Jacques Noël est l’un des derniers, si ce n’est le dernier, d’une génération de libraires

Jacques Noël est l’un des derniers, si ce n’est le dernier, d’une génération de libraires qui se veut plus passeur que vendeur, une perle rare dans le marasme culturelle actuelle où l’on vend des livres comme n’importe quelle produit de grande consommation. Mais comme vous le savez… le livre est unique.

C’est dans la caverne d’Ali Baba qui lui sert de magasin, au 10, rue Git le cœur (comme quoi il n’y a jamais de hasard) que nous sommes allés taquiner cette version littéraire du Jack Black de High Fidelity, à grands coups de magnétocassette enregistreur.

Jacques Noël. Chez qui on entre, jamais vraiment par hasard. Jacques Noël. Un médecin de l’âme et une interview sous la forme d’un Manifeste Bibliophile.

Qu’est-ce qui vous a amené à être libraire ? Quel a été le déclic littéraire, si déclic il y eu?

Toute mon enfance je n’ai vécu que par les livres…

Tout cela résulte d’une d’histoire personnelle ?

Je suis le produit du mal absolu. Mes parents sont revenus des camps de la mort et seul le livre pouvait me délivrer du mal. Mes frères regardaient Paris-Hollywood ou des choses comme ca. Moi, j’étendais mon regard vers des choses plus littéraires. Ensuite j’ai eu la chance de comprendre que le livre était pour moi la seul façon de me vendre, car la société c’est un peu ca, “se vendre”, et ca me paraissait la marchandise la plus exemplaire à partager avec les autres, c’est le multiple fabuleux qui devient unique dans la propriété de quelqu’un. Puis la seconde chance que j’ai eu, c’est à la fois de rentrer très tôt dans ce métier là dans des lieux où il pouvait se passer quelque chose, et puis aussi rencontrer des gens fabuleux qui était eux prêts a me rencontrer… J’ai rencontré les gens de Throbbing Gristle, et quelqu’un comme Genesis P. Oridge. Cela vous marque quand même.

Une sorte de pont entre musique et littérature donc?

À la fois leur musique et leur quête littéraire. Grace à eux, je passe alors d’une quête personnelle à une quête pour les autres. Je ne conseille pas les livres qui sont mes livres de vie, et qui font indubitablement parti de mon parcours initiatique. Je cherche à conseiller les livres qui devraient intéresser mes clients. Ici (Au Regard Moderne, NDR) cela doit être le dernière endroit ou l’on cause et où il se passe des choses entre des êtres humains. Des êtres qui ne sont peut être pas obligatoirement des amis dans un lieu qui est pire qu’une église. Il peut s’y passer quelque chose mais il faut encore réapprendre au monde a savoir exprimer des sentiments et c’est bien la dernière chose que l’on vous apprend a l’école, juste se dire : “Oui tiens tu as une sensation”. Et pourtant c’est quelque chose de merveilleux… C’est vrai que la drogue offre aussi des sensations merveilleuses mais sans l’intelligence qui devrait aller de pair. Pourquoi Michaux est aussi génial, comme ca, brut de décoffrage ?

Il y a une espèce de confiance entre vous et vos lecteurs?

Oui des fois on plaisante entre libraires. On fait un drôle de métier, à la fois psychiatre et psychanalyste. Mais c’est aussi le pharmacien donnant l’ordonnance.

Comment arriver vous à toujours aborder ce métier de cette façon qui peut paraitre idéaliste, voire désuète?

Parce que je l’ai appris comme ca. Enfin bon pour moi ce que je fais n’est pas un metier. Mais bon, être libraire c’est un peu pute c’est donner du plaisir après c’est vrai que ce marchandage de plaisir il va dépendre de beaucoup de choses… C’est la personne qui va savoir en faire quelque chose… Tu peux marcher dans la rue sans rien voir… C’est apprendre aux gens à prendre du plaisir.

C’est vrai que le métier de lire c’est aussi la rencontre des libraires. Oui un livre ne t’appartient que chez toi mais entre temps il y a ce fabuleux personnage qui détient les livres et c’est vrai que quand j’étais jeune je n’avais ni l’attitude ni rien pour paraitre tel un érudit de la lecture. Je me suis frotté aux plus grands libraires de l’époque, ceux qui allaient le devenir… Avec tout ce que cela comporte de rite initiatiques, de génies littéraires qui pensent que tu n’es pas capable d’aborder tel ou tel livre… C’était génial…

Une sorte de défi?

Oui en un sens et après c’est vrai qu’une fois libraire, je les ai rencontré et eux ne se souvenaient pas de la méchanceté qu’il pouvait avoir vis a vis du jeune lecteur que j’étais.

Apres Christian Bourgois plus d’éditeurs de sa trempe. Et après vous ?

Non, il y aura plein de petits éditeurs qui vont trouver des livres fascinants comme Bourgois le faisait. Et il y aura pleins de jeunes libraires qui sauront découper, dans une librairie comme le regard moderne, quelques grands thèmes. Alors que là ils sont tous mélangés, tu vois bien…

Oui des librairies spécialisées…

Voila, qui arrivent a sous-spécialiser des genres qui ne le voulait pas. Et disons que c’est tellement triste une libraire spécialisée, parce qu’elle vous mène dans une ornière.

Vous croyez aux lecteurs?

Oui je crois à une génération de lecteurs que j’ai bien connu qui ont une passion pour la lecture. Mais ceux qui ne l’auront pas ne pourront pas rentrer ici.

Et en l’avenir du livre numérique?

Ca ne me rentre pas du tout dans l’esprit. Un livre qui ne serait pas imprimé sur des pages que l’on tourne soi-même. Pour moi un livre numérique c’est comme la télévision, une chose qu’on regarde bêtement en quelque sorte.

Cut.

Photos: Muntz Termunch

Librairie Un Regard Moderne, 10 rue gît le coeur, 75006 Paris

5 commentaires

  1. Bel article, s’il n’était pas rempli de fautes d’orthographe… surtout au niveau des accords : »le marasme culturelle actuelle » et « la seul façon » par exemple. Une relecture ne ferait pas de mal… Mais bel article quand même.

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