Une fois n'est pas coutume Gonzaï livre un top de fin d'année 2017 à son image : bordélique, passionné et plein de mauvaise foi.

Albert Potiron 

Son disque de l’année : « Agartha » de Vald. Parce que c’est déjà un classique.

Le disque sur lequel il regrette de n’avoir rien écrit : « No one was made for these times » de Paul Winslow.

La plus grosse arnaque : Les tops de fin d’année. Tout le monde en fait mais plus personne ne met les mêmes albums dedans.

Le détail qui a compté en 2017 : Le départ de 26 journalistes du magazine Magic.

Votre pronostic des futurs RIP pour 2018 : Jean-Marie Le Pen, Ty Segall et David Bowie.

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Alexandre Charles 

Son disque de l’année : « Tropical Suite » de Poni Hoax. Aussi étonnant que cela puisse paraître, avant 2017, je n’avais jamais vraiment écouté Poni Hoax – mon allergie de principe à tout ce qui ressemble de près ou de loin à du disco-rock me semblait une bonne excuse. J’ai finalement rattrapé le temps perdu en écoutant en boucle au début de l’été ce quatrième album magistral, profond, ouvert et sensiblement moins dansant que les précédents… A moins qu’inconsciemment, j’ai davantage ressenti le besoin de bouger mon boule sur du rock en 2017 ? Le mystère reste entier… En tout cas, une chose est sûre : avec cet album, on n’est certainement pas loin de ce qui se fait de mieux en France. Et Nicolas Ker reste définitivement le meilleur chanteur du pays.

Le disque sur lequel il regrette de n’avoir rien écrit : « Luciferian Towers », de Godspeed You ! Black Emperor. Depuis leur retour en 2010, les apôtres canadiens du post-rock pré-apocalyptique crépusculaire n’avaient jamais retrouvé la puissance d’évocation de leur gloire passée (plusieurs monuments entre 1999 et 2003). Tels des rois fainéants, ils donnaient l’impression de gouverner leur royaume mollement, à l’extrême centre, sans vraiment se soucier d’apporter au genre ce souffle épique sans lequel il échoue dans la médiocrité. C’est chose faite me semble-t-il avec ce sixième album, grandiose et lumineux. L’empereur a retrouvé son lustre d’antan et les courtisans se pâment de nouveau.

La plus grosse arnaque :  D’instinct, j’aurais dit Ty Segall et la litanie insipide du garage rock qui continue, année après année, depuis 15 ans, de nous ensevelir sous des compositions sans imagination et des torrents de réverbération jusqu’à vous donner la gerbe. Mais sans aucun doute, ce serait plutôt l’élection d’Emmanuel Macron. Le type a réussi à se faire élire en récoltant 18,19 % des inscrits au premier tour, après avoir monté en un an un mouvement politique (dans le nouveau monde, ne dites plus « parti ») baptisé de ses propres initiales, dans le but unique de conquérir le pouvoir, tout en faisant croire à ceux qui l’avaient suivi que leurs opinions et leur idées compteraient vraiment, parce que c’était leur « proooojeeeeeet », construit selon le modèle dynamique bottom-up de la start-up solidaire et participative… Chapeau bas. Comme si Johnny avait réussi à faire croire pendant plus de 50 ans qu’il incarnait le rock en France.

Le détail qui a compté en 2017 : Malgré la débandade stratosphérique de leur champion, les « fillonnistes » gardent toujours la main sur la fédération LR de la Sarthe et le conseil régional des Pays-de-la-Loire. Et comme on a souvent vu rejaillir le feu d’un ancien volcan… De son côté, l’ex-Premier Sinistre de Sarko s’est d’abord réfugié dans « le travail du bois » derrière les murs de son manoir de Solesmes (#truestory), avant d’attaquer une nouvelle carrière dans la haute finance. De quoi faire de beaux chèques ?

Votre pronostic des futurs RIP pour 2018 : La Ve République, Jacques Chirac, Elizabeth II, Loana et Benoît Magimel.

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Astrid Karoual 

Son disque de l’année : J’ai écouté « No Shape » de Perfume Genius en boucle, un peu de manière obsessionnelle. C’est un disque étrange aussi intimiste qu’outrancier, aussi soyeux que ténébreux.

Le disque sur lequel elle regrette de n’avoir rien écrit : « Compassion » de Forest Swords parce que c’est un album sublime et tout le monde avait l’air de s’en foutre complètement.

La plus grosse arnaque :  Le dernier LCD Soundsystem et certains « piliers » des années 1990-2000 qui tentent encore de monopoliser l’attention sans inspiration ni remise en question. J’ai aussi été agacée par quelques buzz couillons bien de chez nous mais il est vilain de tirer sur les ambulances.

Le détail qui a compté en 2017 : On a constaté un certain sursaut de l’underground qui ne laisse plus trop penser que l’idéologie punk n’est aujourd’hui qu’une manœuvre commerciale de créateur de mode. Je pense notamment au Turc Mécanique et tous ses avatars, à La Station – Gare des Mines (Paris 18e) qui a ouvert sa salle intérieure en octobre après avoir fait ses preuves en « plein air »… L’espoir est en marge.

Votre pronostic des futurs RIP pour 2018 : Je pense que Jean-Paul Belmondo n’est vraiment pas en forme. Sinon, je dirais globalement des gens vieux et antipathiques (de préférence).

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Benoit Sabatier

Son disque de l’année : Blackmail, “Amore Synthétique” : la BO d’un film auquel j’ai participé, durant les deux mois de postproduction, je l’écoutais, avec les images, dix fois par jour, ce qui doit donc faire 600 écoutes. Le pire, c’est que depuis, je continue.

Le disque sur lequel il regrette de n’avoir rien écrit : Deux trucs qui viennent de sortir, Tracy Bryant “A Place for Nothing and Everything in Its Place” et High-tails, “A Slight Hi”. Plus Joey Agresta, Skyway Man et Guillaume Rottier.

https://www.youtube.com/watch?v=MBT3ZbufsDs

La plus grosse arnaque : Charlotte Armanet.

Le détail qui a compté en 2017 : L’âge – plein de vieux, Peter Perrett, Nick Garrie, The Dream Syndicate, Neil Young, Robyn Hitchcock, Roger Waters, Lee Ranaldo, Tobin Sprout, Nits, Randy Newman, Wire, Sparks, ont sortis des super albums.

Votre pronostic des futurs RIP pour 2018 : Vivian Stanshall, Jimmy Campbell, Bob Crafton, Klaus Dinger, Damon Edge, Guy Clark, Glenn Milstead, Chrislo Haas, Jam Master Jay, Don Agrati, Benjamin Orr, David McComb, Tommy Blom, Brett Smiley, Frank Tovey, Lydia Tomkiw…

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Bester

Son disque de l’année : Sans hésitation, et quoiqu’on puisse en penser, c’est Sosie de Robert de Niro dans Heat. Il se dégage de son «album» une sorte de 4ième degré presque héroïque et totalement nul, et c’est l’ultime combo entre mon film préféré et ma passion débile des mélodies jouées au synthétiseur. Dans un tout autre genre, le morceau Straight to the bones de MNNQNS me bluffe et rebluffe à chaque fois que je l’écoute, c’est de l’ordre de l’addiction psychiatrique.

Le disque sur lequel il regrette de n’avoir rien écrit : Certainement celui de Lawrence Rothman, «The book of law », et qui m’évoque la « grande » période de Bryan Ferry, celle des années 80, quand il était capable de chanter des tubes FM tel un Jean-Luc Lahaye habillé en kimono.

La plus grosse arnaque : De loin, St Vincent, pour sa capacité d’évolution Pokemon en ayant fait l’artiste non seulement la plus détestable de la décennie, mais aussi la plus grosse bulle spéculative juste un peu derrière le Bitcoin.

Le détail qui a compté en 2017 : Le fait qu’on m’ait parlé à peu près un jour sur deux depuis un an de mon papier sur Cléa Vincent, écrit en quinze minutes en novembre 2016. Question détail, sinon, le fait que tous les musiciens américains sortant de l’Indie aient décidé de se fringuer et de sonner comme Mac DeMarco, avec au moins 3 ans de retard. Complètement déprimant, j’ai envie de louer une bétonneuse chez Kiloutou pour enfoncer tous ces disques pour rien dans du béton, puis de tout envoyer bouler au fond de la Seine.

Votre pronostic des futurs RIP pour 2018 : Michel Polnareff, Bryan Ferry, Nicolas Ker.

Capture d’écran 2017-11-04 à 11.16.45Bob le flambeur

Son disque de l’année : Cette année j’ai intensifié mon écoute de « Always now », le premier album de Section 25 et je crois qu’on peut dire que cela vire totalement à l’obsession. Le pire c’est que je serai certainement incapable de soutenir mordicus que c’est un chef d’oeuvre parce qu’il n’y a quasiment aucun titre fort à part peut être Friendly fires et encore, on est dans le tube de deuxième division. Sorti sur Factory records en 1981, coproduit par Martin Hannett et soit-disant Ian Curtis quelques temps avant qu’il aille faire une danse de cowboy pendu à son plafond, ce disque est froid, vaporeux mais possède une atmosphère qui est assez unique, un peu comme si vous écoutiez les pas lointain d’un homme qui marcherait dans un tunnel dans une banlieue pourrie. Tout fan de Beak devrait écouter cette merveille.

Le disque sur lequel il regrette de n’avoir rien écrit : J’aurai du parler de Ojard, le projet instrumental de Maxime Daoud qui officie notamment chez Adrien Soleiman et Forever Pavot (le meilleur bassiste que je connaisse et pas dans le genre je joue sur une 6 cordes et je slappe comme un trou du cul, ce mec à de l’élégance et un groove classieux au bout des doigts). Il a sorti son album « Euphonie » cette année et c’est beau et tragique comme la BO d’un film que Claude Sautet n’a pas eu le temps de filmer. Je visualise très nettement une scène où l’on verrait Romy Schneider se prendre un platane au ralenti, entrecoupée de flashbacks d’un bonheur fugace dans une ambiance sonore douce et mélancolique qui prendrait le contre pied de la violence de l’image, du visage apeuré de Romy. Sinon on y entend du Baden Powell, un hommage discret à Satie, on y voit un été langoureux, plombé par la chaleur, on imagine son regard qui divague à travers les persiennes. Je n’en ai pas parlé parce que Maxime est un pote et que je n’écris normalement sur mes proches par un souci de pseudo éthique peut être mal placé.

La plus grosse arnaque : Il y a peu de temps j’ai dézingué Bagarre et j’en entends encore parler donc ça va pour le moment je vais vivre sur cet écho de méchanceté.

Le détail qui a compté en 2017 : Avec le froid Bester a ressorti ses mitaines. je le soupçonne de porter ces aberrations de la mode (pourquoi se geler le bout des doigts ? c’est fondamentalement ridicule) afin de pouvoir facilement utiliser son smartphone. A part ça Alain Jessua, un merveilleux cinéaste de 70’s est mort dans l’indifférence quasi générale et Jean Pierre Montal a publié ses Leçons du Vertige, une ôde aux charmes pathétiques des villes de province et de ses figures tragiques qui marquent une adolescence donc toute une vie.

Votre pronostic des futurs RIP pour 2018 : Ces « émotionnites » aigües me polluent au plus au point. j’en suis arrivé à un stade où même lire des nécrologies des artistes qui me touchent m’insupporte.

Capture d’écran 2017-11-04 à 11.16.45Caroline Ruffault

Son disque de l’année : FOU, « Boy », c’est comme embrasser son amoureux sous un porche, manger de la confiture, faire l’amour dans l’herbe ou s’endormir ivre sur la plage.

Le disque sur lequel il regrette de n’avoir rien écrit : Kurt Vile & Courtney Barnett, « Lotta sea lice ».

La plus grosse arnaque : Benjamin Clémentine.

Le détail qui a compté en 2017 : Car seat headrest dans une forêt médiévale.

Votre pronostic des futurs RIP pour 2018 : Bono.

Capture d’écran 2017-11-04 à 11.16.45Dandyfrustre

Son disque de l’année : « Good » de Rodolphe Burger pour son équilibre, son élasticité, son petit côté funéraire, pour Sarah Murcia et Christophe Calpini.

Le disque sur lequel il regrette de n’avoir rien écrit : Peter Perrett – « How the West was won ».

La plus grosse arnaque : Le pass culture de 500 euros pour les jeunes.

Le détail qui a compté en 2017 : La traduction au Diable Vauvert de Stratégies occultes pour monter un groupe de rock, Ian F.Svenonius.

Votre pronostic des futurs RIP pour 2018 : Jacques Higelin, Keith Richards.

Capture d’écran 2017-11-04 à 11.16.45Gérard Love 

Son disque de l’année : L’album «DBFC » par DBFC, car c’est un disque qui est bon pour l’âme.

Le disque sur lequel il regrette de n’avoir rien écrit : Le disque « Mondo alterno » de Rebolledo :parce qu’il m’a invité dans un restaurant super cher pour en parler mais que j’étais trop défoncé pour en sortir une chronique convenable ensuite (alors que c’est un magnifique disque de Krautrock sexy, adulte et hyper moderne).

La plus grosse arnaque : Plusieurs, en fait : Eddy De Pretto, Catastrophe et le mec qui à la moitié des cheveux rasés et qui fait de la deep house à base de bruit de bicyclette (Jacques, Ndr).

Le détail qui a compté en 2017 : Découvrir que certains membres de Gonzaï portent des santiags dans la vrai vie ?

Votre pronostic des futurs RIP pour 2018 : Michel Piccoli et Sly Stone.

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Guillaume Bernet 

Son disque de l’année : Sans conteste – malgré un pifomètre plutôt encombré – la place de numéro un revient à « La Pantoufle », de Forever Pavot. Parce que, même s’il n’est sorti qu’à la mi-novembre, il squatte depuis sans interruption ma platine. Parce qu’il est absurde et sincère, maître et joueur, pop et prog, tradi et psyché. Parce qu’il y a du cul, du clavecin, la montée de Cancre et une enquête policière menée par Fabrice Gilbert de Frustration. Parce qu’il enrichit notre culture bouffe (sans déc’, qui connaissait la soupe à la grolle ?) sans laisser personne sur sa faim. Parce qu’il me donne l’envie d’arrêter d’écrire, là, tout de suite, pour le réécouter, encore une fois.

Le disque sur lequel il regrette de n’avoir rien écrit : Peut-être ne cartonne-t-il pas assez les décibels pour coller à l’image de Bordeaux-la-garageuse mais l’EP « Temporary Fiction » de Fellini Félin aurait mérité un brin plus d’écho. Avec Come to the Fore, il y avait l’une des chansons pop-rock les plus accrocheuses de cet automne.

La plus grosse arnaque : Internet, dont l’érosion toujours plus grande d’un de ses principes élémentaires (la neutralité d’accès aux contenus) le réduit de plus en plus à un « Trinet » en vase clos, fermé et inégalitaire, aux mains des grands suzerains Google, Facebook et Amazon. Internet, c’est le passé.

Le détail qui a compté en 2017 : J’ai vu The Room, le film de Tommy Wiseau. Et – comment dire ? – c’est une expérience à part. Essayez, vous m’en direz des nouvelles.

Votre pronostic des futurs RIP pour 2018 : Il y un avantage non négligeable à citer ici le nom de Jacques Chirac : si jamais il lit ces lignes, en trois minutes douche comprise, il aura oublié. Et comme « séparer les familles, ça, il faut pas faire, hein ! », on fera un prix de gros avec Giscard et Balladur.

Capture d’écran 2017-11-04 à 11.16.45Madonna Summer

Son disque de l’année : “Livity” de Zombie Zombie. Parce que c’est à 300% ma came, et que Zombie Zombie est le seul groupe français à faire aujourd’hui avancer la musique dans des directions inédites.

Le disque sur lequel il regrette de n’avoir rien écrit : Il y en a deux : “The Beach Goths” de Red Axes (disque mineur mais duo majeur) et le formidable album de James Holden & The Animal Spirits.

La plus grosse arnaque :  Sosie2MadonnaSummerdansGonzaï. Totalement bidon.

Le détail qui a compté en 2017 : “Ah que seul le détail compte”… Un temps d’avance.

Votre pronostic des morts RIP 2018 : “Il ne faut pas souhaiter la mort des gens / Ça n’est jamais assez méchant.”

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Mitt Homann

Son disque de l’année : Aucun disque ne m’a retourné cette année, faut être honnête. Désolé pour cette introduction de vieux con mais c’est pas tous les jours qu’on tombe sur des mecs aussi bons que Parquet Courts, Television ou DEVO. Groupes dont il est justement un peu question dans l’ADN de Jackson Briggs & The Heaters, un australien inconnu au bataillon que Buddy Records nous a ramené en France cette année et qui mélange ces références  new-yorkaises dans un vacarme grunge; avec à la clé un disque plein de joie de mourir sorti en octobre sur Soundcloud et que je vous conseille donc puisqu’il faut noircir du papier.

Le disque sur lequel je regrette de n’avoir rien écrit : 2017 a été un désastre avec la chute dans la fosse aux déchets de Diane Coffee, Foxygen, The Horrors et surtout mes chouchous Alex Cameron et The War On Drugs. Et contrairement à ce que j’avais fait sur Tame Impala, je n’ai même pas eu la force d’écrire l’article « ah c’est devenu pop commercial pourri ».

La plus grosse arnaque : Jessica93. Je viens enfin de voir en concert le groupe sur lequel tout le monde se pignole à Paris depuis 5 ans, et putain quelle arnaque. Ça me rappelle les demo tapes de Nirvana, en pire encore. On paye pour voir une répétition d’ados attardés sans aucune idée, avec des mecs qui ne savent faire qu’une chose : foutre les amplis à fond pour masquer leur manque cruel d’inventivité. Je crois qu’à choisir je préfère encore écouter Cléa Vincent.

Le détail qui a compté en 2017 : L’élection de Macron à la présidence de la République. Enfin un mec qui en a dans le pantalon.

Votre pronostic des morts RIP 2018 : Magic, le magazine qui n’a jamais servi à rien. Rock’n’Folk, le magazine qui n’aura plus de lecteurs dans 10 ans.

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Pierre De Baudouin 

Son disque de l’année : Le projet que j’ai le plus poncé en 2017 doit être « Automated Refrains« , de Dan Terminus. Un magnifique album d’électro, qui a dû me faire perdre quelques poignées de décibels d’audition vu la puissance thermonucléaire du bazar. Comme ça, l’ambiance cyberpunk n’a rien de très subtil. Mais entre deux bons gros niquages de mères auditifs, Dan Terminus se permet en fait quelques moments plus calmes et même pas mal d’expérimentations, à base de samples 8-bit de jeux-vidéo, de synthés hypra-distordus et ce qui ressemble à des clavecins du futur (notamment dans le morceau Grimoire blanc). Bref, un disque aussi beau que sa pochette, et ça c’est assez rare.

Le disque sur lequel il regrette de n’avoir rien écrit : Sûrement « New Model« , le dernier EP de Perturbator. Après avoir pas mal puisé dans l’héritage de Tangerine Dream, Vangelis et John Carpenter, James Kent abandonne pour le coup quasi-totalement les années 80. Avec un son plus dark que jamais, le projet va gratter du côté de l’électro industrielle, la trap, et l’EBM de D.A.F. et Front 242. Le tout génialement entrecoupé par des nappes de synthés planantes, pour alléger la composition juste ce qu’il faut pour éviter de sombrer dans le nihilisme et perdre tout espoir dans la survie de l’humanité. Un conseil, avant d’écouter ça : éloignez les gélules de prozac, vous risquez de faire une connerie.

La plus grosse arnaque : La plus grosse carotte pop-culturelle risque sans doute d’être Lil Pump. Pour ceux qui ne l’ont jamais croisé sur l’Internet, c’est un rappeur latino avec des dreads décolorées qui répète “Gucci gang” en boucle en sirotant du Sprite à la codéine. Son talent : copier/coller grossièrement tous les codes et les gimmicks des autres rappeurs de sa génération, en mongolisant sur le même refrain teubé en continu. Bon d’un autre côté, ce petit branleur de 17 ans peut aussi être vu comme un clown de très haut niveau (par exemple quand il déguste un “Xan cake” pour fêter son million de followers sur Instagram, en affirmant avoir fourré 500 pilules de xanax dans son gâteau).

Le détail qui a compté en 2017 : Jul qui déboule en scooter sur la scène de Bercy (et en roue arrière bien sûr, faut pas déconner). Johnny, avec son Harley, a trouvé son digne successeur.

Votre pronostic des futurs RIP pour 2018 : Déjà Stan Lee, 94 ans bordel, il serait temps de clamser (et si tous les superhéros du Marvel Cinematic Universe de Disney pouvaient l’imiter dans la foulée, ça ne serait pas plus mal). Ensuite, un anti-RIP : je prie tous les jours pour que Jeanne Calment, ex-doyenne de l’humanité à la voix d’ange, ressuscite pour retourner en studio et balancer une nouvelle reprise de La Farandole. Allez Dieu, steuplé, la France en a besoin.

Capture d’écran 2017-11-04 à 11.16.45Robin Ecoeur

Son disque de l’année : The Cribs, « 24-7 Rock Star Shit« . En 2011, à Edimbourg, j’entre dans une salle devenu aujourd’hui un pub d’une chaîne bien connu outre-manche (Wetherspoons, où les bières sont les moins chères du Royaume-Uni). Les fans commencent à entonner Wakefield, Wakefield, et Here we, here we, here we fucking go. Classique. Puis entre en scène Ryan Jarman, l’une des dernières « vraies » rockstars. La claque est monstrueuse .En 2017, le groupe sort « 24-7 Rock Star Shit », direct, tranchant et spontané.

Le disque sur lequel il regrette de n’avoir rien écrit : « A Crow Looked at Me » de Mount Eerie.

La plus grosse arnaque : Le retour de MGMT me fait très peur.

Le détail qui a compté en 2017 : L’hologramme de Jean-Luc Mélenchon, à deux doigts d’être le détail qui lui aurait permis de devenir président.

Votre pronostic des futurs RIP pour 2018 : 12 morts.

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Romain Flon 

Son disque de l’année : « DJ Kicks » de Daniel Avery. Je triche un peu, ce DJ mix est sorti à la fin de l’année 2016 mais je ne l’ai découvert que cette année. Cet album ne réinvente pas les formes des musiques électroniques mais synthétise cette dernière de la plus belle des manières : comment des séquences aussi froides et hostiles en apparence peuvent-elles au fil des écoutes devenir réconfortantes ? La techno d’Avery résout ce paradoxe et guide l’auditeur vers des contrées arides et enveloppantes. Ecoutez-le quand même au casque avant de le balancer à l’apéro de Noël, vous feriez fuir vos beaux-parents.

Le disque sur lequel il regrette de n’avoir rien écrit : John Maus, « Screen Memories » : d’autres s’en sont très bien chargés et m’ont dissuadé de l’écouter en parlant d’un musicien influencé par Ariel Pink. Je l’ai donc découvert sur un coup de bol et c’est effectivement un pastiche d’Ariel Pink mais en nettement mieux : du post punk déglingué avec des lignes de basses répétitives et chiadées, et des nappes de synthé pourri. Sa musique est totalement datée mais possède un charme irrésistible. A la réflexion, c’est ce disque que vous devez mettre à l’apéro le soir de Noël avant de servir des quaaludes et de balancer le DJ Kicks d’Avery. Vos beaux-parents partiront d’eux-mêmes.

La plus grosse arnaque : Les Inrockuptibles : je préférerais encore me faire gauler dans les chiottes du boulot avec Hot Vidéo entre les mains plutôt que les Inrocks. Je leur en veux d’avoir transformé ce merveilleux journal en feuille de chou.

Le détail qui a compté en 2017 : L’ancien monde continue à s’effacer au fil de la disparition des rockers et des grandes figures musicales de la seconde moitié du XXème siècle : Malcolm Young, Walter Becker et Tom Petty par exemple pour cette année (2016 ayant été un bien meilleur millésime en terme de disparitions avec Bowie, Prince et George Michael. On ne peut pas gagner tous les ans). Tous ces baby-boomers ont squatté le devant de la scène en étant adulé par des fans dévots. La conséquence en est que le recyclage permanent d’idées ou de disques passés n’est guère propice aux développements de courants musicaux novateurs. Ce temps qui passe permettra peut-être de cesser d’idolâtrer un passé ancien et de se mettre enfin au boulot pour une production musicale que l’on espère moins famélique que celle des vingt dernières années.

Votre pronostic des futurs RIP pour 2018 : Zinédine Zidane, l’Abbé Pierre, Yannick Noah, Jean-Jacques Goldman et Mimie Mathy

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Rosario Ligammari

Son disque de l’année : Cesare Cremonini, « Possibili Scenari ». Il a commencé fort et très jeune en leader de Lunapop avec un unique album (culte donc), « …Squerez ? », en 1999 (brit-pop à l’italienne donc… it-pop ?). Depuis le split précoce du groupe, ça fait une quinzaine d’année que Cremonini décroche la lune en solo, et le niveau est toujours plus haut. Auteur et électronique, pop d’orfèvre et populaire, poétique à tiroir et paroles immédiates, disque à la beauté qui s’apprivoise petit à petit et bombe radiophonique, « Possibili Scenari » c’est son meilleur album, le meilleur album italien, le meilleur album pop, et le meilleur 2017. En attendant son live à San Siro, en juin prochain, qui sera le meilleur live 2018. Ave Cesare.

Le disque sur lequel il regrette de n’avoir rien écrit :  « Possibili Scenari » de Cesare Cremonini, il est sorti il y a 3 semaines – mais l’année n’est pas terminée : possibilité de rattrapage ?

La plus grosse arnaque :  l’album de Polnareff : où sont les chansons ?

Le détail qui a compté en 2017 ?  Restons sur l’Italie-France. Phoenix, dans une interview pour Technikart, au moment de la sortie de « Ti Amo » qui dit que Luca Carboni a fait deux-trois beaux morceaux dans son premier album (« Intanto Dustin Hoffman non sbaglia un film »). Sous-entendu que le reste est passable ? Ils sont fous ! On parle là d’un mec qui a presque 35 ans de parcours et des disques tous plus passionnants les uns que les autres, on parle du plus grand chanteur italien en activité (à égalité avec celui cité plus haut). C’est comme si je disais « ah ouais y a 2-3 trucs superbes dans le premier Depeche Mode » ou « Brian Eno a fait des chansons pas mal, « Here Come The Warm Jets » c’est sympa ». Bref, fan de Battisti, ruez-vous dessus !

Votre pronostic des futurs RIP pour 2018 : Berlusconi.

Capture d’écran 2017-11-04 à 11.16.45Super Poncho

Son disque de l’année : « Vortex » des Kaviar Special qui sortira fin janvier 2018. Un son bon à rendre épileptique un traducteur sourd-muet, une production digne d’un spectacle de Robert Hossein et des tubes au potentiel de 10000 vues sur YouTube. Un des meilleurs disques de garage de ces dix dernières années.

Le disque sur lequel il regrette de n’avoir rien écrit : Anna, « May ».

La plus grosse arnaque : Le retour de Johnny avec un « Live @ Eglise de la (pleure pas comme une) Madeleine.

Le détail qui a compté en 2017 : Les cinq disques de King Gizzard & The Lizard Wizard.

Votre pronostic des futurs RIP pour 2018 : Michel Drucker, trop pressé de revoir son « pote », Philippe Manoeuvre (a-t-il pré-enregistré des émissions spéciales évoquant sa propre vie ?), Les Inrocks, sa mort officielle.

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Vernon

Son disque de l’année : « Ty Segall », de Ty Segall. Janvier n’était pas terminé que le meilleur disque de rock de l’année était déjà disponible. Je l’ai écouté en voiture, en Bretagne, au bureau, en faisant les courses, de nuit et de jour, quand ça allait bien, quand ça allait mal, sous la pluie et au soleil, seul ou avec Priscilla… Presque un an plus tard, aucune lassitude. Les cheveux prennent toujours feu. Immédiatement. Est-ce utile de rappeler que le trentenaire l’a enregistré chez Steve Albini ? Que le prolifique Californien s’apprête déjà à lui donner un successeur ? Que les contempteurs de son concert cet été à la Route du rock se fourrent le doigt dans l’œil jusqu’à la rotule ? Non, pas vraiment.

Le disque sur lequel il regrette de n’avoir rien écrit : « Livity », de Zombie Zombie. La procrastination est une mauvaise conseillère. Mais il n’est pas trop tard : c’est le meilleur disque pour foutre un peu de dark sur le dancefloor, la nuit du 31.

La plus grosse arnaque : Le dernier Arcade Fire, indéniablement.

Le détail qui a compté en 2017 : « Après 22 h tu croises plus de gens / comme si on était encore sous les bombardements / t’entendras que les flics et le bruit du vent / et quelques mecs de la fac en troisième mi-temps / qui devraient pas trop s’approcher du bord / quand ils vont se terminer sur le port / dans les quelques bars qui servent encore / où y a des clopes et des Anglais ivres morts / 5h du mat’, la queue dans les kebabs en sortie de boîtes / tu peux prendre une pita ou prendre une droite / ou alors tu peux prendre le premier tram / et si jamais tu t’endors, tu te réveilleras sur les bords de la ville / là où les centres commerciaux sont énormes / où on passait les samedis en famille / où j’aimais tellement me balader / même quand on avait que dalle à acheter  / Le caddie des parents ralentit devant Pizza Del Arte / pas loin du magasin de jouets où je tirais des chevaliers / près du pont où ma grand-mère m’emmenait lancer des avions en papier / où tu peux voir les grandes tours des quartiers / où l’architecte a cru faire un truc bien / si je rappais pas j’y serais jamais allé / parce qu’on se mélange pas tant que ça là d’où je viens / après y’a des champs y’a plus rien / si tu vois de la fumée quand tu reviens / c’est que dans les usines pas très loin / on se calcine, on s’abîme, on fait du carburant pour la machine / à côté des pavillons rectilignes / où on pense à ce que pense la voisine / où on passe les dimanches en famille / où on fabrique du blanc fragile » (Dans ma ville, on traîne, Orelsan).

Votre pronostic des futurs RIP pour 2018 : Pris de remords après avoir réécouté l’ensemble de son « œuvre », Bono se pend avec sa chemise à jabots ; Thom Yorke meurt écrasé par une voiture en sortant de chez l’ophtalmo ; les membres de Shaka Ponk décèdent dans l’assaut du magasin de déguisements où ils étaient retenus en otage par un fan de Motörhead et Axl Rose succombe à une overdose de cacahuètes. Keith Richards, de son côté, se met au trail.

16 commentaires

  1. hep testa de vieaux, passe chez le marchand de disques, ils t’en apprendront sûrement des bonnes.

    Happy fesses 17!

  2. Girls on top!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!LESS

  3. attention premier commentaire sur le contenu au 10e commentaire comme quoi ça arrive :
    la vidéo de Tracy Bryant ne concerne pas l’album cité mais l’album précédent Subterranean sorti en 2016 (telllement old). Sinon le concert à l’espace B extra.

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