Cette année encore, l’Américain Pitchfork fera sécher ses chemises à carreaux du 1er au 3 novembre à La Villette, avec à l’affiche des musiciens superbement ennuyeux. Si vous ne comprenez pas le sens de cet oxymore mal ficelé, peut-être est-ce parce que vous n’êtes pas au courant que le réel organisateur de ce défilé de starlettes n’est autre que Super, tourneur parisien ayant placé quatorze de ses artistes sous contrat sur les vingt-huit que compte cette édition, euh, indépendante. L’occasion de revenir sur un phénomène en vogue chez les promoteurs de spectacle : la consanguinité musicale. Qui fait des petits, toujours plus étranges.

« C’est en imitant les autres qu’on ne ressemble à personne. » La phrase est écrite en gros sur les campagnes d’affichage ; elle trône fièrement sur le ventre des bus comme au dos des kiosques. Au premier abord, on se demande ce que cette punchline d’Europe 1 pour les imitations de Canteloup vient foutre dans un papier sur la nouvelle édition du Pitchfork Festival. On se dit que l’arrivée de ce gros bébé joufflu qu’est devenu le média online américain dans le paysage français n’est finalement pas pire qu’autre chose — le succès de la Japan Expo, le Salon de l’Agriculture, la prog de la fête de l’Huma… — et qu’après tout il y a déjà tant de festivals horribles — pour la plupart sous perfusion des fonds publics — que mieux vaut se taper les sonates diurnes des Grizzly Bear qu’une mauvaise gueule de bois au Printemps de Bourges. Vu le titre de cet article, il serait de bon ton de pilonner sec et tous azimuts sans chercher à comprendre les origines de ce flou artistique ; suffirait alors d’une petite sortie sur Sébastien Tellier et ses cochonnailles auditives et d’un petit trait d’esprit sur l’ambiance du festival — « pour tout achat d’un billet, distribution gratuite de Tranxene à l’entrée ! » — pour enfiler fièrement le costume du chevalier blanc, ou, plus concrètement, la tenue du « type à qui on la fait pas », genre incorruptible du dimanche. Bref. Dénoncer le fait que l’édition parisienne du Pitchfork Festival n’a de Pitchfork que le nom et que l’ensemble de la programmation est pilotée en sous-main par un tourneur spécialisé en booking de groupes US branchés, ça ne nous fait pas pisser bien loin.

Avant tout cela, et avant même la première édition en 2011 de cette réunion de mous du genou, il y a eu ce que j’appellerai le « syndrome the Tings Tings ». Le principe ? Un groupe doté du charisme d’un lémurien en fin de vie parvient, en dépit d’un talent de composition invisible à l’œil nu, à s’imposer sur la quasi totalité des festivals d’été, de Rock en Seine à Garorock en passant par la fête du bled pourri juste à côté de chez toi. Comment tel hold-up est-il possible ? On conseillera aux curieux de lire et relire le papier de fm-r Info consacré au « baromètre Dionysos », soit le classement consacré aux artistes les plus programmés d’avril à octobre 2012. En tête, on retrouve, hélas et sans surprise, Zebda avec 36 programmations, suivi par Shaka Ponk (25) ou encore le mongolisme à huit mains de C2C qui, avec ses 21 programmations en un seul été, prouve qu’on peut avoir le quotient intellectuel d’un enfant de CE2 et malgré tout divertir les foules le temps de trois chansons composées sur un Télécran. Je ne vais pas refaire ici l’histoire de la pop music ni défendre la veuve et l’orphelin : hormis dans les films américains, c’est toujours le héros consensuel et un peu lisse qui gagne à la fin.

Comme avec les tourneurs Nous Prod et Radical pour Rock en Seine, ou encore Alias pour le festival des Inrocks, le Pitchfork Festival édition Paris est donc un festival de promoteur, qui profite de l’occasion pour fourguer la moitié de son roster. Owh, what a big deal. Si mainmise des médias cools et concentration des pouvoirs semblent en énerver plus d’un — « Ce nouveau rock pseudo indie à moustaches est le nouveau mainstream », dixit un patron de label français — plus personne ou presque n’ose l’ouvrir sur ce qui s’apparente de plus en plus à un monopole du divertissement.  D’un côté, il y a les médias qui veulent être listés pour éviter de payer leurs places – « au cas où ce serait nul, je pourrai me barrer sans scrupule », de l’autre des labels qui prient secrètement pour que leurs poulains soient programmés. Au milieu, un public qui s’en fout de cette traite des Noirs des temps modernes, lui qui viendra chèrement déguster (129,90 € le pass 3 jours) ces concerts qui jamais ne débordent sur l’horaire prévu. Mais enfin, tout ça n’est pas bien grave. Aux frontières de l’Europe, des enfants meurent sous les bombes syriennes, alors qu’à Paris 2000 hipsters se rejoignent sous un chapiteau clignotant pour se taper bêtement la tête avec la bible Animal Collective. Un problème de riches, donc.

Cette lente érosion de la diversité artistique, qui explique que la majorité des programmations de festivals est désormais la même, et ce qu’on habite Paris, Marseille ou Saint-Étienne, ne sort pourtant pas de la cuisse de Jupiter. Face au lent déclin de l’industrie sidérurgique musicale et à cette crise économique qui nous oblige à télécharger illégalement le nouvel album d’Arcade Fire plutôt que de le voler à la Fnac, pas compliqué de comprendre que nos tontons flingueurs de tourneurs préfèrent désormais maîtriser l’ensemble du show plutôt que d’en déléguer tout ou partie à de tierces personnes. Cela explique – en vrac – l’hégémonie des affiches estivales, la linéarité des tournées, la mort de quelques festivals indépendants (la Garden Nef Party), les difficultés financières des plus résistants (La Route du Rock), le public très « 7 à 77 ans » qui désormais garnit les pelouses de nos festivals où se côtoient toutes sortes d’artistes fédérateurs sur leurs niches respectives (Guetta, Orelsan, La Femme, etc.) et la génialissime invention d’éco-festivals pour égayer ce qui ressemble de plus en plus à une gigantesque réunion d’alcooliques anonymes.
Autant dire qu’on aurait vite fait de jeter la pierre à Super, agence pourtant méritante avec son catalogue de chanteurs cools qui s’époumonent aux quatre coins du globe. Cynisme mis à part, on se doute bien qu’avant d’en arriver à inviter des poids lourds de son roster — Tellier (erreur de l’auteur, Tellier est chez Uni-T, NDR), M83, Chromatics — à venir faire vibrer les grelots en novembre prochain, les promoteurs parisiens ont bien évidemment pensé à programmer d’autres artistes plus confidentiels. Seul hic de cette logique — et tous les programmateurs et bookeurs français vous le confirmeront —, c’est qu’au pays de Johnny, les contre-programmations et autres paris sur l’avenir n’ont jamais fait vendre de tickets. Un problème qui, aussi structurel soit-il, explique qu’ici plus ailleurs l’artiste doit sortir son nez rouge pour séduire son audience et faire parler de lui pour se faire entendre. « Chaque agent de Super doit gérer une quarantaine d’artistes internationaux et français, avec tout ce que ça comporte de gestion d’égos et d’agendas, confie un tourneur concurrent et néanmoins confrère, du coup ça devient absolument ingérable, et ce sont les artistes français qui trinquent en premier. » Pas besoin d’un Bac + 5 en industrie culturelle pour comprendre que si le Pitchfork Festival ne fait pas cette année encore la part belle aux stars montantes de la pop française (après tout c’est pas son boulot, y’a déjà le BitterSweet Festival pour ça) c’est autant par manque de rentabilité que par commodité logistique (ça coûte forcément moins cher de faire jouer son propre roster plutôt que de payer le prix fort chez la concurrence). Conclusion : quand la musique alternative est elle-même soumise aux lois du marché, elle se retrouve le cul entre deux fauteuils, entre le squat punk à chiens et la multinationale du divertissement qu’est Live Nation. En anglais, on dit middle of the road : à la croisée des chemins, entre la politique culturelle et le divertissement commercial.

Arrivé à ce stade, on pourrait aussi répondre que le public n’est pas intéressé par ce qui se trame en cuisine, et qu’à l’image des groupes programmés au Pitchfork, tout ça c’est beaucoup de bruit pour rien. Partiellement vrai. Faute de succès commerciaux et de billets dans la valise à la fin des concerts, le petit monde de l’indie est aujourd’hui composé quasi exclusivement de salariés du business qui, tous, en connaissent les coulisses, les rouages, les défauts et les petits arrangements entre amis. Mais on a quand même le droit de s’en foutre en répondant que « désormais tous les festivals fonctionnent ainsi et qu’il faudrait voir à pas tirer sur l’ambulance parce que le Pitch’ c’est toujours moins pire que Solidays ». Partiellement vrai, encore. Si le média américain débarque en France avec une programmation digne du plan Marshall — et ça n’a rien à voir avec les amplis du même nom — le plus malheureux dans cette affaire reste de constater que ce qui hier passait encore pour une anomalie est aujourd’hui devenu la norme, et que la consanguinité artistique — le descendant poli du vieux piston — s’est infiltrée dans tous les pores de l’événementiel, des grosses productions qui brassent des millions d’euros aux plus indie des festivals comme Pitchfork, qui font siffler vingt-huit barbus dans un pipeau en plastique. Vous voilà prévenus. Que vous ayez ou non pris votre pass pour le Pitchfork Festival, au moins vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas au premier rang pour assister à ce spectacle d’un, euh, nouveau genre.

http://pitchfork.com/festivals/paris/2012/

(Programmation ci-dessous, en gras la liste des 14 artistes du catalogue Super)



Jeudi 1er novembre

M83
Sébastien Tellier
Chairlift
Japandroids
John Talabot (Live)
Factory Floor
AlunaGeorge
How To Dress Well
DIIV

Vendredi 2 novembre

Animal Collective
Fuck Buttons
Robyn
The Walkmen
Chromatics
The Tallest Man On Earth
Wild Nothing
Jessie Ware
Outfit

Samedi 3 novembre

Grizzly Bear
Simian Mobile Disco (Live)
TEED (Live)
Liars
Twin Shadow
Disclosure (Live)
Cloud Nothings
Purity Ring
Death Grips
Rustie
Julio Bashmore

64 commentaires

  1. Ah, au temps pour moi alors. Merci pour la précision. Je pensais surtout à Jean-Louis Menanteau en fait, patron du festival parti depuis gérer la Cigale.

  2. Les pass sont vendus 130€ et les stagiaires payés 436, mais vous comprenez, c’est comme ça dans le culturel, « on n’a pas beaucoup d’argent, on fait ça par passion ».

  3. mais du coup, pour éviter les malentendus (l’article invite à une légitime méfiance sur la manière de remplir son affiche),
    vers quels festivals se tourner?

    le contre-exemple c’est aussi montrer qu’il n’y a pas de fatalité, et donc que la critique est d’autant plus justifiée

    mes préférences perso : les rockomotives de Vendôme, les Trans de Rennes (même si je les vois surtout de loin ^^), le BB Mix de Boulogne, et par esprit de clocher j’ajoute Nouvelle(s) scène(s) à Niort 🙂

  4. Encore une fois (la première mon message a été tout bonnement effacé), c’est marrant de vous voir cracher dans la soupe alors que vous touchez probablement un joli paquet de sous de la part d’Heineken, hein, pour les Green Room Sessions.

  5. et M83, TEED et Chairlift sont chez Super! Faut bosser un peu plus sérieusement, mec!
    Ton article est très très approximatif, pour ne pas dire tout faux, mais bon, ce que tu veux c’est polémiquer donc peu importe la véracité des arguments…
    Le vrai gros hic, ce n’est pas ce festival (qui est privé, donc Super joue sa chemise, donc fait ce qu’il veut, non?) mais ceux qui mêlent argent public et tourneurs privés de manière plus que flou (en gros, le privé achète ses groupes sur le dos du contribuables. Là, il y a clairement conflit d’intérêt!)!
    Par ailleurs, je ne te comprends pas: tu gueules (à raison) quand les festivals programment toujours les mêmes artistes (Zebda, Shaka Ponk, C2C et cie…) amis tu gueules encore quand l’affiche est pointue et quasi inédite. Faudrait savoir…

  6. Cher Bester,
    Je t’avoue rester circonspect à la lecture de cet article.
    Plusieurs questions me turlupinent, sauras-tu y répondre ?
    1 – pourquoi plus particulièrement le festival Pitchfork alors que tous fonctionnent sur le même modèle, et ce depuis déjà des décennies (l’un des plus gros tourneurs anglais, ATP, ne se cachant même pas derrière un nom ou une « marque », et intitulant ses différents événements de par le monde « ATP festival »)
    2 – « Cette lente érosion de la diversité artistique » dis tu… Euh, excuse moi mais en l’occurrence, de la diversité il y en a. Quel rapport musical et plus globalement artistique entre Simian Mobile Disco et Wild Nothings, TEED et The Walkmen, Fuck Buttons et AlunaGeorge ?!… (cette dernière n’étant même pas barbue)
    3 – « le Pitchfork Festival ne fait pas cette année encore la part belle aux stars montantes de la pop française »… Et M83 et Sébastien Tellier en tête d’affiche, ils sont de Singapour et Sao Paulo ?… 🙂
    Car quoique tu en penses, et quelle que soit l’image que tu en as au travers du prisme de ta position privilégiée d’observateur spécialisé, ils sont bel et bien des « stars montantes de la pop française ». Demande à ta tata de Chateauroux (ou d’ailleurs, je ne connais pas ta tata 🙂 si elle en a déjà entendu parler… Alors après, si dans cette catégorie ne doivent selon toi rentrer que des Mustang, des Aline, des Lescop ou des Concrete Knives, c’est ton droit mais je les qualifierait pour ma part plutôt d' »espoirs de la pop française ». Question de relativité probablement, je suis prêt à en discuter avec toi (c’est toujours un plaisir).

    Au plaisir.

  7. Bravo, tout est dit. Malheureusement monter un festival différent, totalement indépendant et sans réseau professionnel (maison de disque, tourneur établi, multinationale à la Live Nation) est devenu une utopie en France. J’en sais quelque chose, j’ai essayé pendant trois ans avec Spirit Of Eden, qui devait se tenir sur une île dans le sud de la France (tout de même !!) et avait pour vocation de présenter dan un cadre idyllique et convivial les artistes de demain, dans l’esprit du festival (culte) Aquaplaning auquel j’ai contribué il y a 10 ans. Personne n’a suivi. Les sponsors préfèrent le quantitatif que le qualitatif et surtout les têtes d’affiche connues et usées jusqu’à la moelle que les artistes émergents. Sinon, en effet il faut s’acoquiner avec un tourneur ou un label. C’est tiste mais à terme, il va arriver au live ce qui est arrivé au disque. Le gros du public jeune se détournera des festivals au profit d’autres événements comme les Spring Breaks par exemple.

  8. Le sujet est passionnant mais l’article complètement vain et aigri.
    Le fait est que le roster de Super! est de loin le plus fourni en indé branché US (le Français n’a jamais été sa préoccupation) et totalement en adéquation avec Pitchfork : Grizzly Bear, Animal Co, M83 ou les plus jeunes AlunaGeorge ou Jessie Ware sont les artistes les plus discutés par Pitchfork, pas un petit caprice du tourneur.

    Par ailleurs à l’heure où tout le monde chie sur les hipsters et que le mot a perdu tout son sens, assimiler ces branchés aux chemises à carreaux c’est aussi pertinent que de dire que les Chinois font beaucoup de vélo. Elle n’est depuis lgtps plus un attribut du hipster. Tout le monde la porte.

  9. Chers amis (oui je préfère partir du principe qu’on est tous amis, hein)

    commençons par le commencement.

    1. J’ai bien conscience que le ton de ce papier – et plus globalement de nombre de mes papiers – peut sembler arbitraire. Et c’est le cas, puisque je préfère toujours la preuve par l’exemple plutôt que des dossiers thématiques où personne ne se mouille et où tous les noms sont floutés histoire de ne se fâcher avec personne.

    2. J’ai pris soin d’étendre le débat au delà de Super en donnant aussi les raisons qui font que ce qui s’applique à ce tourneur l’est aussi pour nombre de ses confrères. En cela, je préfère mille fois un festival financé par des fonds privés plutôt qu’un rassemblement d’artistes payés par des subventions publiques, donc le but du papier n’était pas de faire de Super le grand méchant de l’histoire. Bref.On vit simplement un tournant dans le modèle économique des festivals et je trouve ça intéressant d’en parler avec un exemple concret, plutôt que de faire comme tout le monde en ignorant/méprisant ce basculement.

    3. Ce que j’aime lire en tant que lecteur, je me l’applique aussi en tant que rédacteur. Libre ou non d’adhérer à mon point de vue, l’idée qui se cache derrière ce papier est d’ouvrir la discussion sur une tendance plus que d’actualité, à savoir les festivals de promoteurs – mea culpa pour l’information sur Tellier (qui n’est donc pas chez Super, don’t acte), erreur de ma part corrigée dans le corps de texte – Encore une fois, et au delà de mes sorties sur C2C et consort, vous n’êtes pas en train de lire Musique Info Hebdo, ici c’est Gonzaï, les gens ont un point de vue subjectif, parfois pertinent, parfois pas. Je m’étonne juste, pour répondre à Matthieu Pinaud, que le festival Pitchfork ne joue pas la transparence et ne mentionne pas simplement un laconique « powered by Super » histoire que tout soit transparent et lu comme tel par les professionnels, le public et les quelques gens comme moi qui ont du temps à perdre le dimanche. Tout serait plus simple ainsi et ça fonctionne de même pour les autres festivals du même genre. Si l’idée qui se cache derrière tout ça c’est l’envie de profiter du nom d’un média pour ramener du monde, eh bien désolé de vous le dire mais je trouve ça terriblement old school. Les tourneurs eux aussi possèdent une esthétique, une ligne éditoriale (surtout Super) et plus besoin de rameuter Pitchfork, Pif Gadget ou Pipeau Magazine pour donner l’envie aux gens de se déplacer pour écouter des artistes qu’ils aiment.

    PS/ cher Malakai, j’ai l’impression que vous avez comme un problème avec le capitalisme au sens large, seriez-vous le petit fils de George Marchais? Je vous ai déjà répondu précédemment (http://gonzai.com/rock-en-seine-2012-industrie-du-passeisme-et-risque-zero/). Et si vous souhaitez qu’on développe, aucun problème pour moi mais là c’est complètement hors sujet. Envoyez-moi vos questions par mail. Sinon je peux également vous transmettre mon numéro de sécurité sociale ainsi que mes bilans comptables sur les quatre dernières années, le tout accompagné d’une dédicace sur un chèque en blanc.

  10. Il y a là un vrai problème de fond qui méritera toujours qu’on y appose les bonnes questions. Il est juste un peu dommage, à mon sens, que le couperet tombe sur le catalogue Super (fort bien nommé dans son registre indie) et ce festival certes taillé pour les hipsters, mais à la programmation stimulante (tout de même…)

  11. C’est vrai que ça peut paraître injuste. Mais de l’autre côté quand on reproche la même chose à Rock en Seine, ça n’effraie plus personne. On se dit que passé une certaine taille, ça a moins d’importance, que c’est moins grave, que c’est normal que ça se passe ainsi, etc etc.
    Il faut comme souvent en arriver aux extrêmes – voire aux extrémités – pour faire réagir les gens.

  12. Mais Super! n’est pas allé chercher la crédibilité d’un magazine « prestigieux », Pitchfork a voulu exporter son festival et c’est à Super! qu’ils ont fait appel.
    Pitchfork n’a pas non plus vendu son festival à Super, les deux entreprises ont presque rigoureusement les mêmes goûts.
    Enfin, il est indiqué partout que PItchfork et Super travaillent main dans la main.

    Le problème n’est pas que ton article soit suggestif, ils le sont tous. Le problème c’est que tu ne dis que des contre-vérités et que ton article ressemble donc à celui d’un bloggeur vénère.

  13. « Le problème c’est que tu ne dis que des contre-vérités » >> oui alors bon ça se discute ça.

    « et que ton article ressemble donc à celui d’un bloggeur vénère » >> écoute là il est 22.08 et globalement tout va bien de mon coté, mais c’est gentil de demander.

  14. C’est tout de même bizarre cette obsession sur la contre-vérité.
    J’ai reçu rien qu’aujourd’hui l’équivalent des commentaires relatifs à ce papier de la part de patrons de labels, tourneurs, gérants de salle, etc, qui me disent qu’ils partagent – tout ou partie – de mon point de vue. Donc soit il y a une part de vrai – ou à défaut un point d’interrogation en suspens – soit effectivement on est tous bon pour aller cramer des fourmis au Zippo histoire de se défouler un peu pour une histoire de frustration mal refoulée.

  15. En tout cas merci Bester d’indiquer que le Bitter Sweet(paradise) est le pendant du pitchfork, c’est vrai que chez nous c’etait pas 130 euros.

  16. Pitchfork c’est l’industrie du cool, les hipsters sont mainstream, Super a décidé d’avoir le mainmise sur tous les concerts branchouille de Paris et c’est pour ça qu’on va plus au Trabendo… A l’est (parisien) rien de nouveau.
    On attend la deuxième partie de l’article : l’alternative. J’ai pas envie de voir Zebda en concert, mais Aqua Nebula Oscillator 7 fois par an, ça me gave aussi. Je fais quoi docteur ?

  17. Bester,
    Je me répète mais Le Pitchfork -Super Festival est privé donc on s’en fout, non?
    Pitchfork et Super s’associent pour organiser un festival (avec une programmation internationale pointue, rare et exigeante) car ils ont une identité artistique commune et des compétences complémentaires (Pitchfork ne sait et ne peut pas organiser seul des concerts à Paris et Super profite du rayonnement et de la com du webzine), où est le problème?
    Rock en Seine (et d’autres festivals) a un tout autre fonctionnement : il embauche avec de l’argent public des programmateurs qui sont aussi agents-tourneurs. Ces mecs sont donc salariés avec des fonds publics pour s’acheter leur propre groupe et prendre au passage une commission dessus.
    Ce conflit d’intérets mériterait un papier, je pense…

  18. Personne n’a évoqué cette grosse arnaque bobo qu’est le We Love Green. Arnaque parce que sous caution écologique (et donc financement institutionnel et privé pour ‘la bonne cause’) le label Because organise des showcases de ses artistes, tout en étant aussi tourneur (à travers Corrida notamment) et éditeur de la plupart, en partie aux frais du contribuable. Le fameux 360° des maisons de disques depuis l’effondrement des ventes poussé encore plus loin avec ce projet We Love Green…Un autre bel exemple des dérives françaises qui justifie l’excellent papier de Bester.
    Mais globalement en effet Super Mon Amour et le Pitchfork Festival ne sont pas les plus critiquables à ce jour parce qu’au moins on sent qu’il y a une réelle passion de la musique et une volonté de présenter des plateaux qui ont un sens artistique réel derrière tout ça et c’est déjà beaucoup !

  19. Haha Bester, non, on peut être par principe contre le capitalisme tout en profitant de ses juteux fruits (on peut en parler).

    Je n’ai rien contre le fait qu’un organe de presse, encore plus sur le web où c’est la dèche, passe un partenariat avec telle ou telle marque issue de l’entertainment au sens large. Je grince des dents quand je vois le même organe de presse pester contre le branding et l’industrialisation de la branche musicale du spectacle (avec des arguments franchement peu sentis et expédiés, mais ça ce n’est encore une fois pas le fond du problème) qui lui permet de vivre ou de vivre mieux.

    C’est pas demander grand chose à un site web de reposer sur des principes, non ?

  20. Malakaï,

    sincèrement relisez-vous.
    On ne travaille pas avec les gens « parce que c’est la dèche », ici on bosse avec les gens par choix et pas avec une calculatrice à la place du cerveau. Et uniquement quand les valeurs et l’esthétique globale sont compatibles avec Gonzaï. Ce qui est présentement le cas.
    Le seul principe qui fasse loi pour les médias, c’est celui de l’indépendance. Green Room Session est partenaire du Pitchfork Festival, ça n’empêche pas que je puisse donner mon point de vue, qu’on puisse éventuellement ne pas être d’accord et que le festival, en dépit de ce papier, sera encore une fois sold-out.

  21. Bester,

    Vous vous escrimez à ne pas répondre à ce que je dis : je ne vous blâme pas là pour avoir établi des contacts avec Heineken, je veux dire c’est très visible dans mes messages (et je ne cherche pas à dénoncer benoîtement les liens entre presse cool et annonceurs). Ce que je veux dire, c’est que d’un côté vos pigistes et vous-même ne pouvez vous empêcher de déboîter les relations entre l’industrie et l’entertainment et de l’autre vous touchiez de l’argent de cette même industrie pour alimenter un site fondé par le géant Heineken.

  22. Bester,
    Juste pour savoir a quel point vous avez bien fait votre travail de journaliste, avez vous pris contact avec Super ou Pitchfork lors de la préparation de votre article? Ca aurait été pertinent d’avoir leur point de vue ou des explications de leur part? Je dis ça je dis rien mais ça aurait été pas mal non?
    Ben sinon le sujet est TRES intéressant mais c’est dommage que vous choisissiez un des plus mauvais exemples pour l’illustrer et que vous n’ayez pas fait de travail de fond. Un sujet bien raté… dommage. Faudra un peu plus travailler la prochaine fois.
    Bien à vous.
    M

  23. Ming, vous avez autant le droit que moi de donner les bons points. Que vous ne partagiez pas l’idée de ce sujet ni le point de vue, c’est votre droit. Mais je m’en fous.

  24. Malakaï,

    (dernier message avant autodestruction du topic)

    « Vous-même ne pouvez vous empêcher de déboîter les relations entre l’industrie et l’entertainment et de l’autre vous touchiez de l’argent de cette même industrie pour alimenter un site fondé par le géant Heineken ».

    Vous savez ce que je pense de cette « industrie de l’entertainement »? Pour moi c’est une industrie en train de mourir qui tente tant bien que mal de répéter des vieux systèmes, qui ne marchent plus. Vous savez ce qui me fait le plus VOMIR dans cette même industrie? Les initiatives subventionnées par l’Etat et l’argent du contribuable qui financent des médias qui tirent à perte (sans oublier que les exemples de malversation et de détournement d’argent public pour le « bien » de la culture sont pourtant nombreux ces temps-ci, dommage que cela vous ait échappé). Vous sachez quelle est ma conception de l’avenir de la musique, d’un point de vue économique ? Eh bien c’est exactement ce que vous dénoncez, à savoir l’alliance entre des marques, des entreprises hors musique, et des acteurs musicaux jouant le rôle de tampon, de prescripteur, entre ce nouvel acteur et le public visé. Cette alliance, lorsqu’elle est réfléchie intelligemment, est pour moi ce qui peut éviter ce déclin morbide qui fait que tout le monde s’affaire encore à bidouiller sans morale avec la bible sur la main pour tenter de sauver les apparences. L’ensemble du secteur musical français ne se porterait pas plus mal si on arrêtait d’être décomplexé vis à vis de cette mutation du système et qu’on arrêtait de considérer les marques comme des suppôts de Satan. Pour finir, vous savez quelle est la chose dont je suis le plus fier, concernant Gonzaï, hormis l’équipe et les papiers? Le fait qu’on n’ait jamais touché un seul euro de l’Etat, ni aucune subvention. Sur ce je recopie-colle votre phrase:

    « Vous-même ne pouvez vous empêcher de déboîter les relations entre l’industrie et l’entertainment et de l’autre vous touchiez de l’argent de cette même industrie pour alimenter un site fondé par le géant Heineken ».

    Tout à fait cher Malakaï, je vous le confirme. Pour moi – et ça n’engage que moi, s’entend – ça s’appelle juste l’avenir et ça ne m’empêche de rester LIBRE sur Gonzaï. Pour conclure je n’ai jamais ambitionné de créer une radio d’état (saurez-vous retrouver son nom?) qui, moyennant un maigre 0;8% d’audience au niveau national, salarie plusieurs dizaines de salariés aux frais du contribuable. Sur ce je vous laisse, je vais faire un golf avec Ruppert Murdoch.

  25. Même si ce n’est pas une coincidence que la majorité des groupes du festival soient chez Super, la vraie raison se trouve ailleurs selon moi.
    Tous les groupes « cool » made in USA sont effectivement chez Super, spécialiste des mini tournées. Super fait dans la quantité: De nombreux groupes, mais qui font 1 seule date à Paris, ou 5 dates grand max en France. Contrairement à d’autres tourneurs au roaster resserré mais qui font des tournées intensives en France (bonjour Shaka Ponk et compagnie).
    Quand un groupe US débarque en Europe, c’est en général pour 2 semaines de concerts, pas beaucoup plus. Donc en France t’as quoi, 3 dates en moyenne. Pas très intéressant pour la plupart des tourneurs. Mais Super s’en ait fait sa spécialité.
    Alors forcément ils s’entendent bien avec Pitchfork vu que la majorité de leurs poulains sont chez eux.

    Et finalement s’il n’y a pas de groupes français au Pitchfork festival c’est avant tout parce que c’est Pitchfork qui valide tous les groupes qui y jouent et qu’à part les groupes ricains, pas grand chose les intéresse. Le voilà le vrai plan Marshall.

    Le titre de l’article est juste, son contenu passe par contre à côté du sujet (et contient de nombreuses erreurs).

  26. Et de fait je trouve ça pas mal (je crois que Super le fait déjà en parallèle avec Super Mon Amour, on va pas leur jeter la pierre là dessus). L’idée du papier – la seule en fait, au delà de l’agressivité qui peut sembler gratuite – c’est surtout de souligner le fait que les tourneurs feraient mieux de tout assumer pleinement cette mutation plutôt que de mettre du maquillage.
    Aussi partiel soit ce même papier, ça soulève au moins cette question. Enfin, je crois.

  27. j’ai pas bien compris ce que l’auteur essayait de dire. que le Pitchfork Music Festival – ou, en gros, tous les festivals contemporains – c’est pas bien parce que c’est géré par une agence qui cherche juste à refourguer des dates à ses artistes ? que c’est des artistes vraiment ennuyeux, pas français, de plus soumis à des lois de marché a priori incompatibles ?

  28. Fucking fucking good question.
    J’en connais plus ou moins les raisons mais il faudrait que les principaux intéressés nous expliquent çaeux-mêmes. Va pas sans dire que c’est vraiment dommage.

  29. « Non j’essaie surtout de prouver qu’en fait c’est Pitchfork qui finance la guerre en Syrie. »
    Cette blague est vraiment très drôle, je me devais de le souligner.
    Bravo Bester.

  30. mais un detail : vous surestimez à un point la curiosité parisienne, hipster ou non. Il existe déjà une kyrielle de festivals de taille modeste, ne proposant que des groupes pas du tout répertoriés dans Pitchfork (donc d’office jartés par tous les médias FR), à l’instar du Eldorado Festival (Café de la Danse), Les Femmes s’en Mêlent (quasiment que des affiches inédites) et à chaque fois c’est un FOUR. Alors pour moi, la hipster mania et Ages Tendre et Coeur de Bois, c’est pareil : on n’y va que si l’on connait des affiches qui ont été mises en avant sur tel ou tel « cool support ». Super n’a jamais caché je pense s’être fait un catalogue en fonction de Pitchfork, et le resultat est qu’aujourd’hui, il est l’un des seuls labels à quand meme programmer des groupes qui n’auraient JAMAIS eu leur place en France, y compris Paris.

    Perso, je n’irai pas à ce festival, mais je ne vais plus à aucun festival, car aucun, et je dis bien aucun, hormis ceux cités (et aussi BB Mix, et qu’on me fasse pas rire avec les Trans, rassemblement Walking Dead > envie de découvrir), personne ne prend de risques (je ne sais pas par exemple comment arrive à subsister les femmes s’en melent, qui font tole sur tole, incapables de remplir une Maroquinerie. Pourtant c’est bien eux en 2007 qui programmait une certaine St Vincent que désormais tout le monde s’évertue à dire qu’elle est géniale : CQFD)

  31. Plus précisément La Garden Nef Party était une coproduction La NEF (Smac d’Angoulême dirigée à l’époque par Jean-Louis Menanteau) et O ‘ Spectacles, producteur local travaillant surtout sur les salles de Nantes / Rennes / Angers et dirigé par Christophe Davy aka Doudou (également gérant de Radical Production). Excellent festival la GNP mais pas vraiment indépendant pour le coup…

  32. Ne connaissant pas les détails de l’affaire Filmer La Musique, je ne sais pas si le sujet est intéressant à creuser, mais ça mérite au moins un hommage en espérant que ce soit qu’un break.

    Et puis cela peut permettre de faire des recoupements avec le complot barbito-Syrien.

    Sinon les tourneurs, est ce que les consoles sont bien des Allen & Heath ? Parce ça change tout quand même.

  33. @Rod, le Pitchfork s’il est rempli (il reste encore du boulot pour cette édition il me semble) c’est parce que c’est bourré d’étrangers, anglais, américains, etc. A paris on ne paye pas pour aller découvrir des groupes. D’ailleurs ici tout le monde se plaint du prix des billets, pourtant assez justifié vu le nombre d’artistes présents… Parce qu’au final la majorité des parisiens n’y vont que pour les têtes d’affiches et n’imaginent pas payer pour les « premières parties ».

  34. J’ai pas mal réfléchi à tout ça depuis 48H00. Il manque un truc à ce papier – pour moi – qui explique ma colère – genre le J’accuse de Zola, un truc fort et chevaleresque hein ah ah ah – c’est la démission des médias qui bien que s’étant décidé à lancer des soirées sous leurs noms depuis 10 ans finissent par déléguer la programmation aux tourneurs partenaires. Je trouve que c’est un non sens, pour un média musical, que de surfer sur leur notoriété sans mettre les mains dans le moteur avec le choix des groupes. Ca marche peut-être pour le Pitchfork Festival mais c’est d’autant plus vrai sur d’autres « festivals » de tourneur/média.
    De toute façon, et c’est le vrai bémol de ce papier, c’est que le sujet est une pelote de laine qui devrait pour être complètement clair être décliné sur au moins 5 à 10 papiers de fond traitant de l’évolution du business musical depuis une décennie.

  35. Un festival indie, avec une grosse obsession pour l’indépendance, une prog farouchement défricheuse toute en prise de risque et en expérimentation, de l’ambiant expérimentale au hardcore punk en passant par la folk, l’indie pop, l’electronica, le garage ou la noise, sur deux villes pendant 3 semaines avec 10 soirées et 30 groupes et non-affilié à un tourneur, c’est le HUMANIST RECORDS FESTIVAL.
    http://cargocollective.com/humanistrecordsfestival/

  36. Filmer la musique c’est une histoire très simple, très symptomatique en même temps un peu touchy quoi, plus de l’ordre du film de western que de l’article d’ailleurs.

  37. @BSTR mais non ils ne laissent pas la prog à Super. Pitchfork valide absolument tous les groupes présents au festival. Il y a sans doute d’autres trucs à redire sur ce festival, mais l’angle que tu as choisi c’est un faux procès.

  38. @Sigmund

    Si chez Gonzai, western et article ne riment pas, mais ou va-t-on ?

    Pas dans le caniveau, j’en conviens, mais un western bien raconté, c’est drôle non ?

  39. Très bon article, ça fait vraiment du bien de lire sur le net ce qu’on pense à longueur de journée à propos de cette « consanguinité » musicale.

    Ravi de vous avoir rencontré hier à la Péniche, vous comptez un nouveau lecteur !

    Alexandre

  40. Inspecter les tiroirs de la cuisine ne doit pas empêcher de savourer le menu. Le Pitchfork et Super proposent (à un prix très élevé qui écrème son audience certes) l’une des programmations les plus excitantes de l’année, avec d’autres festivals qui heureusement rendent l’ecosystème musical français encore hétérogène, comme le Soy à Nantes ou la Route du Rock à St Malo…
    Il y en a pour tous les goûts, pour toutes les bourses aussi? C’est peut-être ça le point à creuser…

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