Le 17 mai 2021, le corps de Nicolas Ker, âme d’une grande partie du rock destructeur des années 2010 et symbole à lui tout seul de la flamboyance d’une fusée s’auto-détruisant dans le ciel, s’éteignait. Un an après cette mort subite, et histoire de rappeler à l’industrie qu’on ne fera plus jamais deux chanteurs comme ça dans le même moule, le label Pan European exhume un inédit des sessions de l’album « Les faubourgs de l’exil ». Ca s’appelle La mémoire perdue à nouveau, et c’est beau comme du Jim Morrison en Bretagne.

Une grosse larme salée au goût de l’eau de mer, c’est la première image qui vienne à l’écoute de ces 10 minutes de râles au ralenti.

« – Dis papa, tu as déjà prévu ta setlist pour l’enterrement ?
– Oui mon fils, ça s’appelle La mémoire perdue à nouveau. »

Cette mémoire qui, en filigrane, perdure à nouveau; c’est celle de Nicolas Ker, le chanteur bavard capable d’écrire des flashs de parole sur n’importe quelle nappe de fin de soirée et qui, à force de refuser de dormir, finira par ne plus se réveiller. C’est cet esprit, si proche de Taxi Girl dans son désir de vivre l’instant présent sans plan de carrière, qui plane sur cet élégie publiée sans calcul par Pan European, dernière maison du leader de Poni Hoax. A la musique, son compère Arnaud Roulin, au violoncelle Celia Boudot; et pour le reste, une voix entendue au loin, du haut d’un phare breton. Le titre aurait été enregistré voilà pile dix ans sur l’île de Batz, un jour où la mer, elle aussi, était déchaînée. L’éternité, elle, attendra la prochaine vague. Même mort, Nicolas respire encore à Ker ouvert.

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