C’est certainement le disque de la semaine, voire de l’année. Reste à savoir laquelle.

La manière dont on écoute les disques a beaucoup changé. La morale voudrait qu’on continue de les écouter comme au 20ème siècle, de bout en bout, en prenant le temps d’analyser la démarche des artistes, ce qu’ils ont désiré injecter d’eux-mêmes à l’intérieur et qu’à l’image de Laurent Boyer dans feu Fréquenstar, on imite le penseur de Rodin pour évaluer la pertinence de tous ces disques qui finiront leurs vies dans d’atroces bacs à soldes en plastique pété.

Or, on ne vous l’apprend pas, le monde a, comme le visage à Rachida Dati récemment, terriblement changé. L’uniformatisation du monde, comme des artistes, fait qu’à peu près tout passe désormais pareil et que ce qui vaut pour la vie vaut, hélas aussi, pour la musique. Combien de disques t’auront, cette année, convaincu de bout en bout ou, a minima, t’auront convaincu d’arrêter de faire autre chose en même temps ? C’est là que le « Dictature et mendicité » de Casse Gueule, dès le titre, interpelle ; parce qu’il tire des ficelles connues et les emmêle pour en faire un monstre mutant qui ressemblerait à un Philippe Katerine haut de trois étages et qui boufferait des enfants pour chier des chansons-hymnes écoutées par tous les Charles Manson de la planète.

Initialement édité en 2016 à 40 exemplaires K7 chez NoLagos, ce disque pyromane revient en mai 2017 chez La Souterraine en version disque laser. Et c’est enfin l’occasion de découvrir cette « nouvelle turbo-chanson française industrielle » dont l’intérêt premier est que chacun des morceaux ou presque est un pastiche pas tâche, aux couleurs synth-pop, d’autres morceaux connus. Disons-le franchement, c’est à mi-chemin entre les Sparks, le Depeche Mode première époque, les Musclés et Cobra.

Par la sainte force des synthétiseurs, Pierre le Dentiste, Matthieu Philippe de L’Isle et Jonn Toad mettent la double couche sur des morceaux de rock oubliés depuis des siècles. Passés à la centrifugeuse du français dans le texte, ils deviennent tous sublimes et les liftings sous speed donnent l’impression de voir un top model écrasé par un tank en accéléré.

Bref, pour toute personne née au bord d’une autoroute avec une demie-trisomie, Gold et le pire de la Hard FM en bande-son, Casse Gueule est une sorte d’évidence qui va tellement loin dans l’autodérision, tellement haut dans le foutage de gueule du recyclage, qu’il devient crédible au fur et mesure que le n’importe quoi s’impose sur ces dix morceaux où les seuls instants de répit sont encore les transitions entre chacune de ces torches mélodiques. On pense à PoiL ou Magnüm comme autres groupes mongolo-pop à qui les comparer, mais surtout on se dit que cette chanson française génétiquement modifiée a de l’avenir. En tout cas, elle fonce droit dedans.

Casse Gueule // Dictature et mendicité // Réédition CD chez Ödl, En Veux Tu En Vla, Et Mon Cul C’Est Du Tofu et La Souterraine.

http://souterraine.biz/album/dictature-mendicit

2 commentaires

  1. voila 1 . tu parles politique quand ça t’arrange, mais la ce soir y’a La Marine chez le foutraque pujadas (tjrs l’impression qu’il porte 1 pyjama)

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