The Coral, qui a pourtant connu des débuts en fanfare et les flatteries de Noel Gallagher ou des Stone Roses, n’a jamais réussi à percer sur la scène mondiale. Le groupe sort son neuvième album « Move Through The Dawn » et donne l’impression de ne pas avoir beaucoup changé. Enfin si, un peu.

« J’ai été ce mec méchant et misérable qui critiquait tous les autres groupes et qui se foutait de tout. » La phrase est signée James Skelly, chanteur et leader de The Coral. « Je me rends compte que pendant ces années-là, j’étais surtout malheureux. Aujourd’hui, on ne se prend plus au sérieux et on le vit beaucoup mieux. »

Assis dans le canapé d’un hôtel situé à deux pas de Pigalle, James Skelly et Nick Power se marrent. Les deux portent des lunettes de soleil. Mais à part leurs yeux, The Coral n’a plus rien à cacher. « Pour la pochette, la décision s’est prise en deux minutes. On voulait qu’elle ressemble à un mauvais bootleg des années 80. On déteste les groupes qui se mettent en avant sur la pochette. Bref, l’écriture ne veut rien dire et personne ne sait pourquoi il y a un lion, c’est parfait. Les couleurs sont tellement moches qu’aucun imprimeur ne voulait les imprimer. Des mecs ont dû inventer une nouvelle palette de couleurs. Putain, on a inventé la pire couleur de tous les temps. Je crois que c’est notre meilleure pochette. » Ça commence bien. Après 16 ans de carrière et neuf albums, le groupe revient avec « Move Through The Dawn », un disque ultra mélodique, hyper naïf et sans autre ambition que de succéder des belles composition. Une prouesse plus difficile qu’il n’y paraît.

Vous saviez quelle direction donnée à l’album avant d’aller en studio ?

James : Je produis beaucoup de groupes, j’essaie des trucs sur eux avant et je garde le meilleur pour The Coral. On voulait un disque mélodique et plusieurs nappes, plusieurs couches de musiques interposées les unes sur les autres. Tu vois, j’aime bien un mec comme Father John Misty car il a des super mélodies. Je ne retiens pas les paroles, mais je retiens la musique. Les bonnes mélodies, c’est super dur à trouver, notamment car la plupart ont déjà été faites.

Bon, quand on arrive au neuvième album, ça ne devient pas un peu lassant ?

James : En fait, on n’a arrêté de se prendre au sérieux il y a cinq ans quand on a réalisé qu’on était pas si bon. Et maintenant on est super heureux. C’est la vérité, non ?

[J’évite la question ] Est-ce que ça veut dire que vous pensiez être l’un des meilleurs groupes au monde ?

James : Oui, c’est un truc du nord de l’Angleterre, on est comme ça, mais on n’était pas le meilleur groupe. Liam Gallagher a lancé la mode, il le disait, on faisait pareil, mais ce n’était pas vrai.

« Franchement, je n’ai pas envie d’être moi. Tu voudrais, toi ? »

The Coral a toujours représenté la culture du Nord de l’Angleterre…

James : Londres pour moi c’est comme un autre pays. J’ai du mal à m’intéresser aux groupes qui viennent de cette ville et je m’identifie forcément plus à un groupe qui vient d’à côté de chez moi. Si les médias étaient basés à Manchester, on serait plus connu.

Pourtant, les meilleurs groupes britanniques viennent du nord ou d’Écosse…

Nick : Je pense la même chose.

James : Je suis d’accord, mais si tu n’y habites pas, tu ne peux pas vraiment comprendre les groupes du nord. Les Arctic Monkeys n’auraient pas eu le même succès en restant à Sheffield. Je pense qu’ils ont bien fait. Leur dernier album explose les ventes. Sont-ils devenus l’un des plus grands groupes au monde en allant aux États-Unis ? Oui.

On peut dire qu’ils ont perdu une partie de leur identité, non ?

James : Ouais, mais franchement, je n’ai pas envie d’être moi. Tu voudrais, toi ?

[J’évite encore une fois la question] Qui tu aurais envie d’être ?

James : Pas moi. Tu crois qu’on vit un putain de rêve ? Je préférerais vivre à Los Angeles et avoir une piscine.

« Les artistes qui sont dans un groupe et qui décident d’avoir une carrière solo, c’est de la merde. »

L’herbe est toujours plus verte ailleurs.

James : Oui, car elle l’est vraiment ! Je peux te certifier que là où habite Alex Turner, l’herbe est plus verte. Ça dépend si tu prends en compte les opinions ou les faits. Dans les faits, j’adorerais être aussi bon que lui, mais je ne le suis pas.

Pour vous, c’est fini la pression ?

Nick : on fait ce qu’on a envie de faire. Nos albums ne coûtent pas cher à produire, nos fans sont fidèles, on est tous potes, les gens s’intéressent encore à nous, on est à Paris en train faire des interviews. On n’en veut toujours plus, mais on est chanceux. On est dans une position super confortable.

C’est quoi pour vous le succès, et comment cette notion a évolué dans le temps ?

James : On a bien baissé la barre. Avant, on pouvait voir qu’on avait du succès. Maintenant, le succès, c’est quoi ? Les ventes d’album ? Le nombre de streams ? Je pense que les concerts permettent de juger : si tu vends vite, c’est que tu as du succès.

Nick : Tu vois, si on arrive à le faire à notre manière et à en vivre, ça nous va.

James : J’étais beaucoup moins heureux à l’époque où on avait plus de succès.

Vous aimez toujours jouer Dreaming Of You par exemple ?

James : carrément, voir les fans reprendre la chanson et chanter en cœur, ça te donne un buzz incroyable. 

Gruff Rhys me disait qu’il n’aimait pas trop rejouer des chansons de Super Furry Animals parce qu’elles représentent le passé.

James : S’il était fauché, il adorerait les jouer ! Tu vois, nous, on joue des nouvelles et des anciennes compositions, ce n’est pas comme eux. En plus, il fait des albums solo donc il s’en fout des Super Furry…

Toi aussi tu as fait un album solo… (« Love Undercover » en 2013, ndlr)

Oui, mais j’en avais rien à foutre, c’était pour passer le temps. J’ai toujours privilégié The Coral. Ce groupe est toute ma vie. En règle générale, les artistes qui sont dans un groupe et qui décident d’avoir une carrière solo, c’est de la merde. Je suis bien meilleur avec le groupe que tout seul et j’en ai conscience. Est-ce qu’il est bon le dernier disque de Gaz Coombes ?

J’en sais rien…

James : S’il était bon, tu en aurais entendu parler.

La discussion s’est terminée sur la Coupe du monde de football. Nick avait décidé de supporter l’équipe d’Egypte (le meilleur joueur Mohamed Salah, qui joue dans le club de Liverpool, est Égyptien) et James pensait que ça pouvait faire du bien au pays de gagner la coupe. Finalement, l’Angleterre a terminé son parcours en demi-finale. The Coral est à l’image de leur sélection : talentueux, bagarreur, mais qui rate toujours la première marche du podium.

L’album « Move Through The Dawn » est sorti le 10 août sur Ignition Records. 

3 commentaires

  1. encensses, detestes vous les trouviez cool, bagarreur, bo gausses, têtus, radins, spontanes, nikés, heureux/malheureux, les revoila au top de la beatitude genre beta band?, re-naze, mais cOOl moins zerO,

  2. les vroums vroums uber alles de retour vers le futur @ aixavignontoulon conduits par les ‘cailleras’ ou autres ‘caïds’ des cités, a votre bon cœur ou creve egorgé & même violé!

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