(C) Sabrina Mariez

Pour celles et ceux qui suivaient sa carrière depuis 15 ans, c’était l’homme aux mille vies, aux milles projets, aux mille résurrections toujours un peu les mêmes et pourtant, toujours nouvelles. Pour les autres, souvent les mêmes que les premiers, Nicolas Ker attendait depuis longtemps la mort au bout du couloir. Elle est finalement arrivée ce 17 mai, l’emportant avec elle, à l’âge de 51 ans.

On pourrait faire comme si c’était une mort comme les autres; à traiter comme un article, avec un résumé de discographie, trois faits marquants, une chute rationnelle. Mais le fait que Nicolas Ker, c’est pour nous un peu plus que ça. Une discographie ? Il faudrait écrire un livre tant ses projets, avec Poni Hoax, Paris, Aladdin ou plus récemment Arielle Dombasle, sans parler des démos sur K7 jamais publiées, du temps où il beuglait seul dans un rade pourri des 2000’s (le Zorba), sont pléthore. Des faits marquants ? Il faudrait faire un film, raconter ce soir où, de visite chez lui, je m’étais retrouvé à sentir une odeur persistante d’huile de friture dans l’appartement (« on s’est engueulé hier soir avec ma nana » fut la seule réponse, laissant ainsi entrevoir cette vision du chanteur et poète aspergeant son intérieur d’huile bouillante, de rage). Quant à la chute, elle était, oui, prévisible. Depuis plusieurs années, attendue. Destroy par essence, traumatisé par le Cambodge de son enfance, flambeur de vie par les deux bouts, nihiliste au point de consommer son existence en accéléré, très lucide de la rapidité de la conclusion; Ker vivait comme une cigarette. Arrivé au filtre, il s’éteignit.

On pourra encore longtemps chercher les fausses raisons de sa mort : arrêt cardiaque, suicide, cancer, batterie faible, etc. Peu importe. La seule vérité, finalement, reste que Nicolas Ker avait tout dit, tout chanté, utilisé tous les mots du répertoire; du moins suffisamment pour cette vie terrestre, poussant son mal-être jusqu’au bout en tentant de transformer chaque journée en album, en chanson, en projets pour prolonger encore un peu l’excès de réalité qui l’avait rendu fou. Une boulimie du vide.

Voilà quelques années, nous écrivions que Poni Hoax était le Taxi Girl de notre génération. On pense ce soir au titre Je suis déjà parti, sans trop réaliser qu’il n’est ici plus question d’un morceau, mais d’un fait. Poni Hoax ne se reformera plus jamais, nous serons tous un peu seuls et Ker, libéré de ses chaines, continuera certainement d’enrichir sa page Discogs avec des EP et des singles cette fois captés de tout là haut.

Trois souvenirs de toi, Nicolas. Ton rire sardonique, ce soir de 2006 à la Flèche d’Or, dans cette interview chaotique d’où je sortis, de mémoire, en larmes tellement tu m’avais malmené.

Cette autre rencontre en huis-clos, vers Barbès, en 2010. D’où je sortis en ayant l’impression d’avoir capté ce cliché de toi, qui restera désormais gravé dans le marbre.

Et cette chanson, Star Ocean. Peut-être la plus belle jamais écrite. « So die with me in a star ocean, baby« . Ce soir, les larmes sont un peu salées.

25 commentaires

  1. « Un cassos » selon tes dires à son égard, qui m’avaient jadis déplus…
    À un mec qui ne lui arrive même pas à l’ongle de l’orteil au niveau classe, générosité & talent : que répondre ?
    Que dalle – point barre.

  2. J’avais a la fois une admiration mais aussi une aversion pour le personnage , musicalement c’est pas ma came ,j’ai plus d’estime pour l’acteur de cinéma que pour le musicien ,Peace and respect pour Nicolas qu’il repose en paix

  3. Rhoo ça va, le truc de mourrir c’est du réchauffé. Jean-Luc Le Ténia nous a fait le même coup il y a bien dix ans. Soyez plus créatif dans le sacrifice les mecs.

  4. « On pourrait faire comme si c’était une mort comme les autres » comme beaucoup l’ont fait concernant Daniel DARC…

    1. Comme un gustave malheur n’arrive jamais seul, en sus du futur Montaigne Benzarma c’est l’islamopitheque Youssoupha qui va chanter l’hymne des bleus foncés à dos argentés.

    1. Nan mais c’est comme l’autre qui dit « rigolo » tt le temps, on comprend rien à ton truc là, vas-y envoi

  5. musicalement poni hoax c’est quand même du resucé de howard dewoto periode magazine et aussi du sous david bowie

    1. Comme d’habitude les Persévérance et autres commentateurs pensent qu’il y a eu un point zéro dans l’évolution d’une musique qu’il pense connaître et qu’a sa suite tout n’est que répétition, copies et autres arnaques.
      Mais ces gardiens d’un temple qui n’existe pas continuent de nous faire la leçon, d’enfiler les mêmes perles en étant convaincu de la pertinence de leur analyses.
      Des courants d’air qui ouvrent les portes déjà ouvertes n’a jamais fait avancer le Schmilbik.

      1. Je suis gardien de que dalle et au contraire je combat les chapelles et les temples et je n’ai jamais prétendu avoir la science infuse en matière de musique et je n’ai pas le monopole du bon goût

    1. Hélas non, c’était un titre disponible sur un maxi financé par Agnès B à la fin des années 2000. Le tout a dû être pressé à moins de 200 exemplaires.

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