Plutôt que de recycler en charentaises les vieux tubes de son groupe Pulp, Jarvis Cocker a préféré sortir de sa préretraite en formant un groupe (Jarv Is…) pour publier un album quasiment live de dance pour amateurs de canapés. Une cascade assez périlleuse qu’il réussit d’une élégante cabriole grâce à son génie pop et sa plume toujours grinçante.

Ca doit quand même être sacrément compliqué de gérer un succès mondial au point d’en devenir l’icône d’une époque. Il y a plusieurs stratégies à adopter : la première et la plus radicale serait de mourir et c’est encore mieux si on est autour des 27 ans avec des cheveux longs. Plus prudente serait celle de développer tranquillement le business en occupant le terrain à coup d’albums quelconques, de rééditions, best-of et autres tournées d’adieu pour faire rouler encore et toujours le caillou. La dernière pourrait être de disparaître brutalement des écrans pour raisons psychologiques en retournant vivre chez maman ou alors tout simplement parce que la vie publique n’est pas vraiment faite pour vous.
C’est la solution pour laquelle a opté Jarvis Cocker depuis maintenant près de 15 ans. Avec Pulp, en quelque sorte les Kinks de la britpop derrière les mastodontes Oasis et Blur, le grand maigrelet de Sheffield avait réalisé l’un des plus grands hold up de l’histoire de la pop anglaise. Leader d’un groupe de – déjà – vieux quasi anonyme au milieu des années 90, il avait attrapé le train britpop au dernier moment pour devenir le symbole d’une Angleterre fêtarde et dandy à la faveur de l’album « Different Class » et de son titre Common People devenu la bande-son de toute une génération.

Il aura d’ailleurs le mérite de sonner la fin de ce bal où il ne sentait pas très à l’aise avec le très sombre « This Is Hardcore » aux allures de brutale redescente de lendemain de soirée. Après un album un peu boursouflé au début des années 2000 produit par Scott Walker, Cocker s’est fait discret avec quelques essais solos qui n’ont pas marqué grand-monde, une émission radio et un exil parisien correspondant plus à son style de vie.

Après avoir foutu le bordel durant le show de Michael Jackson lors des NME Music Awards de 1996, accusé d’avoir frappé les enfants qui gravitait autour de Bambi, le Britannique s’est ensuite retrouvé dans l’œil du cyclone avant d’être sauvé par les images de l’équipe vidéo perso de David Bowie prouvant qu’il n’avait martyrisé aucun bambin.
Un salut de plus qu’il doit au roi David qui fut longtemps l’une de ses plus grandes inspirations et qui est présent en filigrane tout au long du premier album solo de Jarvis depuis près de dix ans.
Un disque qui s’est forgé de manière assez originale puisque né à l’occasion de l’invitation par Sigur Ros à un festival en Islande en 2017. Appelé à former un groupe, il convoque à l’arrachée la chanteuse et harpiste Serafina Steer, Emma Smith (violon, guitare), Andrew McKinney (basse), Adam Betts (batterie) et Jason Buckle (synthés). Et c’est à force de concert avec cette bande finalement appelée Jarv Is… que les titres se sont construits quasiment en live au fil du temps pour ce qui allait devenir un album « alive » comme le précise le chanteur.

Il en résulte « Beyond The Pale », un disque court (7 titres) de dance pépère d’autant plus réjouissant qu’il n’a pas vraiment été calculé. C’est le témoignage d’un Anglais de désormais 56 ans un peu largué mais qui s’en accommode parfaitement. Le si redouté « middle age » qu’il aborde avec l’humour et le sarcasme qui ont fait sa gloire. Qui d’autres pourrait faire des rimes comme « Dragging my knuckles, listening to Frankie Knuckles », « Goddamn this claustrophobia / ‘cuz I should be disrobin’ ya » ou « One nation under a roof/ Ain’t that the truth » ? Car avant même le grand confinement, il prônait la fête à la maison en écoutant de la House Music All Night Long (parfait hymne hédoniste pour vieux au groove si anglais) chez lui pendant que sa femme est de sortie ou en se faisant accompagner de chœurs féminins répondant « Yes, yes, Yes » à sa supplique Must I Evolve ?.

Sur le plan strictement musical, le longiligne Britannique assume parfaitement ses goûts de père de famille. Si David Bowie rencontre Baxter Dury sur l’excellent Am I Missing Something ?, il convoque le Leonard Cohen déjà un peu papy des années 80/90 en l’associant à l’électronique maigrichonne des débuts de Pulp (Save The Whale) ou renvoie encore au Bowie époque indus’ sur Sometimes I Am A Pharoah.

Seul le spoken word poignant accompagné de piano de Swanky Modes (et son « Some still scoring cocaine/Some laid up with back pain ») ou l’épique final Children of the Echo pourraient rappeler l’époque de gloire de l’auteur de Babies, Do you Remember the First Time ou Sorted for E’z & Wizz.
Une époque totalement révolue et loin des stades en sachant que le premier concert du groupe post-Covid s’est fait dans une grotte paléolithique de Sheffield et diffusé pendant seulement 24 heures du Youtube.

Jarv Is… // Beyond The Pale // Rough Trade

10 commentaires

  1. House Music All Night Long, le single de cette annee 2020! Une chanson incroyable qui represente le passe, le present et le futur a la fois. On sent aussi dans cet album, les influences d’un D Bowie periode Blackstar.

  2. 94 Supersonic d’Oasis en boucle jusque sur les radios de merde de la Bande Fm Francaoui;
    95 une année de ma jeunesse électrique à Southall District, banlieue Ouest de Londres . c’est Pulp à la Brixton Academy, Supergrass à l’Astoria 2
    96 Rent-Boy me prophétise la suite: « Choose your Life, Choose a Job, a Career, a Family, a Fucking Big television…  »
    La Brit Pop cette arnaque

  3. je chourre le enemy & autres et me retrouve avec les Pulp au ex the Fridge le mec qui eu managé Richard Hell, çà c aux nord de Londres,& je fini a bott& le cul a trois/quatres niggas with attitude qui en voulait a mon tee short de Mac l’homme Laren duck rocks. une ote fois guest de chez peaches ou je retrouve Jarvis a qui je lui fait repeter quelques minutes le mot arbre (allez savoir pouquoi???) richar d james au planites c’était un dimanche aprem dans un hotel derrierre Paddington. encore.. non, j’ai ma crème sur le feu.

  4. vu @ POWERHAUZ north London, pris une cuvée dans le cerveau avec leur tour_manager qui m’a gratifié de Moultes tee shirt size S—-ah ah ah,

  5. THE SONG OF MY LIFE VOL 498 : PULP – SPACE.
    La carrière solo de JARVIS COCKER est médiocre et ce n’est pas son nouvel album Beyond The Pale qui me fera changé d’avis. Je suis un très grand Fan des 3 premiers albums de PULP et pour moi leur age d’or va de 1983 à 1992, durant cette période le groupe fut absolument dantesque et unique et hélas quand le groupe a signé sur la major ISLAND RECORDS en 1993, leur son est devenu de plus en plus mainstream et Pulp a fini par rentrer dans le rang. Le NME et le MELODY MAKER ont tôt fait de classé Pulp dans la catégorie extrêmement réductrice de groupe BRITPOP. Pulp existe depuis 1978 et leur premier album « IT » est paru en 1983 soit 10 ans avant les débuts de la Britpop et donc pour moi Pulp est tout sauf un groupe Britpop. https://perseverancevinylique.wordpress.com/2020/08/04/the-song-of-my-life-vol-498-pulp-space/

  6. C’est triste, c’est complètement insignifiant – ou alors il n’y croit + du tout .-
    Ou alors c’est juste une grosse feignasse.
    En tout cas, ça sert à quoi, au juste ?

  7. Bum the chaaud! hé le cooker faussement inssipide ressemblance au bryan ferré mon kil! ou sont tes Legendary stardust girlfriends d’antan !?

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