Du polar preum’s en physique-chimie au graphiste à crête de Paris IV, l’image du geek s’est polie. Le nerd arrête le développement en local et s’émancipe sur Facebook. C’est cool. Mais là où certains tirent leur épingle du jeu en réseau (métiers de la pub, métiers de l’animation, métiers à chemise bariolée), les mecs de la série The IT Crowd coincent au niveau zéro de la lose. Deux geeks de base, une femme de base, un lieu fixe de base, de l’humour anglais.

Je me souviens de mes années Nintendo où perdre deux heures devant Dunk Hunt était répréhensible de promenade obligatoire dans la forêt par les autorités parentales. Aujourd’hui, papa-maman bossent devant un écran 10 heures par jour. Dans le cul, c’est la modernité, et il vaut mieux savoir retoucher les photos pour épater les copines du scrapbooking ou avoir une connexion internet pour écouter des disques. Paradoxal activity, isn’t it ? Tu dragues en ligne, tu t’engueules en ligne, tu achètes en ligne, tu erres en ligne jusqu’aux sentiers de la perdition de 4chan (réseau d’images et de forums sans modération. L’enfer du net.), dont tu sors lessivé, en ligne de mire. Et quand tu tentes de te mettre à la page sur Firefox, tu te fais mettre à l’amende par les mises à jour des Smartphones. Oui, les rois de ce big world qu’est le web sont de plus en plus des papes aux mobiles.
Nous sommes en 2010 après Jésus-Christ et tous les geeks sont respectés. Tous ? Non ! Car les mecs de The IT Crowd (« les gars du service informatique ») sont misérablement rabaissés, littéralement mis plus bas que terre dans leur bureau sans fenêtre au sous-sol d’une grosse boîte londonienne dont on ne connaît pas l’activité. Roy et Moss sont deux bordéliques informaticiens n’ayant aucune accointance avec les filles, même sur Meetic. Je croyais le cliché galvaudé. Comment le réalisateur Graham Linehan trouve-t-il encore de l’humour au propre de l’homme ? Revenons sur l’histoire du stéréotype qui fit l’ascension d’Élie Semoun.

Le polar (68-90) : stéréotype de l’actuel hipster

Même s’il n’a pas encore de compétences informatiques, il convient de parler du polar puisque c’est celui qui représente les premières passions de la culture geek : le travail, la science-fiction et  être seul. La mode, dont le fond de commerce n’est que renouvellement, préfèrera le look polar (grosses lunettes, pull en laine, jean trop court), à celui du geek moderne (jean, chemise), effigie des années 2030.

Le néo-geek (90-98) : stéréotype habituel même plus drôle

Paria du collège, le néo-geek a fini Doom avec une seule main et se passionne pour les jeux de rôles grandeur nature. Ils énervent parce qu’ils sont moches, cachés derrière leur classeur en contrôle de math. Alors dans le vestiaire du cours de sport, on éteint la lumière et on les tape.

Les escrocs de la première vague (98-2003) : stéréotype de l’enculé

Un plombier, on sait qu’il ne faut pas lui faire confiance parce qu’il a un regard de chafouin, et qu’il prévient : « non je ne prends que le liquide ». L’escroc de la première vague n’est pas son propre patron et fait de beaux devis excel. Mais en vous installant l’ADSL, il vous vendra un antivirus, Nero, et des logiciels de traitement de texte. Ca a l’air indispensable, vous achetez, version beta que vous êtes.

Les internautes (2003-2008) : stéréotype exacte de ceux qui vivent sur internet

Presque un foyer sur deux est équipé d’une connexion internet, on peut télécharger sans crainte. Les internautes sont les feignasses qui sont passés du canapé au fauteuil de bureau. Mais ils ont du pouvoir. Des blogs sont lus, le compte MSN de la plus belle fille du lycée est piraté et son statut affiche son goût pour l’inceste. Et si quand vous tapiez « miserable failure » sur Google en 2008 la bio de Bush junior apparaissait en premier résultat, c’était la faute aux internautes.

Les bobos technos (2008-2010) : stéréotype du cadre, de l’urbain, de l’étudiant, de tatie…

Tout le monde est geek. On s’échange des gigas de vidéos, papa répond aux mails sous demi-journée, être Mac ou PC est une question plus importante que celle de son orientation politique, sexuelle ou religieuse. Et puis si on achetait une Wii à mamie pour Noël ? Après tout, ça ne peut pas lui faire de mal de faire du sport…

Le web-business man (depuis 2010) : stéréotype du glandeur riche

Les référenceurs, les chargés du community management politique, ou les développeurs ramassent l’oseille. Un Français qui fait de l’animation trouve du boulot aux Etats-Unis, easy. Un employeur sur deux vous cherche sur le net après un entretien et la gestion de votre e-reputation freine votre carrière (cf : la photo de profil où tu vomis). Il n’y a plus de respect pour le petit informaticien chargé de l’intranet de la boîte. On en est là.

Depuis cinq saisons, The IT Crowd filme avec tendresse ceux qui réussissent aussi mal leur reconversion que Windows Seven. Le programmateur, super héro des années 90, s’est ouvert le crâne et sa valeur ajoutée, autrefois liquide de Graal, s’est déversée en open source. Coincés dans leurs têtes et sur leurs tee shirts entre deux niveaux de Pac Man, Roy et Moss subissent péniblement le quotidien d’employés qui bourrent la photocopieuse. Puis arrive Jen qui obtient le poste parce que son CV mentionne « Compétences informatiques ». Elle n’y connaît rien et va entraîner les deux spécimens dans des situations monthy pythonesques : séduire une femme en l’insultant, écrire un mail pour faire venir les pompiers, conférence pour maîtriser son stress se soldant par une baston…

Les blagues de non-sens viennent rebondir sur une mise en scène calibrée pour ne rien épargner du monde du travail moderne : du patron nazi à l’incompétence des collègues qui se la pètent. C’est exagéré, c’est drôle. Dommage qu’ils aient laissé les rires enregistrés.

http://titc-stream.fr/


8 commentaires

  1. it crowd c’est l’humour anglais dans toute sa splendeur
    autrement il y a peep show qui est vraiment cool
    il faut savoir que IT crowd est enregistré en public façon théâtre de boulevard british …

  2. Dunk Hunt ? Tu tirais sur quoi, des basketteurs ?

    NOW ARE YOU STRESSED Bastien ? ARE YOU SURE ? ARE YOU SURE ? ARE YOU SURE ? YOU SURE ? YOU SURE ? ARE YOU SURE ? YOU SURE ? YOU SURE ? SURE ? YOU SURE ? SURE ? YOU SURE ?

  3. Nan, c’est Duck Hunt. Le flingue de la Nes aiguisé pour déplumer les cols verts.
    Sinon, non, je ne suis pas stressé. Je devrais ?

  4. La dernière métamorphose de la technocratie, c’est le numératisme avec sa numératie, c’est à dire les mêmes, digitalisés par le fion.
    A dégueuler.

    Ainsi Internet, c’est le paradis des cons, là, ils osent tout ! Et ils se rengorgent, c’est à mourir.

    Depuis l’avènement de l’écran tactile, ils foutent leurs sales pattes partout. Et c’est la post-révolution !

    La post-révolution est l’épisode d’un retour d’ordre, les assassins de la création se permettent toutes les réactions pires car ils sont résolument modernes. Ils y viennent en rang, en levant au ciel une main raidi par l’effort et la tension de ceux qui y arrivent enfin.
    Les assassins qui ne voient pas mais qui touchent à tout.

    On avait les kids de la dernière heure, voilà les has-been de carnaval.

    Steve Jobs qui n’est pas con, l’a parfaitement compris, il présente sa tablette comme le dernier-cri technologique, tous les bobos, corrompus à cœur, reprennent en canon et sur tous les tons, c’est révolutionnaire, c’est digitalisé, au doigt et à l’œil, c’est hyper-moderne, le début du XXIe siècle qui est si spirituellement messianique. Les jobards ont déjà convaincu les conseils généraux, la rupture c’est la tablette … numérique. Comme Hollywwod, le chewing-gum, ça vient des US.
    Toujours 10 ans d’avances les ricains !

    Et le conseil général y va de ses appels d’offre à tablette celle d’Apple bien sûr, il y en a d’autre mais c’est celle là qu’on veut avec la pomme dessus. Nous aussi, on veut bouffer du fruit de la connaissance et de l’information.

    Enfin, tout un chacun s’écrie :
    je suis …
    euh, je suis,
    oui, oh oui, je suis sur la toile aussi,
    tu m’vois maman sur l’écran !
    Chuis là, t’m vois ?

    La vieille dame est très contente même si elle a un peu peur, car elle avait raison, « ils » voient tout, ils écoutent « tout ». Il y a longtemps, c’était pas bon signe d’être sur écoute.
    Là, maintenant, c’est tout le monde.
    Elle a quelques appréhensions, la vieille dame.
    Mais, comme personne ne vient à l’aube, … Alors

    Parce qu’elle n’a pas compris où était la caméra, quand elle lève les yeux et regardent ailleurs que le fond de l’écran, une direction, dans le noir au-delà du cadre, c’est, qu’en fait, elle cherche la caméra.

    Nous ? proto-je ne sais quoi ? Retour aux marges, par les tunnels vpn, de proxy en proxy, on va vers Tarsis, la dernière cité au bord du monde, face au néant.
    Abouché le rien n’est-cepas le comble du nihilisme ?

    Nous, on vogue dans le ventre du Léviathan anonymous/blank
    ou sur une nef clandestine remplie des folles et des fous.

Répondre à Bastien Le Stagiaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

partages