Thai-Binh Phan-Van

Simon Dougé, aka Pasta Grows On Trees, a été qualifié par Gonzaï de Mac DeMarco français. Mais cette comparaison est-elle justifiée ? Et qu’en pense le principal intéressé ? Bah, on lui a posé la question.

Chez Gonzai, on t’a qualifié dans cet article de Mac DeMarco français : comment tu l’as pris ?

J’étais très content que Gonzaï parle de moi. Je lis Gonzaï depuis un moment. Je suis loin d’avoir les moyens de me payer un.e attaché.e de presse et c’est chouette de voir que la presse spécialisée s’y intéresse un minimum. Surtout quand tu es toi-même lecteur. Et s’agissant du morceau Désert Sentimental, la comparaison est plutôt juste. Mais je crois que les Français veulent savoir. Il est donc temps de mettre les choses au clair : je ne suis pas Mac Demarco. Je suis bel et bien français, par contre.

Au moins, c’est clair. Bon, on t’a ensuite « critiqué » dans cet article que j’ai écrit sur les 10 groupes qui ressemblent un peu trop à Mac DeMarco. Idem, ta réaction ?

C’est marrant, je me souviens du moment où j’ai vu l’article défiler sur mon téléphone. Avant de le lire, je ne savais pas que j’étais dedans. Après la lecture, j’ai bu une demi-bouteille de Cristalline. L’article n’est pas très flatteur, mais comme je l’ai mentionné, je connais bien Gonzaï. En vérité, j’étais plutôt content d’être à côté de certains groupes que j’aime beaucoup (Loving, notamment). Maintenant, c’est un peu la panique quand des gens m’annoncent qu’ils ont découvert le projet via cet article. Et ça a été difficile de défendre l’album sous un autre angle que l’indie pop sauce DeMarco. C’est évidemment une influence, mais ça a eu tendance à gommer mon propos, qui je crois, s’éloignait un peu de tout ça. Mais je te rassure, ça ne m’a pas spécialement porté préjudice. Ça a plus été un coup de projecteur qu’autre chose. De toute façon, publier ses créations, c’est s’exposer à la critique, qu’elle soit positive ou négative.

Est-ce que t’en a pas marre que les médias fassent souvent des comparaisons avec d’autres artistes pour décrire la musique ? 

Je comprends la démarche. En tant que public, quand tu consommes de la culture, tu investis de ton temps. Tu as plus de chance de faire une bonne découverte en écoutant une musique dont tu connais déjà les codes. Le public a un flux constant d’informations et j’imagine qu’il va préférer écouter une musique qui lui semble familière. Donc que les médias guident et cherchent à capter l’auditeur, je trouve ça normal. De toute façon, les gens ne sont pas dupes et sont capables de juger d’eux-mêmes, de développer un esprit critique.
Côté artiste, ça peut être frustrant. C’est normal d’être influencé par ce qu’on écoute. Mais je crois que la création artistique, c’est aussi la recherche d’un produit singulier. Être comparé aux autres peut être reçu comme un manque d’originalité. Mais je ne crois pas que ce soit le but premier des comparaisons. La plupart du temps, c’est plutôt bienveillant. Personnellement, ça me force à aller plus loin et à chercher à m’émanciper davantage de mes influences. J’espère que le résultat est probant sur les trois prochains morceaux que je vais sortir début mai sur Stupid Decisions.

Au fait, t’aimes bien Mac DeMarco ou pas ? J’imagine que t’écoutes d’autres artistes aussi…

Bien sûr, même si ça fait un petit moment que je suis passé à autre chose : j’adore les trois premiers albums. Dernièrement, quelques albums m’ont particulièrement marqué : « Hypnic Jerks » de The Spirit of the Beehive, « Taking My Time To Be » de Strawberry Guy, « You Think You Really Know Me » de Gary Wilson et « Carnage Hall » de Kaputt. J’écoute aussi beaucoup les artistes de la scène hexagonale. En terme de scène underground, on a un patrimoine hyper riche. Pour te citer quelques noms que j’écoute en ce moment : Lispector, T/O, Danse Avec les Schlags, Lesneu, Biche, Th Da Freak, Sex Sux, Suprise Barbue, Dodo Nelson… et j’en oublie.

On termine par ce qui aurait du être la première question, mais bon : c’est qui Pasta Grows On Trees ?

C’est le double maléfique d’un étudiant de 23 ans. C’est mon projet exutoire. Je suis quelqu’un de réservé et il y a une forte dimension introspective. Je m’exprime sur des sujets que je n’aborde jamais ou que très rarement dans ma vie quotidienne. Ça coûte moins cher qu’un psy et c’est un peu plus divertissant. C’est certainement pour ça que certains de mes morceaux puent le seum. Dernièrement, c’est la frustration amoureuse qui m’a inspiré. Un sujet peu banal en musique pop.

Pasta Grows On Trees est un projet de home-studio. Je compose et produis sur ordinateur. Les deux processus sont très liés. C’est différent que d’enregistrer sur un 4 pistes : il y a énormément de possibilités. Je me permets parfois de faire du collage, de bricoler un maximum. En fait, mes morceaux ressemblent davantage à des démos bien produites.

Pasta Grows On Trees va sortir un nouvel EP (en numérique) sur le label Stupid Decisions le 8 mai 2020.

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