’est pas vraiment dans une boucherie rock’n’roll, plutôt dans un atelier d’esthète où les mecs préfèrent se taire pour faire vrombir l’infrabasse tout en lisant un magazine d’architecture. Avant « Martino », Gilles et Oli avaient déjà placé deux titres sur la très essentielle compilation « Foundations » du label Deewee, et les nouveaux morceaux sont dans la même veine ; encore qu’on vous conseille de lancer l’écoute aléatoire de l’ensemble des titres composés depuis 2016, le tout format une espèce de sauce samouraï digitale, pas visqueuse. Comme du gel hydroalcoolique qu’on pourrait s’enduire sur la gueule le vendredi soir.

Résidents chez Kiosk Radio, le bastion électronique bruxellois qui diffuse 24/24, les deux ne semblent pas avoir terminé leur ambitieuse colonisation de l’ouest européen. C’est tout le mal qu’on leur souhaite : avec leurs dégaines pas possibles et ce son typique de Gand, à la fois froid, tendu et branché, Asa Moto joue à la perfection le jeu du man-machine. Pas surprenant quand on sait qu’en congolais, Asa Moto signifie « un être humain est un être humain ». Oui, c’est un peu con dit comme ça. Mais c’est une piqure de rappel pour tous les pousse-boutons du secteur.

Asa Moto // EP Martino // Deewee
https://asamoto.bandcamp.com/album/martino-ep

9 commentaires

  1. Laisse toi pousser la moustache my friend c’est plus trop tendance mais tu ressembleras quand même à un micro zappa ou à un ersatz minusculos de moroder ! T’auras un certain succès à magny en vexin ahah ahah
    Pour le reste fait comme shooka : pisse froid et sents chaud !

    Je vous laisse j’ai un rôti à la moustache de mes reums dans le four! Flippant non?

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