Pour son deuxième album, Projet Marina a pris deux décisions : faire un album concept sur l’Europe et composer sans se limiter. Le duo nantais nous a envoyé quatre chansons en guise d’hors-d’œuvres, avant la sortie de l’album, intitulé « Loin des dons célestes », plus tard cette année.

Vous vous sentez européens, vous ? Non. Rassurez-vous, Projet Marina non plus. Mais Willy et Lilian, instituteurs la journée et musiciens le soir, ont quand même eu envie de s’attaquer à ce sujet-là pour créer un album-concept autour de l’Europe. Et de l’effondrement. « On a grandi dans les années 90 avec ce mythe de l’Europe qui allait grandir. Il y avait un engouement positif, mais là, on voit que c’est un échec, un repli de chaque nation les unes sur les autres (Italie, Hongrie, même en France). Cet Europe qui ne s’entend pas sur le plan politique mais aussi écologique, c’est une grosse déception. » Là, vous vous dites qu’un disque sur l’Europe, ça va être aussi enthousiasmant qu’une session parlementaire à Strasbourg diffusée sur LCP tard le soir ? La réponse est non. Pourtant, tout est réuni pour qu’elle penche vers le oui : des paroles en latin (il n’y a rien de pire pour faire remonter à la surface les pires souvenirs de collège), deux trois morceaux qui sonnent comme un mauvais mélange entre La Femme et Fauve et des chansons inspirées de la Bible. « Par exemple, le titre “Noli Me Tangere”est inspiré d’un épisode de la bible où Jesus ne veut plus, une fois ressuscité, être touché par Marie Madeleine. Il ne veut plus avoir de contact physique. Pour moi, c’est une métaphore de l’Europe qui perd ses liens avec les autres continents », raconte Lilian par téléphone. Ça peut vite décourager.

Mais ça serait une erreur de passer à côté. Dans ce disque fourre-tout, où le violon de Blaine Reininger (membre de Tuxedomoon) côtoie des sonorités arabisantes et des synthés crados (sur le titre Totems), il se dégage quelque chose de très optimiste, en opposition avec le thème de l’effondrement. « Notre musique est devenue plus chaleureuse et rythmée que sur le premier album. On voulait quelque chose de moins froid, de plus dansant », raconte Lilian, qui enchaîne ensuite sur les lieux de fête fermés, et notamment le Blockhaus DY10 à Nantes où l’on peut aller voir des « concerts chelous » le vendredi soir. Parmi les influences, Lizzy Mercier Descloux, Mansfield.TYA ou encore les Talking Heads sont citées, sans que l’on puisse forcément retracer le cheminement. « J’ai du mal à décrire ce qu’on fait, à nous trouver un style, mais je n’en ai pas envie en fait : ça me fait plaisir d’avoir plein d’influences et de piocher dedans », explique Willy. Selon le duo, la cohérence du disque s’est faite au niveau des textes. Niveau musique, c’est un peu plus le bordel.

Avant la sortie du disque plus tard cette année (le duo l’a enregistré en février 2020 et a enchaîné les galères depuis), Projet Marina a sélectionné quatre titres à écouter en exclu dès maintenant. L’album « Loin des dons célestes » sortira sur le label New Sinister.

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