Imaginez que Koudlam et Carpenter Brut se laissent pousser le bouc et décident, après un 43ième pastis avec Patrick Bosso, de se lancer dans un hommage synthétique au film "Heat", imaginez que Sami Naceri se lance dans un remake de "Taxi Driver" avec Kavinsky sur la banquette arrière, imaginez enfin que le premier degré ait été exécuté sur un parking à deux heures du mat’ par un Al Pacino bien vénère sur la boite à rythmes, et vous aurez une idée à peu près exacte de la violence offerte aujourd’hui par Sosie de Robert de Niro dans Heat.

La première fois, ca fait le même bruit qu’une sirène de police. Ceux qui ne rigolent qu’aux blagues intelligentes, ceux qui s’offusquent à la première fausse note, qui ne supportent que les disques à 5 clefs dans Télérama et les films avec Isabelle Huppert ne s’en relèveront pas. Pour comprendre la musique héroïque livrée par Sosie de Robert de Niro dans Heat (SDRDNDH pour les intimes), trois règles impératives :

1. avoir vu plus de dix fois le chef d’œuvre de Michael Mann, au point de connaître au moins 3 répliques par cœur, dont la plus essentielle : « Tu dois surtout pas t’attacher aux choses dont tu ne pourrais pas te débarrasser en 30 secondes montre en main si tu voyais pas les flics se ramener dans le coin ».

2. avoir accroché toute notion du bon goût au vestiaire puis avoir enfoncé la clef dans le fondement de la première mule mexicaine passant à portée de main.

3. savoir s’extasier en boucle sur une nappe de synthétiseur déniché sur le Bon Coin, et être capable de sauter au plafond en attendant un mec du sud chanter des chœurs aigües pastichant le « You fuck my wife » de qui vous savez.

Passé ce préambule, c’est l’hallali, le paradis pour toute personne anormalement constituée. Aussi vulgaire, atypique et stylée que le bouc de Neil McCauley, héros du film de Michael Mann, la musique de Sosie de Robert de Niro dans Heat c’est à la fois Berlioz et Nous Ç Nous, c’est Principles of Geometry rencontrant les Inconnus sur le Vieux Port, c’est enfin un condensé de tous ces groupes des années 2000 qu’on a tant aimé (Dondolo, Destin) et qui n’ont pas marché mais qui, pourtant, restent mille fois plus puissants que tous les projets composés sérieusement par des musiciens qui n’iront pas plus loin que De Niro dans la scène finale de Heat.

Sosie de Robert de Niro dans Heat, qui es-tu ?

SDRDNH, au départ, c’est José, 34 ans. L’homme à l’accent mi-marseillais mi-droide du futur dit être tourneur-fraiseur au civil, et avoue sans interrogatoire regarder Heat « au moins 1 fois par jour ». A l’heure où l’on écrit ces lignes, il aurait dixit « maté le film 7856 fois après avoir eu un coup de foudre pour le seul film où De Niro porte un bouc ». Coup de bol pour José : il ressemble à Robert. Et décide donc de faire, comme lui, cavalier seul, sur des chansons-concepts mixtant hommages à l’art des sosies, répliques extraites du film et grosses punchlines avé l’accent type « C’est le calme avant la tempête / Avant le chant des 9 millimètres ». Vous avez le droit de passer votre chemin, c’est vrai ; mais il est également vivement conseillé de tomber les deux pieds devant dans cette furie wagnérienne novoïde autant capable de ridiculiser le ridicule que tous les projets synth-pop entonnés par des apprentis trous du cul bientôt reconvertis en chef de projet dans le tertiaire.

Ville Fidji, nouveau titre publié pour soutenir sa campagne de financement de son prochain EP, est un chef d’œuvre méta tel que le plus pété des cerveaux de votre entourage ne saura jamais en produire. Et bien sûr, José pousse la mise en abime jusqu’à y raconter l’une des scènes mythiques de Heat, quand Neil fait la connaissance de celle que plus tard il abandonnera devant un hôtel pour buter cette raclure de Waingro. Les vrais savent.

Confessions intimes

Tout cela, donc, ne pourrait être qu’une bonne blague méridionale pastichant l’accent sudiste comme une dédicace inconsciente au soleil de Miami Vice, autre sommet de l’œuvre Mannienne. Ca pourrait. Sauf que Sosie de Robert de Niro dans Heat a poussé le bouchon très loin. Jusqu’à piéger une journaliste de l’émission Confessions Intimes (voir la vidéo ci-dessous), puis sampler cette discussion pour en faire un morceau à écouter comme une discussion de sourds monophonique entre un génie et une recruteuse de sosie pour ménagères de moins de 50 ans.

Comme on n’imaginerait pas De Niro en train de filmer sa vie normale et ses hémorroïdes ou Superman pissant sur la cuvette, la vie, la vraie, de José, et ses turpitudes de tourneur-fraiseur, reste forcément intéressante que ce personnage de fiction crée de toute pièce. C’est quoi le « spirit » de Sosie de Robert de Niro dans Heat ? La philosophie ? « Ne jamais se laisser barrer la route me dit-il par mail, faire le job en trente secondes montre en main… quoi qu’il arrive, quoi qu’il en coute ». A écouter ses chansons moins stupides qu’elles en ont l’air, c’est un bon braquage. Quant à savoir ce que lui ferait en cas de descente des flics, la réponse est à la hauteur : « je decampe pas… […] mais même en admettant que je sois cerné (LOL), je passerais par les cuisines du motel ». Voyez, ce mec blague pas. Souhaitons maintenant à ce sosie qui ne ressemble à personne une meilleure fin qu’à son héros, et espérons qu’il saura s’embarquer pour une tournée des Zenith en Renault Fuego.

Le prochain tube La police et la presse est à découvrir ci-dessous en exclu. Et pour commander le prochain EP via Kickstarter, c’est par là (restent 20 jours).

 

1 commentaire

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