Speed 17, c’est ce que le milieu éditorial français aura fait de mieux, de plus snob, de plus précieux: une maison d’édition qui se résume en 14 livres tous plus pointus les un que les autres.

Dirigée par un jeune homme que rien ne prédestinait à devenir le beauf cathodique par excellence qu’il est maintenant, Philippe Manoeuvre se voit propulsé directeur d’une collection financée par les Humanoides associés, in the late 70’s. Avec les pleins pouvoirs, sachant de quoi ce mec est capable, on pouvait craindre le pire. Parce qu’unique personne capable en France de taper dans le dos d’Yves Adrien et lui demander:

– ”Alors Coco ca gaze?”

Le même Yves Adrien dont il publiera par la suite chez Speed 17 le premier et seul unique vrai livre.

Manoeuvre fait donc ici preuve d’un réel génie. Et d’un avant-gardisme sans borne, suivant à la lettre les conseils avisés de Philippe Garnier qui remplit à ses cotés les mêmes taches qu’un Claude Pelieu chez Christian Bourgois. Alors que Garnier reste le correspondant américain de l’époque dorée de Rock&folk, ce n’est pas un hasard si on retrouve deux des premiers romans de Charles Bukowski traduits en français chez Speed 17, Garnier et Bukowski son voisin de palier à Los Angeles… Manoeuvre publie donc ce que Garnier traduit.

Et quel flair, ces trois Hunter S Thompson, dont deux recueils d’articles de sa période Rolling Stones magazine. Le nouveau et L’ancien testament Gonzo, devenus depuis lors cultes et introuvables, et sa traduction des Mémoires d’un vieux degueulasse de Bukowski, deviendront mythiques. Les lecteurs devant aujourd’hui se satisfaire d’une traduction bâclée et publiée sous le nom du Journal d’un vieux dégueulasse. En passant par cette obscure petit livre répondant au nom des Barons de Brooklyn écrit par un certain Harlan Ellison, qui livre un reportage Gonzo sur un gang de jeune blouson noir de Brooklyn. Bien avant des gens comme Tom wolf ou Thompson, on trouve dans ce livre tous les ingrédients qui feront les beaux jours du nouveau journalisme.

C’est un univers, exclu des maisons d’édition française depuis Maurice Girodias et Christian Bourgois, que propose cette petite maison d’édition.

Le plus culte des livres publiés par Speed 17 reste bien le livre de Robert Greenfield, S.T.P. A Travers L’Amérique Avec Les Rolling Stones, présenté par le peu de gens ayant eu la chance de le lire comme une version livresque de ce que fut le Cocksucker Blues de Robert Frank au cinema.. 400 pages de débauches Stoniennes et de pur rock n’ roll. Quelques exemplaires surnagent encore au marché noir couleur Rock’n’roll, à 30 euros l’exemplaire – parfois plus, selon les auteurs. Testament d’une époque, témoignages d’un parcours, une belle oeuvre d’audace dans un pays giscardien.

Tout ici est dans le détails des couvertures, qui sont autant de petit chef d’oeuvre pop, jusqu’aux quatriemes de couverture enigmatiques. Exemple avec celle du Novovision d’Yves Adrien par exemple, sorte de petite poème en prose post punk:

Dandysme nucléaire,le Novö vous suit
Du bureau à l’aéroport et de la piscine
À la mort:splaaash!

Etre novö c’est s’avancer vers la mort armé
D’un novömatik à infrarouge: s’avancer vers
Le miroir avec l’idée d’y réussir,finalement,
Un parfait polaroïd de soi même.

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