On a commencé par l’écouter d’une oreille inattentive et puis peu à peu, il est rentré dedans : le 14ième de Stereo Total est une sucrerie parfaite qui ne fait pas mal aux dents. Son nom, « Ah ! Quel Cinéma » dit tout de cette carrière tarantinienne où tout se mélange un peu, à l’envers et à l’endroit, depuis 24 ans déjà. Et même si tout est clair dans ce brouillard franco-berlinois, on a quand même pris le temps de causer avec Brezel Göring pour mieux comprendre ce bordel yeah yeah.

En regardant votre discographie, on est surpris à la fois par la longévité et la régularité de vos sorties depuis 1995. C’est quoi le secret de fabrication pour durer et durer encore, alors que la majorité des groupes ayant débuté en même temps que vous ont tous raccroché les gants ? 

Il y a plusieurs secrets : se laisser inspirer par tout et rien. Faire de préférence de la musique avec des amis. Ne pas penser à une carrière, mais plutôt à une expérience dans le monde de la musique. Produire quelque chose de personnel. Et jouer, s’amuser.

La bio parle de moyens réduits au minimum pour l’enregistrement de « Ah quel cinéma », vous pouvez nous en dire plus ? 

Il y a de plus en plus de moyens sophistiqués pour enregistrer des albums, des programmes qui rendent tout parfait. Nous détestons la perfection. Voici comment nous enregistrons en ce moment. Nous allons dans notre cave yéyé. Nous essayons quelques trucs. Nous enregistrons immédiatement la batterie et une guitare ou un orgue, plus une voix pilote. Ensuite, nous enregistrons quelques autres instruments, et une ou deux pistes de chant. Nous enregistrons avec un magnéto à cassettes 8 pistes. Nous mixons avec notre mixeur analogue. Nous ne réparons jamais nos erreurs, un canard reste un canard, nous voulons faire de la musique vivante.

« Votre high-tech, mettez-la vous là où vous voudrez, on s’en balance. »

Cet anti professionnalisme, qui est presque devenu l’une des marques de fabrique du groupe, est-ce un manifeste pour vous ? Une condition d’exister en marge du « système » ? 

C’est une question de goût. Bien que nous utilisions beaucoup de synthés, que nous soyons non seulement « Rock » mais aussi « Électro », nous n’aimons pas les sons clean et froidement synthétiques. Nous sommes un peu restés punk. Et bien sûr, ça fait plaisir de dire : votre high-tech, mettez-la vous là où vous voudrez, on s’en balance, parce que nous, nous avons un son super avec notre matériel de marché aux puces !

A quoi ressemble votre « Paris-Berlin », sorte de ville fantasmée qui n’existe que dans votre tête ? 

Françoise est restée une éternelle touriste, et elle joue beaucoup dans ses chansons avec les clichés sur l’Allemagne et sur la France. Nous habitons ici depuis longtemps, alors évidemment, nous constatons que Berlin a énormément changé, et pas seulement d’une manière positive. Des gros requins de l’immobilier essaient de nous faire la vie dure. Néanmoins, la ville est très intéressante pour nous qui sommes musiciens. Il y a une communauté d’artistes vraiment chouette ici. Les musiciens ne pètent pas plus haut que leur cul, le piston ne joue aucun rôle, et on fait beaucoup de projets ensemble.

Sur tout vos albums, on trouve toujours au moins un tube tout droit sorti d’un cinémascope 60’s; là en l’occurence, c’est Ich Bin Cool (qui me fait pas mal penser au Cool in the pool de Holger Czukay). Ça vous vient toujours aussi naturellement entre les doigts ?

Nous aimons les mélodies. Françoise est super fan des chansons françaises des années 60. Elle collectionne des vieux 45 tours. Cela s’est produit assez tard, car lorsqu’elle était adolescente, elle n’écoutait que du hard-rock ou du heavy metal.

« Avec Jacno, on n’a pas pu terminer notre dernier enregistrement. Pour l’instant il n’y a que la musique, on dirait du Krautrock, on dirait CAN. Enfin CAN plus Jacno évidemment ».

Vous êtes souvent associé à Jacno, de par votre amitié et vos collaborations, pourriez-vous m’expliquer comment tout a commencé, et pourquoi votre relation a été aussi solide jusqu’au bout ?

Un ami commun (Hervé Cabine qui fait souvent nos pochettes avec Paul Cabine) a organisé notre rencontre. Il avait un projet « Disko Cabine », dans lequel des musiciens français devaient faire un morceau avec des musiciens allemands. Super ! Nous sommes devenus tout de suite copains, Jacno nous appelait les Teutons et il était très amusant. Si son téléphone sonnait par exemple, il disait toujours d’un air hautain : « Qui me dérange ? » Nous avons enregistré ce premier morceau ensemble qui s’appelle Mars Rendez-Vous. Ensuite nous nous sommes revus à Paris ou à Berlin et nous avons fait d’autres collaborations [On retrouve notamment Stereo Total sur « Tant de temps », dernier album de Jacno, Ndr]. Malheureusement, nous n’avons pas pu terminer notre dernier enregistrement, pour l’instant il n’y a que la musique, on dirait du Krautrock, on dirait CAN. Enfin CAN plus Jacno évidemment. Notre seule consolation de devoir mourir un jour est de rencontrer Jacno dans l’Enfer du Rock’n’Roll et de terminer cette satanée chanson.

Bon je dois vous avouer que j’ai toujours eu tendance à confondre (bêtement mais surement) Stéréo Total et Stereolab. Vous auriez un tips à me donner pour m’aider à ne plus jamais faire cette erreur ? 

Tu n’es pas le seul. Une fois, c’était horrible, nous recevions sans arrêt des messages de gens désolés et inconsolables, et nous nous demandions : Mais que se passe-t-il ? Jusqu’à ce que Ministeck, notre « webmaster » nous explique que Mary Hansen de Stereolab s’était fait écraser par un camion à London, et que tout le monde croyait que c’était Françoise Cactus qui était morte ! Ça nous a fait froid dans le dos. Pour que de telles anecdotes fâcheuses ne se reproduisent pas, voici notre tip. Nous sommes un duo, nous ne sommes que deux, nous sommes totalement stéréo, bref, nous sommes Stereo Total.

Stereo Total // Ah ! Quel Cinéma ! // Tapete Records
https://stereototal.bandcamp.com/album/ah-quel-cine-ma

https://open.spotify.com/album/4WnKiGNV8pM9cru3AuDvrt?si=y3RFszR9SqiDPLTb09lhPw

3 commentaires

  1. on n’a retrouvé l aptiotte culotte la japonaiserie … y’a vait longtemps qu’on l’avait pas reniflé & on se l’eatait refilé entre potteaux. Stay Tune pour la suite……

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