Lors d'une nuit trouble où quelques hallucinés électroniques nommés Starter s'enfilent un live au Spex Club de Bern, le petit Stephan Eicher sert des verres.

Lors d’une nuit trouble où quelques hallucinés électroniques nommés Starter s’enfilent un live au Spex Club de Bern, le petit Stephan Eicher sert des verres. Pour le plus grand bonheur des punks déjà entamés.

L’eau perle encore le long de ses cheveux bouclés et transpirants. Le concert est terminé. Stephan Eicher vient d’enregistrer un album. 16 septembre 1980. Sans les Noise Boys. Ce soir, comme dans toutes les soirées alternatives de l’époque, les flics dégainent facilement le képi, histoire de débarrasser le pavé de tout un ramassis de jeunes enfants de la décadence au rimmel coulant. Le groupe, le public, tous sont déjà prêts à dégobiller du « oui monsieur l’agent », le bar se vide. Stephan en profite pour se faufiler tel un lemming dans les coulisses de son bar. Les rixes s’achèvent. Il est seul. Les instruments du groupe sont restés. Au menu: un Korg MS20, un Roland Promars et une boite à rythme CR78 abandonnée par le groupe.

Stéphan Eicher a longtemps attendu. Toute son enfance presque, reclu au fond d’un bunker familial d’où s’échappe le son des boites à rythmes disséqués par le père jazzman. Génétique oblige, le gamin prend vite goût aux sons tripés. La suite, on la connait: Formation du groupe Noise Boys à seize ans, début d’underground à Zurich. Dépourvu de ronds au fond du Levis, Eicher rentre sur Bern les week-end, joue les serveurs en attendant mieux. Jusqu’à cette soirée sans son groupe. Visiblement démonté, le garçon sort un dictaphone, se met à jouer, gueulant tel un damné, enregistrant sur son recorder de poche sept putains de reprises de son band au son aussi dégueulasse qu’un élan en décomposition. A l’entracte, Eicher sert un « Sweet Jane » du Lou à s’en décoller la machoire synthétique. Instrumental, organique, minimal glaçon, l’action suicidaire des nappes se perd dans les modulations sanguinolentes. Une sacrée soirée, comme on dit.

Remasterisés après avoir était tiré à 750 exemplaires dans le temps, ces « tubes » undergrounds qui faisaient mouiller les radios pirates helvétiques refont surface avec une influence vocale suicidaire. Alan Vega n’est sûrement pas loin…

Quand une foutue anecdote cimente une galette 30 ans plus tard pour trois réactionnaires et autres nostalgiques du son noir, Stephan Eicher spielt Noise Boys. Ça coule mec.

Stephan Eicher // Spielt Noise Boys // Born Bad

http://www.myspace.com/spieltnoiseboys

20 commentaires

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