J'ai vu le bitume se craqueler, les fontaines se tarir, les badauds perlant de sueur se regarder en coin dans des gros plans de western spaghetti mettant en lumière la rugosité de le

J’ai vu le bitume se craqueler, les fontaines se tarir, les badauds perlant de sueur se regarder en coin dans des gros plans de western spaghetti mettant en lumière la rugosité de leur épiderme, des femmes ondulant sur des réverbères huilés pour garnir leur cache-sexe de biftons mouillées, j’ai serré des mains moites, essuyé des quintes de toux chaudes en pleine face de quinquas mal rasés à la cravate desserrée, j’ai regardé des auréoles se former aux jointures de chemises bleues à col blanc et des vieux fondre comme une motte de beurre en plein soleil.

Je suis Lee Marvin dans Canicule.

Une bande-son de canicule à attirer les vautours, transformant l’auditoire en charognes faisandées, finissait de dégrader une enclume et un marteau déjà bien entamés par la médiocrité de ce que je leur infligeait régulièrement. À force de goûter avant de dire qu’on aime pas, on en arrive à fusiller ses papilles gustatives car c’était bien du goût dont il s’agissait, celui qui, ici même, nous attirait des remarques de bas de pages aussi peu inventives que grammaticalement juste…

À l’évidence, la machine à tubes s’était enrayée mais j’espérais qu’une balle était resté coincée dans le canon.

Mon pouce glissait maladroitement sur les touches du pod en m’attendant à croiser la vierge à l’orée du bois, mais cette pétasse devait être en train de faire mentir sa légende immaculée dans un fourré. À partir de 33° Celsius, le corps humain se mue en une masse humide et invertébrée.

Le désert du Mojave, même avec toute la clim’ du monde et le bracelet de force de l’homme de l’âge de pierre, n’était pas le terrain climatique le plus amical pour les peaux blanches des pieds tendres.

« On n’aime pas trop les étrangers dans ton genre !»

Dans le casque pourtant, les plans de guitares se faisaient amibitieux, des plans heavy rock, des riffs de durs, de tatoués, un costard un peu large au niveau des épaules pour leur carrures de garçons de café. On sentait la souffrance des doigts qui cherchent les notes sur le manche, on entendait les articulations craquées comme celles d’un petit vieux essayant d’attraper la télécommande de la télé si loin de son fauteuil, la volonté de bien faire suintait entre chaque accord. Se renouveler coûte que coûte, l’ambition est loûable, mais le corps de suivait pas. Le tout arrivait tout juste à se tenir debout, les guiboles toutes tremblantes, avançait péniblement en se tenant à la rampe de l’escalier mais, vraisemblablement ne parviendra que rarement à courir à petites foulées.

« Et dire que Bolt le fait en 9’58… Pffff…»

Des exploits passés me revenaient au fur à mesure, des trucs de jeunesses, qui envoyaient le bois et drainaient les masses dans un flipper gigantesque, du nerf dans la bidoche… Et puis, je me reprenais en glorifiant le courageux virage, ce magnifique refus de l’immobilisme propre aux groupes connaissant le succès et voulant le retenir à tout prix de peur qu’il se sauve.

J’entendais maintenant des voix. Des mots cherchant la mélodie et la justesse qui va avec, pas un plus haut que l’autre. « Parle plus bas car on pourrait bien nous entendre », peut-être par peur des culs-terreux du Mojave, allez savoir. Le dompteur claquait du fouet pour que l’animal lui obéisse au doigt et l’oeil. L’envie de domination du créateur sur son oeuvre transpirait par les oreillettes de la machine à musique et finirait, à ce rythme-là, par se substituer au précieux cérumen habituellement roi en ces esgourdes.

Dans le cagnard, la terre souffrait, mes oreilles souffrait, le guitariste souffrait, le chanteur souffrait, mon i-pod souffrait (Batterie faible).

Finalement, la musique se fondait parfaiment dans le paysage. Une musique moite et brûlante, des mélodies qui donne soif. Je m’épongeai alors le front, ne sachant pas vraiment ce que j’allais faire. Le fond de l’air ne rafraîchissait pas. Les vieux n’en finissaient pas de mourir, les autres ressemblaient bientôt à des auréoles de sueur géantes. Dans un geste dénué de sens, j’ai « rembobiné la cassette », ai relancé la bête humaine et ai senti les gouttes perler de plus belles sur mes joues.

« Tu tends le bâton pour te faire battre. » aurait dit mon paternel.

Je le savais.

Abruti par la chaleur, j’en avais oublié jusqu’à faire les présentations. Humbug des Arctic Monkeys. Il fut ma croix dans un pélérinage morissonnien dans le désert à la recherche d’un indien zarbi à moitié à poil. Je l’ai jamais trouvé.

Allez… Lâchez les chiens.

http://www.myspace.com/arcticmonkeys



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