@Adrian Boot

Le 25 mars sort « Surrender : A Collection », une compilation de Suicide comprenant un nouveau morceau sorti des placards et la première version de Frankie Teardrop. Assez pour croire à la vie après la mort ?

On avait déjà eu le coup de l’album disparu puis retrouvé d’Alan Vega; un coup qui semble fonctionner puisqu’on annonce encore deux nouvelles lost tracks du défunt pour le 25 février, Invasion et Murder One. Et maintenant, c’est Suicide qui revient d’entre les morts avec « Surrender : A Collection », une compilation choisie par Martin Rev, Liz Lamere et Henry Rollins. Dans sa note, l’ancien Black Flag explique qu’il ne s’agira pas d’un best-of, mais d’une « introduction » à Suicide et une « invitation à découvrir et explorer les albums ». Un best-of, donc, qui sortira le 25 mars.

Le risque de l’exercice, outre l’éventuelle lassitude des fans devant les tentatives répétées de déterrer Alan Vega, serait évidemment de gâcher l’œuvre du groupe en perdant l’ambiance propre à chaque album. Surtout pour le premier, monolithique d’angoisse, ou le second, très disco glauque, qui gagnent vraiment à être écoutés dans leur intégralité. Mais « Surrender » s’en sort tout de même pas mal, en zigzaguant entre toutes les ambiances et inspirations explorées (ce qui est précisément le but d’un best-of, hein), comme une très longue nuit d’errance sous les néons froids d’un New York terrible.

C’est aussi l’occasion de sortir, à côté des grands classiques, quelques morceaux moins populaires et de se laisser aller à (re)découvrir Dachau, Disney, Disco, pour le meilleur et pour le pire. Mais là où « Surrender » proposera, on l’espère, un peu plus qu’une simple succession de morceaux, ce sera avec les deux « nouveaux » titres annoncés. D’abord Girl, resté quelques décennies dans les mêmes placards que le « Mutator » d’Alan Vega, qui nous revient avec la brutale énergie du premier album. La vraie pépite de ce disque, la grande découverte qui n’en est pas vraiment une, c’est le premier enregistrement de Frankie Teardrop, avec la première version du texte. La sortie du morceau est accompagnée d’un clip de Douglas Hart (The Jesus and Mary Chain), un voyage hypnotique déconseillé aux épileptiques.

Pour l’occasion, ça vaut le coup de se pencher un peu sur l’histoire de Frankie Teardrop. Dans cette première version, il est question d’un détective vétéran du Vietnam, de la CIA et d’un assassinat d’alien. Si l’angoisse est déjà présente, elle est moins réaliste que le reste de l’album, qui tient plutôt de la poésie ambiguë de l’ordinaire que de l’hallucination malsaine. Et c’est sur la fin des sessions d’enregistrement de l’album, en lisant la rubrique faits divers, qu’Alan Vega tombera sur l’histoire macabre et réaliste du vrai Frankie Teardrop : un ouvrier entré dans une folie meurtrière après son licenciement, qui tuera sa femme et son enfant avant de se suicider. Ainsi l’angoisse deviendra universelle et politique, car comme l’éructe Vega, « We are all Frankie, we are all living in hell ».

Vingt ans après « American Supreme », le dernier album de Suicide, « Surrender » présente donc tout de même un certain intérêt au milieu des sorties posthumes d’Alan Vega, sans toutefois être beaucoup plus qu’un best-of. Maintenant, à moins d’avoir une vraie bonne raison de réveiller la bête (pour une hypothétique nouvelle archive disparue et miraculeusement retrouvée par exemple), ce serait peut-être le moment de laisser en paix Suicide.

L’album « Surrender : A Collection » sort le 25 mars chez Mute.

Suicide - Surrender: A Collection - CD | Mute Bank

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