Le couvercle du ciel pèse des tonnes sur ta tête et les gris se déclinent au milieu de la bruine, ta mélancolie hésite entre pleurer une mer du Nord et empoigner une guitare électrique ; la vie, c’est des choix, putain.

Non mais Sueellen, nous faire ça à nous, scribouilleurs webeux nourris à la série téloche et Dallas, son univers impitoyable : JR en SR, Bobby  à l’imprimerie, Jock au service doc, Pamela au service compta… comment passer à côté ? Litanie de larsen triste comme un caillou dans ta basket un jour d’errance mouillée sur une plage de la mer du Nord, paupières mi-closes pliant sous le crachin tandis que l’horizon fait des clins d’œil aux voiliers sombrant sous les vagues dans l’indifférence des promeneurs biturés à la Jupiler. Sûr que c’est idiot, ces jeux de mots ; même pas certain que le nom de ce groupe belge se prononce ainsi.  Stupide réflexe, en vérité. Mieux vaudrait dire tout le bien qu’on pense de ce post-rock âpre et désespéré, aussi bankable qu’un film slovène muet avec des plans-séquences de 42 minutes comme seule coquetterie ; se résoudre à être honnête, ça prend parfois beaucoup de temps. Basse monolithique et console de son vintage, trompette de la mort dessinant crescendos et acmés avec l’aisance d’un Leonard de Vinci qui aurait décidé de décorer le Louvre. Paquets de vent par paquet, tête rentrée dans les épaules, horizons trop grands, Ostende-Béthune en Renault 5, essuie-glaces cassés, portière qui claque à la descente du créneau ; ta gueule de con dans le rétro, seul comme un con, seul comme un con. La tête pensante du groupe serait un photographe français installé à Bruxelles, voyez-vous ça. Benoît Richard dit la bio. La photo ne doit pas lui suffire, semble-t-il. On n’en saura pas plus. Et pour ce qu’on en a foutre, de toute façon.

Terrains très vagues

Craquer des allumettes en plein orage, nager le crawl dans le sable, tirer la langue aux pêcheurs, dégainer sa batterie en plastique, sa guitare gonflable et booker des sirènes pour assurer les chœurs, jeter des cacahuètes aux poissons en pensant aux gens heureux qui ont posé des RTT. Toujours aussi surpris par ces gens osant la radicalité bruitiste, le premier degré saturé et le chant de travers comme dans un (vieux) film d’Hal Hartley, je dois avouer. Je repère un emprunt à dEUS sur Bruce Song : l’aurais-je écrit, si je n’avais pas su qu’ils étaient belges ? C’est une bonne question, tiens. Je passe au morceau suivant : I Met Her Online. D’un coup, les enceintes me mordent les pieds. J’ai 20 ans. Les cheveux longs. Une gueule de con. Et l’horizon à mes pieds me suppliant de le raconter ; la nostalgie, c’est un cancer. Balayée par les larsens. Une balade en montagnes russes au plat pays, le cornet de frites molles manquant de tomber par-dessus bord dix fois, cent fois. Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague. En Belgique, ils n’ont ni pétrole, ni idées, ni gouvernement. Mais ils ont Sueellen. Allez, ressers-moi de ce truc qu’elle buvait pour oublier. C’était quoi, déjà ?

Sueellen // Sueellen // Autoproduit (la Baleine)
http://www.myspace.com/sueellenband

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