C’est la grande surprise de la France de 2015 : il existe une alternative au très commercial "Sur la Planche" de La Femme et elle s’appelle les Agamemnonz. Vous trouvez ça un peu pute comme intro ?

C’est complètement vrai. Mais ces gars-là, comme leur disque de surf-music composé les deux pieds dans la marée normande, le méritent. Car avec ‘’De A à Z’’, ces rouennais toqués ressuscitent un genre qu’on pensait, comme le petit Gregory ou la musique instrumentale gominée, enfoui six pieds sous l’eau.

Sans transition, instant citation intelligente : Don’t judge a book by its cover. La célèbre expression anglaise invitant le lecteur à dépasser les a priori esthétiques tombe, dans le cas de l’album des Agamemnonz, complètement… à l’eau. Dont il est partout question dans « De A à Z ». A commencer par la pochette, croisement entre un docu Cousteau et les plus belles encyclopédies Larousse des sixties, et qui se présente, inconsciemment ou pas, comme un intriguant abécédaire du Dick Dale pour les nuls. Une collection d’images où les filles seraient bronzées, les mecs avec des chemises hawaïennes et le manche de guitare bien haut, le public insouciant et sans aucune inquiétude sur son pouvoir d’achat ou le prix du mètre carré à Paris ; bref une carte postale de cette époque où la surf music incarnait la bande-son des Trente Glorieuses.

Quarante ans plus tard, dans un changement de décor socio-économique tel que cela en devient pleinement anachronique, l’objet étonne. Dix-huit pistes instrumentales de bout en bout qui alternent entre le tube de l’été pour discothèque de surfeurs sous speed (Schnell wie eine rakete), hommage aux années Happy Days joué par The Ventures plus cool que Fonzie (A Palavas les Flots) et autres exercices de style évoquant aussi le premier générique du Batman. Tout cela est joué pied au plancher et en tenues antiques (?!), à la fois respectueux des codes et sans aucune révolution du genre. En fait, le futur n’est pas vraiment le propos des Français.  ‘’De A à Z’’ rappelle autant feu The Cavaliers de chez Born Bad que le premier album de Mustang ; et tout cela sans aucune autre prétention que d’avoir du fun, fun fun comme les garçons de plage les plus célèbres de Californie. Sans être purement jouissif, la ballade est plaisante, presque dangereuse. Sur la pochette, les récifs saillants laissent à penser que le surf est tout sauf un sport amateur.

Les Agamemnonz // De A à Z // Kythibong (sortie le 11 décembre)
https://lesagamemnonz.bandcamp.com/

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2 commentaires

  1. J’ai pu voir les Agamemnonz plusieurs fois en live et ils sont à la hauteur de leur réputation autant en formation grande scène que réduite dans un petit bar de 20m2.
    A Paris aussi la relève de la Surf Music est en marche avec the Wave Chargers.
    Il semble que froid de l’hiver 2016 va être balayé à grands coups de reverb’ tropicale.

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