La rentrée est synonyme de nouveauté en tous genres (littérature, cinéma, etc.), mais aussi parfois synonyme de sorties d’albums en-voulez-vous-en-voilà. Il y a les bons et les mauvais, les moyens et les passables. Il y a ceux qui vous promettent monts & merveilles et qui à l’arrivée se vautrent littéralement, les quatre fers bien en l’air. En l’occurrence the XX et leur deuxième album, « Coexist ».

The XX ont pas mal buzzé en 2009 avec leur premier album éponyme, « XX », et les titres Crystalised  (reprise par Damon Albarn), Islands, ainsi que VCR (une berceuse soporifique pour enfants). Avec Two Door Cinema Club dans les parages, impossible de ne pas se pencher sur leur cas, tellement le buzz était omniprésent ; tellement que, dès l’allumage de la télévision ou de la radio, les clips et les chansons finirent par devenir inévitables, tout comme les articles dérivés. Des unes avec des headlines en gras, taille géante, qui attiraient ton regard pour te pousser à en savoir un peu plus sur les tendances musicales du moment (la récente couverture des Inrocks du 5 Septembre 2012). Tu tombais soit sur Two Door Cinema Club (l’abominable publicité du Loto avec en fond What You Know, ça vous dit quelque chose ?) soit sur the XX.

Je l’avoue, j’ai longtemps bloqué sur la pochette, je pensais qu’il s’agissait d’un groupe de métalleux dégueulasses. Ce qui m’a vite éloigné du monde obscur des XX. Il te motive plus qu’autre chose à te couper les veines avec un rasoir Bic et à ruminer dans ton coin : « Le monde est pourri, la vie c’est de la merde, mon mec m’a quittée je vais écouter les XX ou du Bon Iver, histoire de pleurnicher comme une madeleine. » Ce type de comportement n’est plus à adopter en 2012, rappelez-vous, « à gauche la fête est plus folle ».
Puis ma curiosité s’est réveillée et il y a eu ce fameux jour où tu te décides enfin à poser une oreille sur ce onze pistes parce que 1) il apparaît everywhere dans les magasins, 2) tout le monde en parle et 3) il y aura bien un moment où quelqu’un te fera chier en te harcelant avec un « tu as écouté le groupe the XX ? », et toi tu finiras par craquer.

Au départ, il y a eu fascination, admiration (l’album « We’re New Here » de Jamie XX/Gil Scott Heron qui t’envoie royalement des constellations et des nébuleuses plein les yeux) car les morceaux avaient pas mal touché ma sensibilité ; « mon cœur se mit à rejouer le bombardement de Dresde », dirait Woody Allen. Puis, au fil du temps, le goût de la passion a foutu le camp comme le prince charmant. Quand je suis tombée sur Basic Space,  je me suis demandé si Romy Madley Croft (la chanteuse et guitariste — NdlR) n’avait pas baillé au moment d’enregistrer le morceau en studio pour valider définitivement la version du disque. Je me suis aussi demandé : « Pourquoi ce look si noir remake de the Crow, lui-même emprunté à the Cure ? » Demandez aux fans de Robert Smith ce qu’ils en pensent par la même occasion, difficile de croire qu’ils puissent adhérer totalement à cette banale copie vestimentaire (si c’en est une). Peut-être que le gominé de Jamie XX est une version moderne du look des années 80. Allez savoir…

Donc, « Coexist ». J’étais toute contente à l’idée d’entendre le nouvel album, telle une petite fille à qui l’on offre sa première Barbie, et j’avais une sacrée envie de crier au monde entier que THE XX ETAIENT ENFIN DE RETOUR. Mais dès Angels, je me dis : « OK, où est l’arnaque ? » C’est mou, les paroles sont des plus niaises : « And every day I am learning about you The things that no one else sees And the end comes too soon. » Mais vous êtes sérieux, franchement ? Allô la Terre la fin du monde c’est certes dans trois mois, mais gardez au moins un peu de joie et de bonne humeur dans vos cœurs. « Ne partons pas fâchés, ça n’en vaut pas la peine », comme dirait Raphaël.

Sur ce deuxième album, on retrouve les mêmes mélodies que sur le précédent : lenteur et pseudo « profondeur de la guitare » (deux petits accords foireux, ils ne connaissent que ça sur leur instrument ?), obscurité et tout le train-train qui suit. On ne boude pas trop sur Chained parce que l’on reconnaît le talent de Jamie qui te motive (quand même) à te déhancher (un minimum), mais l’on aurait pu se passer de l’agaçante voix de Romy qui gâche un peu les 2 minutes 48 de satisfaction (et encore, est-ce le bon mot ?). Ils sont jeunes, ils ont plein d’ambitions, leurs problèmes personnels leur servent d’inspiration, pas de souci, je veux bien le croire. Mais alors, expliquez-moi ce que fiche cette tonalité ‘tropicale’ sur Reunion ? Une musique de « phasme », voilà comment je décrirai la musique de the XX, comme un adolescent absent d’un quelconque dynamisme. C’est le vide intersidéral, aucun pincement qui permet de dire « oui, j’ai aimé », le néant absolu. Voici comment « Coexist » m’a fait tirer un trait pour de bon sur the XX : ennui, lassitude, exaspération. Tourner la page, non ; la déchirer, oui.

The XX // « Coexist » // Beggars
http://thexx.info/

11 commentaires

  1. Franchement c’est édifiant. Merci pour avoir formulé ce que je pensais tout bas. Au moins je saurai quoi répondre quand on me demandera « est ce que t’as écouté le dernier album des XX ».

  2. Laurent: « Glorifiée dans toute la presse », j’appellerai cela du moutonnage, LA MASSE quoi.
    Et pour l’histoire du ying et du yang, le journaliste connait-il l’origine du Y&Y ? Il faudrait revoir tout ça. « Extase mélancolique » je ne pense pas, plutôt du suicide collectif.

    Luc AvA: Ravie d’avoir pu vous éclairer et vous ouvrir les yeux (si c’est le cas).
    La société, c’est comme ça de nos jours « c’est de la merde, mais on va jouer la comédie et dire du bien d’un disque à chier », c’est l’avenir (ou pas, réveillons-nous nom d’une pipe!).

  3. Merci de dire tout haut ce que les « non moutons » pensent tout bas!

    PS : J. Leclerc, essaye de sortir un bon album avec deux accords et je te dirai Bravo! JE TAQUINE

  4. Les plus branchés sont souvent ceux qui crachent sur le second album, incapables qu’ils sont ,d’être fidèles sur la longueur, à un groupe.

    Le premier album était une perle. Ne vous en déplaise.

  5. PS pour The The: on avait dit le plus grand bien du premier disque, il me semble. Quant au deuxième, difficile de trouver cet album plus passionnant qu’une chasse d’eau.

  6. « deux petits accords foireux, ils ne connaissent que ça sur leur instrument ? »

    c’est ça la valeur d’un groupe? Le critère d’un bon disque? Allez chroniquer le dernier Steve Vaï alors, ou encore mieux, faire l’éloge du nouveau Muse.

    Si on a un peu écouté le premier album du The XX et compris le concept revisité du minimalisme, comment peut-on s’attendre à une avalanche de notes?
    C’est vraiment ridicule.

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