Pas de Vin Diesel. Pas de Corona. Pas de reggaeton. Pas de jeux de mots impliquant des joints de culasse ou des jantes. Voilà le bref et triste portrait du dernier Fast & Furious, qui s’éloigne lentement mais sûrement de ses clivantes origines.

Début 2000, deux producteurs ayant déjà travaillé avec Paul Walker sont à la recherche du thème de leur prochain film. Paul veut de la course en bagnole et du flic infiltré. Fouilleurs invétérés, ils lisent un article du magazine Vibe consacré à des rodéos dans la région de New York. On est en plein dans 60 secondes chrono – sorti en juin de la même année – et la côte Ouest américaine quand elle se pare de bagnoles pimpées est alors au top de sa forme.

Ce sera donc le thème et le lieu du film, doublé d’une question de contre-espionnage avec un Brian O’Conner mi-flic mi-tuneur illégal. Vin Diesel porte alors encore les lauriers de son Pitch Black les Chroniques de Riddick en français – et la production pense bien vite à lui. Tout est en place.

Résultat de recherche d'images pour "paul walker vin diesel"2001 : Mythologie tuningesque du premier épisode

Fast and Furious nous renseigne sur comment des passions peuvent imprégner nos vies. Dans nos mots tout d’abord. Les joutes verbales évoquent indirectement la taille des pénis en la rapportant à celle des pompes à injection, des jantes et des pots d’échappement. On découvrira qu’il est possible d’éprouver de la honte si la voiture qu’on possède n’est pas dans les normes.

Alors qu’ils engloutissent du porc cuit dans le demi-bidon d’essence qui leur sert de barbecue en buvant de belles Corona, on sera également surpris d’entendre Jesse – le pro de l’électronique – prononçant un bénédicité louant un Dieu pourvoyeur de nitroglycérine pour faire bouffer toujours plus d’asphalte aux voitures. Toujours plus loin, toujours plus fort.

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Toute cette culture part à vau-l’eau au fil des épisodes et précisément dans le dernier dont le titre canadien nous a séduits. Le reggaeton qu’on entendait en fond sonore s’estompe pour laisser place à quelques passages de funk pas dégueu. On remarquera même des allusions au monde du rock à travers Keith Moon et Mick Jagger. Rock, tuning ? On imaginerait les Hells Angels avec des néons sur leurs motos ?

Aussi, même le dernier des cinéphiles aura en tête l’association d’idée entre Fast & Furious et le tuning. Qu’est-ce que cette franchise si ce n’est une ode au tuning et aux familles qu’il réunit ? Dans le dernier volet fort de ses 135 minutes, pas l’ombre d’un néon ou d’une jante un tant soit peu pimpée. Jason Statham aurait même plutôt une bagnole à la James Bond, qu’il conduit dans les rues de Londres et non de Porto Rico ou autre paysage ensoleillé cher à la franchise.

La joute verbale demeure entre Dwayne Johnson et Jason Statham mais elle revient à l’état de simple guerre de cockers, sans qu’on ne puisse se réjouir de découvrir de nouvelles répliques à sortir à ses amis férus de cylindrées.

Fast and Furious : le glissement sémantique de trop

« Au fil des épisodes » disions-nous. Eh bien oui, cette franchise vieille de bientôt vingt ans témoigne d’un triste glissement vers l’uniformisation des films d’action. Nous avions des films riches en courses de voitures et dans ce dernier opus nous tombons sur deux personnages qui luttent contre un ancien ennemi de Jason Statham ressuscité par une sombre entreprise qui a pour projet de faire régner des hommes augmentés sur notre planète en perdition.

Comment se fait-ce ? Le contenu évolue mais pas son nom, nous faisant prendre des vessies pour des lanternes. Si le propos ne vous touche guère, imaginez un James Bond sans Q, l’accent américain et buvant des demis de Picon.

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