Filip des 2be3 est mort et en visionnant près de 15 ans après ce qui a été à l'origine de l'éveil sensuel d'un pourcentage non négligeable de jeunes femmes de ma génération.

Filip des 2be3 est mort et en visionnant près de 15 ans après ce qui a été à l’origine de l’éveil sensuel d’un pourcentage non négligeable de jeunes femmes de ma génération, un mot s’est imposé à moi : «PUTASSERIE».

A l’époque, ces types à la chemise largement ouverte et aux chorégraphies improbables me faisaient tout juste sourire, mais avec la maturité (et l’aigreur associée), j’en suis logiquement venue à considérer que le spectacle offert était simplement putassier. Je pars sciemment de l’exemple des Boys bands dont il est trop facile de dire : « Ce n’est pas de la musique ». Ce n’est pas de la musique mais ça s’est vendu gravé sur CD, c’est passé en radio et ça a été diffusé à la télévision lors de prime time devant lesquels nous étions tous collés. Faire usage de son sens critique n’a rien d’inné et pour notre génération biberonnée au fascinant clip de Sabrina Boys, Boys, Boys. A un degré plus un moins conscient, musique et vulgarité sont insidieusement liées.

MTV et Madonna ont fait le reste et l’an 2000 a marqué l’avènement d’une Kylie Minogue version micro-short lamé. Le scud s’intitulait Spinning Around et cet épisode a marqué ma première confrontation consciente au phénomène de la putasserie musicale. La mise en scène de clones de Barbie et de Ken hyper-sexués sur une musique hyper-calibrée n’était pas loin d’être aussi excitante que le port des talons aiguilles de maman, lorsqu’on est enfant. Je réalisais que le retour de l’australienne tenait au moins autant à la bonne idée de la costumière (associée à la paire de fesse intelligente de Kylie) qu’à la qualité de ses nouvelles productions.

Et loin de me révolter, cette idée me fascinait.



Un peu plus tard, l’Electroclash s’est imposé à moi comme l’aboutissement du phénomène de la putasserie musicale, lorsque celle-ci a dépassé le stade de la simple recherche d’ordre « esthétique » pour muter en putasserie sonore. Dans la même veine que la musique utilisée pour habiller les clips de Britney Spears et de ses consoeurs, l’Electroclash était régressive et addictive. La recette était simple : des mélodies pop basiques servies par une instrumentation à base de nappes de synthés sur lesquelles une voix robotique récite, atone, des paroles gentiment salaces. Sans prétendre que la putasserie est le degré 0 de la création artistique, le résultat est pourtant aussi délassant qu’une lobotomie : j’étais conquise et ma passion pour ces musiques simplistes n’a fait que s’accroitre en suivant le cours naturel de ma paresse intellectuelle.

Je suis désolée de constater que la jeune femme que je suis (et que je voudrais moins influençable que la moyenne) est à ce point fascinée par la vulgarité musicale, pourtant j’assume sans problème d’être en mesure de chanter en playback sur les derniers singles de Britney Spears. Chez moi, le mauvais goût est devenu une habitude à laquelle il me couterait trop de renoncer. Or c’est officiel, l’heure est venue de justifier cette attraction pour la putasserie et les Inrocks eux-même s’y emploient, affichant récemment Lady Gaga en couverture du support. Ce dernier avatar de la blonde peroxydée MTV y est présentée comme la fille cachée de Madonna et de Warhol. Risible à première vue, la comparaison est loin d’être inepte : l’imposture artistique cherche une légitimité qu’elle semble trouver dans la vulgarité… à la grande satisfaction de l’industrie de l’ « entertainment » musical.

26 commentaires

  1. Bien pour l’article, c’est vrai que les mini short lamés ont fait beaucoup pour Kylie.
    Et ces putes de la pop sont très bien entourées, la production est la plupart du temps aux petits oignons; après, ça ne les empêche pas de lâcher des daubes mièvres ou sans intérêt.
    Dans l’ensemble je trouve que ça passe mieux quand elles font un truc dansant, qui fait bouger. Souvent leur premier titre tiens un bon beat qui fais bouger, puis elles se lance dans une ballade foireuse et c’est tragiquement pourri, on a envie de les insulter et là on a le droit. (on avait le droit même dès le début). Genre Rhianna qui sort son SOS bien calibré dancefloor, puis elle sort umbrella, chanson durant laquelle on se fait chier ferme, et en plus on peu pas danser dessus.
    Je trouve que Toxic de Britney est une très bonne chanson par exemple.
    Et puis bon il faut relativiser, d’accord c’est des daubes, mais faut voir l’usage qu’on en fait. On a pas tout le temps besoin de bons trucs, adoubé par l’underground, fin en arômes comme un filet de saint pierre aux herbes. Une bonne pizza Britney-champignons accompagnée d’un hamburger dégoulinant de sauce Kylie et d’un coca, c’est un plaisir dont il faut se déculpabiliser.

    Pour ce qui est de l’electroclash, je voyais en certains certains groupes comme le Tigre ou Chicks on speed des heritières des femmes du post punk, mélangeant hédonisme pop et post feministe, pas seulement de la putasserie. Après, ça n’allait pas chercher bien loin non plus musicalement, ça restait simple et très efficace.

    Allez la bise les jeunes

  2. Alors cela, tu peux m’en foutre. C’est quoi d’autre? Sinon de quelque chose de typiquement féminin?

    Tu racontes la possibilité putassassière, l’amour de la légèreté, l’ode à la sexualité suggérer, le sérieux des apparats…

    Qu’est ce donc sinon les attributs même de la féminité ?!

    Crois moi, il n’y a pas de quoi rougir.

  3. Non mais c’est vrai Lady GAGA c’est l’euro-dance qui a réussi à se faire une place dans la bonne société des arts et des lettres !!!

    La couv’ des inrocks m’a sidéré et j’ai essayé de comprendre pourquoi elle était crédible et 2 unlimited et consorts considérés comme des grosses daubes en leur temps

    A part le fait qu’elle cite warhol et qu’elle aie un machine de guerre en marketing, je ne vois pas

    L’electro-clash a été une partiellement une solution pour rendre visible la techno qui n’avait pas vraiment d’images ni de stars, c’est à dire la rendre plus rock

    Car n’oublions pas qu’être arrogant, c’est une attitude rock qui a TOUJOURS payé !

  4. Amicale Lycanthropique de Cornouaille, je tiens à préciser que ce ne sont pas de simples pilules chimiquement suspectes que les humains ingèrent malgré eux dans Soleil Vert : ce sont leurs morts… « Soylent Green Is People », remember!

  5. moi j’aime pas cette merde, là…

    Mais j’adore bouffer McDo (non vraiment, à part le Whopper, rien ne bat le Big Tasty)

    Et les Inrocks, je comprends pas… ça n’a jamais été crédible, les couv’ ont souvent été bidons…

  6. Le son putassier, c’est collant aux oreilles. On ne peut s’y soustraire et parfois, on cache ces galettes sous le lit et on y revient. « I can’t get you out of my head » remixé avec du New Order où comment les années 2000 ont tenté le hold-up du siècle en inscrivant le mainstream comme branché. N’avez-vous jamais entendu dire que « Toxic » est une excellente chanson de par sa production? Les 00’s sont-elles les années du cynisme et du chaos? Kurt Cobain n’aurait-il pas entrevu l’horreur à venir en se voyant utiliser sur du Destiny’s Child par les 2 Many DJ’S et aurait préféré se suicider?

  7. ouais, mais la putasserie est intrinsèque à l’homme. tout en lui l’appelle, car l’esthète n’est finalement qu’un tocard qui se la pète, genre ces foutus rock critiques ou ces maudits collectionneurs de disques.
    et après, on te fait croire que des bidules comme XX sont épatants. et le pire est que certains les croit…
    à côté, le phénomène boy bands est finalement compréhensible…

    http://presque-fameux.over-blog.com

  8. Mais Toxic est une excellente chanson, c’est pas parce que c’est Spears qui la chante qu’il faut la haïr par principe – après tout ça aurait pu être chanté par n’importe qui d’autre et ça n’aurait pas changé grand-chose.

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