À la fois disque d’été, faux revival sixties et usine à tubes alambiqués : le nouveau Ty Segall & White Fence est une merveille.

Chef-d’œuvre pop. Presque deux mois que je me trimballe ces deux mots à propos de « Joy », le nouveau disque de Ty Segall et Tim Presley, alias White Fence. Pas moyen de trouver autre chose, même après une orgie d’écoutes. Le casque sur les oreilles, je suis déjà devenu cinglé cent fois. Chef-d’œuvre pop. Merveille des arrangements, intensité rock OK, mélodies so perfect, dérapages, syncopes et prod weirdo, ballade rêche à la sèche, batterie qui entre et lance une orfèvrerie de studio derrière un solo so lazy, comme si le process n’était pas déjà si éculé : les mecs sont à peine trentenaires et font comme si leurs prestigieux aînés n’avaient pas déjà tout dit. Je n’ai pas dit mon dernier mot non plus.

The West is still the best

Quinze morceaux. Trente minutes. Une pointe à cinq pour la très tordue She Is Gold, quand le reste du disque oscille entre une minute trente et deux, grand max. Chaque instrument à sa place et une place pour chaque instrument. Everything in Its Right Place sous le soleil de Californie plutôt que sous la bruine d’Oxford. Une relecture du Stay Away de Nirvana qui donne, forcément, Other Way. Qu’on ne vienne pas me dire que c’est le fruit du hasard. La preuve en images.

https://www.youtube.com/watch?v=L7yJgFHHaLs

L’intertextualité à la disto : the West is still the best. Hypothèse : si Cobain n’était pas né sous la pluie de Seattle, mais un peu plus bas, en Californie, il serait peut-être encore vivant et hurlerait des chansons pleines de « Joy ». Impasse impossible sur Body Behaviour et Hey Joel Where You Going With That. N’importe quel rockeur se damnerait pour être capable d’insuffler l’élan qui parcourt la première, et pour qu’on le compare aux Beatles sans qu’il ait à rougir sur la seconde.

https://www.youtube.com/watch?v=ef-EfLj3Hn0

Les pisse-froid trouveront ça incroyablement brouillon, les vrais savent. Je veux que le cortège de mon enterrement avance au son de la seconde (pour le reste de la cérémonie, il faudra diffuser l’intégrale de RIEN) : ce truc déborde de vie.

Une production de vieux briscards où nos deux zouaves californiens épurent et gonflent. Quand ils poussent les watts, le résultat ressemble au café de Gaston Lagaffe : les potards de la console sont remplacés par des bâtons de dynamite. Quand ils jouent down tempo, les oreilles bronzent en claquant des doigts.

« Joy » ? Un disque à siffloter for ever, les dix doigts dans la prise.

Ty Segall & White Fence // Joy // Drag City

 

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