Du lard ou du cochon? Alors que la critique se déchaine sur Contra, le nouvel album de

Du lard ou du cochon? Alors que la critique se déchaine sur Contra, le nouvel album de Vampire Weekend, Guy-Michel Thor se fend d’une larme de nostalgie sur l’époque où lui aussi rêvait d’Afrique et de mouches Tsé Tsé. De Soweto à Enghien-les-Bains, la route est longue comme le nez de Pinocchio.

Devant le miroir embué de la salle de bain l’autre matin, j’observais les tresses à la Stevie Wonder que je venais de me faire en sortant de la douche. Comme ça, pour déconner un peu, avant d’aller au marché pendant que bobonne faisait le café.

Le problème quand on a la coupe de Léo Ferré, c’est que se voir dans la glace c’est toujours un bourre pif du temps qu’on ne rattrape plus. Enfin, halte à la nostalgie les jeunes, j’suis pas là que pour enfiler des perles (ah ah au top de la vanne, direct !). Z’auriez pas vu ma gomina ?

C’est pas que j’aurais vraiment voulu être noir. C’est pas parce que c’était la folie avec Dynastie Crisis à Mulhouse en 1976 qu’il faut me comparer au Nino Ferrer suicidé dans ses champs de maïs. Pas d’inquiétude, si Guy-Mich’ s’y connaît en armes à feu, on lui a pourtant retiré le permis port d’arme le jour où cet abruti de Brandon a rayé la Laguna du voisin. En parlant de morveux, je garde mes distances avec le gamin ces derniers jours. Pas une baffe, même pas une amorce d’aller-retour. J’lui ai quand même piqué le cd gravé qui traînait sur la commode de chez Conforama. La pochette du disque était scannée, j’ai tout de suite reconnu l’air ahuri de la gamine, le même que ma femme la dernière fois qu’elle m’a vu à poil en septembre 2007. Souvenirs souvenirs, la daronne avait vraiment pris pour son grade, c’était après que Jean-François Bizot ait passé l’arme à gauche. Fallait que je me défoule, c’était la preuve que le cancer, ça n’arrive pas qu’aux autres. Qu’il valait mieux (dé)foncer sans regarder derrière. Ni même devant d’ailleurs, vu l’état de la grosse.

Bizot et moi c’était une longue histoire.

Avant de fonder Radio Nova avec sa bande de yuppies communistes, il était venu me voir à peine sorti de scène sur ma tournée come-back ; une date unique en acoustique, 1981. Je reprenais du bon rock’n’roll. Les Dolls surtout. Mais bon, vu tout ce que je m’enfilais à l’époque, c’est plutôt flou maintenant. Mais je me souviens quand même, il m’avait à peu près dit ça : « Ecoute Guy-Michel, ce que tu fais là, c’est terminé. T’as une bonne gueule, pense à la radio». Et puis j’ai rencontré ma première femme, la fête était finie. Quand j’ai appris des années plus tard qu’il partait en Afrique du Sud, j’ai voulu le rejoindre. Mais pour une vieille histoire de fric (Hey Chamfort, en parlant de retour et de fric, si tu vois Bowie pour ton projet sur Saint-Laurent, dis-lui qu’il me doit toujours des bières) et de passeport, ça s’est jamais fait. Mais Bizot, futé, montrait la voie. J’étais tellement au fond à cause de mon roadie toujours pas foutu d’accorder ma sèche correctement pour ma tournée d’adieu  que j’aurais suivi les conseils de n’importe qui. Bref, le Soweto de Bizot, c’était franchement autre chose que celui de Paul Simon, l’autre tantouze qui chantait Mrs Robinson avec un pagne dans le cul. S’enfiler Graceland, c’était donner de sa personne, le début du caritatif, ah ah! Ca n’a pas tellement duré j’dois dire, mon attrait pour les chemises de Mandela. Quand j’ai mis le cd des p’tits cons de New Yorkais dans la chaîne (quatre lecteurs cds, et ouais, plus fort que le MP3) je me suis assis dans le cuir du salon, à la limite de la syncope. La claque. Le quotidien à Enghien, les traites toujours pas payées et ma vie ratée en rock.

Désormais, à la maison, je pratique l’apartheid générationnel. Pas question de tout avaler la larme à l’œil. Et croyez moi que si Brandon ose passer la frontière du salon où je reste vautré avec les cahuètes que m’apporte ma femme, j’hésiterai pas. Un gros coup de ceinturon pour tout ce que j’ai foiré.

http://www.myspace.com/vampireweekend

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