Après Stanley Kubrick et Fritz Lang, la Cinémathèque Française célèbre jusqu’au 4 août le cinéma de Jacques Demy. Une décevante rétrospective sur le cinéaste des Parapluies. Cinéphiles s’abstenir…

90097-exposition-jacques-demy-cinematheque-2013Vous n’étiez même pas nés. La Nouvelle vague venait de retomber comme un soufflé et la France gaulliste s’enthousiasmait pour les films de Jacques Demy comme au pays de Oui-Oui. Entre réalisme et merveilleux, toujours à la lisière du kitsch et du ridicule, Une chambre en ville, Les Demoiselles de Rochefort et bien sûr Peau d’âne conjuguaient, sous des dehors d’histoires d’amour à l’eau de rose, une indiscutable admiration pour la bourgeoisie de province…et une étrange fascination pour l’inceste. Tout le contraire de chez Chabrol. Évidemment, à quarante et quelques années de distance, le cinéma en « chanté » de Demy a pris un sacré coup dans l’aile et a plus sa place au musée qu’en cover de Gonzaï. Cela tombe bien, il s’expose depuis le 10 avril au 5ème étage du musée de la Cinémathèque.

Bienvenue dans le monde des pâquerettes. La rétrospective plaira très certainement aux fétichistes Demyphiles qui connaissent par cœur les répliques de Peau d’âne et la recette du cake d’amour. Pour l’occasion, Dalloyau s’est même associé à l’évènement histoire de faire renaître le plus célèbre gâteau du cinéma français. Quand mièvrerie rime avec sucrerie… Pour les autres, Demy l’enchanteur sera surtout Demy l’enchianteur. D’autant que Mathieu Orléan (commissaire de l’exposition qui a eu accès aux archives de la maison de production Ciné-Tamaris), Rosalie Varda et Mathieu Demy n’ont pas fait de miracle  sur ce coup-là. Un Demy-échec.  Mais allons-y Alonzo quand-même.

Le couloir d’entrée qui mène à la chose est métamorphosé en « Passage Pommeraye », la galerie marchande de Nantes où le jeune Jacques Demy achètera sa première caméra PathéBaby. « Nous sommes des sœurs jumelles » résonne déjà dans les esgourdes du visiteur comme un appel à la fuite. Premier bémol face au tsunami d’agitation médiatique autour de l’expo : peu de repères biographiques sont présentés sur la vie du réalisateur, hormis les points clés de son CV. En cela, c’est évidemment regrettable. L’enfance du fils-ouvrier passée dans le garage de l’Hôtel De Ville de papa Raymond est assez vite éclipsée. Paul Grimault (le Walt Disney français avec qui Demy a commencé au début des années 1950) et Georges Rouquier (réalisateur de documentaires) passent eux aussi rapidement à la trappe. C’est le premier essai filmographique de Jaquot qu’il réalise en 1944 à l’âge de 13 ans, qui ouvre l’exposition. Récit sous forme dessinée, il met en scène une attaque aérienne contre le pont de Mauves. Dans « La ville de Nantes », première partie de cette rétrospective parmi cinq autre parcours, ce sont près de dix années riches de projets expérimentaux du jeune cinéaste qui défilent sous les mirettes du visiteur, en moins de 24 images par seconde. Manque de pot pour celui qui voudrait en savoir davantage, les premiers courts-métrages du réalisateur sont absents du parcours. C’eut été l’occasion de découvrir au fil de ses premières productions les prémices de son univers et de ses obsessions futures dont on aurait aimé voir quelques passages. Niet. Seules sont exposées des photographies de tournage du Bel Indifférent, film de 1957 sur le texte de Cocteau, qui expérimente audacieusement la couleur, le décor de studio et les longs plans-séquences. Le cinéphile courageux devra donc se coltiner l’intégrale DVD Jacques Demy (introuvable dans la boutique de l’expo) pour trouver La Luxure ou encore Le Sabotier du Val de Loire. Entre deux têtes blondes qui zigzaguent frénétiquement comme des têtards dans toute l’expo, on tente une percée dans la mêlée des gamins, direction La Baie des Anges. Ce film de 1963 où la Moreau copie la blonde attitude de la grande Monroe.

la-baie-des-anges

La période nantaise des débuts, une des plus belles de l’enchanteur, aurait méritée d’être moins négligée. Elle propose, nonobstant une plongée intéressante dans les bas fonds de Lola, le premier long métrage du réalisateur sorti en 1961 et qui a fait peau neuve l’été dernier pour le cinéma. Hasard des rencontres. C’est  sur  le  tournage du film que  Jacques  Demy  s’associe  à  Michel Legrand avec lequel il collabore ensuite sur de nombreux films musicaux comme Les parapluies de Cherbourg qu’il projette déjà et pour lequel il cherche un producteur. Inspiration tirée de son enfance, c’est grâce aux opérettes du théâtre Graslin de Nantes fréquentées avec sa mère, que Demy a sans doute développé une forte sensibilité pour la musique. Les premières comédies musicales américaines et l’univers chantant dans lequel il a grandi ne sont probablement pas non plus étrangers à cette passion. Dix minutes se passent à déambuler dans l’exposition au milieu de la guide scolaire qui s’égosille entre deux photos du petit Demy et la sulfureuse Anouk Aimée en porte-jarretelles. On a envie de se taper un des marmots pour avoir un peu de calme. Bon, en même temps, on était prévenus: « l’exposition est à découvrir avec des enfants à partir de 8/9 ans. Sur le parcours, des cartels sont conçus pour eux avec des informations appropriées et faciles à comprendre », disait le dossier de presse. Il faudra donc s’armer de patience et d’une bonne dose de Xanax.

Parmi les six espaces présentés, « La Mélodie du Bonheur » est évidemment un spot recherché avec ses décors acidulés. D’un côté, la rue des Parapluies de Cherbourg, de l’autre, celle des Demoiselles de Rochefort, et, projetés sur un mur, plusieurs extraits de films qu’on connaît par cœur. Cette partie est aussi l’occasion de (re)découvrir comment Agnès Varda a commis le pire attentat capillaire sur les tifs de Deneuve. La magie opère difficilement. La faute à une scénographie en trompe-l’œil sans saveur. Cerise moisie sur le cake d’amour, aucune alcôve/pièce ne permet d’appréhender la musique de Michel Legrand, compositeur indissociable de celui qui est fou des films de Fred Astaire et Gene Kelly. Pour cela, il faudra dégoter l’anthologie Demy-Legrand, qui compile 11 CD. Non merci. Présenté à Cannes, Les Parapluies de Cherbourg y a pourtant obtenu la Palme d’Or en1964. En outre, il a consacré définitivement Catherine Deneuve, jusque-là jeune starlette dans l’ombre de sa grande sœur, la très belle Françoise Dorléac. De Demy, une post-ado attardée croisée ici dira qu’il a le « swag »…On a le public qu’on mérite.

portrait demyLe fait est que Demy avait la cote à Hollywood à la fin des sixties. Impressionnés par Les demoiselles, les grands pontes de Columbia ont d’ailleurs proposé la botte au réalisateur. A l’époque, les studios hollywoodiens tentent de faire survivre la comédie musicale, en perte de vitesse, à travers des productions ambitieuses. A  leurs yeux, le petit « frenchy » Demy apporte une fraîcheur qui pourrait renouveler le genre.  Pour le couple Demy-Varda,  c’est le début du flower power sous le soleil tapant de la Cité des Anges. Ces années, baptisées « Los Angeles trip », sont le seul temps fort de l’exposition. On y apprend que Jacques Demy est le premier à avoir cru au talent de la belle gueule d’Harrison Ford, qu’il pressentait pour Model Shop, ode superbe à L.A (la suite de Lola). Mais Jacques donne finalement le rôle à Gary Lockwood. Un flop cinglant. C’est la fin des rêves de carrière américaine. Le retour en France du réalisateur se fait d’autant plus vite que Demy apprend qu’il a obtenu le financement pour la réalisation d’un projet qui lui tient à cœur depuis longtemps : l’adaptation du conte de Peau d’âne qui sortira en 1970. Sans surprise, l’expo présente les robes de la Reine bleue, de la princesse et de peau d’âne… Un ultime extrait de Deneuve en souillon nous fait prendre nos jambes à notre cou. Dommage. On aurait bien aimé voir le moment où Jim Morrison débarque à Chambord sur le plateau de tournage (la vidéo est disponible sur YouTube). Lié au couple Varda-Demy depuis leur premier séjour en Californie, le musicien est à Paris en 1970 avec Alain Ronay, son ami (américain, malgré son nom). « Il voulait assister au tournage de Peau d’âne, alors on a loué une voiture », se souvient Agnès Varda.

Par ici la sortie, l’exposition se termine sur les films Parking et Une chambre en ville. Échec pour le premier et succès pour le deuxième. « Chronologiquement, ils se succèdent », raconte Mathieu Demy. « Cela permet de rendre compte des pénibles remises en question que Jacques a traversées entre ses échecs publics » poursuit-il. On termine les trente minutes de visite devant un montage du réalisateur au travail. On le quitte, avec des regrets. Parce qu’en dépit de certains films niais toujours traversés de chassés-croisés amoureux, il existe bel et bien « un tour de force Demy ». Celui du raffinement chromatique, marque de fabrique du cinéaste jusqu’au-boutiste, comme son désir de rendre possible sur pellicule la cœxistence de plusieurs époques, plus ou moins bien donné à voir dans l’exposition. Le cinéma de Demy valait peut-être mieux que cela. Couleurs, décors, costumes, danse, musique…il a popularisé dans cette France des sixties qui s’ennuyait ferme le pop art et le peace and love. Demy a laissé à la postérité dix-huit films que le cinéaste voulait « lier les unes aux autres ». Avec leur rapport poétique au réel sublimé par une mise en scène au cordeau, ses films dialoguaient avec les autres arts : la musique, évidemment, mais aussi la littérature (des contes de fées aux mangas en passant par Colette, qu’il adapta pour la télévision), sans oublier la peinture. Il faut se plonger dans le copieux catalogue de l’exposition (256 pages) pour enfin accéder à des archives illustrées ainsi qu’à des documents personnels et professionnels qui permettent de mieux saisir comment travaillait Jacques Demy, dessinant, rêvant, préparant minutieusement ses films en artisan scrupuleux.

Aujourd’hui, Demy est conscieusement repompé par des cinéastes qui ont émergé à partir des années 90 – après sa mort, donc. En ce sens, les roucasseries de Christophe Honoré et d’Alex Beaupain ont bon dos. Le perfectionniste qui aimait dire qu’il préférait « un film léger sur un sujet grave plutôt qu’un film grave sur un sujet léger » a finalement droit à une rétrospective bien légère. Pour ceux que Demy intéresse, le mieux reste encore d’aller voir ses films, projetés toute la durée de l’exposition dans les salles obscures de la Cinémathèque.

11 commentaires

  1. Article décevant qui pèche par confusion et inexactitudes.
    Vous confondez « rétrospective » et « exposition ».
    Au début de l’article Demy, c’est nul, à la fin quand même c’est pas si mal. Je conçois qu’en ces temps de consensus béat autour de l’auteur des Parapluies de Cherbourg, vous disiez que c’est plus facile d’attirer le chaland en l’attaquant, mais ayez au moins le courage d’assumer votre provocation!

    Demy est un cinéaste majeur que visiblement vous n’avez pas compris. Ses grands films n’ont en effet rien à voir ni avec le pop art ni avec l’esprit « Peace and love ». Le joueur de flûte de Hamelin et Model shop sont ce qui se rapproche dans sa filmographie de l’esprit hippie. Ce sont des films ratés.

    « Présenté à Cannes, Les Demoiselles de Rochefort y a pourtant obtenu la Palme d’Or en1967.  »
    C’est quand même désolant que des âneries aussi évidentes soient publiées sur gonzaï.

  2. Article décevant qui pèche par confusion et inexactitudes.
    Vous confondez « rétrospective » et « exposition ».
    Au début de l’article Demy, c’est nul, à la fin quand même c’est pas si mal. Je conçois qu’en ces temps de consensus béat autour de l’auteur des Parapluies de Cherbourg, vous pensiez que c’est plus facile d’attirer le chaland en l’attaquant, mais ayez au moins le courage d’assumer votre provocation!
    Demy est un cinéaste majeur que visiblement vous n’avez pas compris. Ses grands films n’ont en effet rien à voir ni avec le pop art ni avec l’esprit « Peace and love ». Le joueur de flûte de Hamelin et Model shop sont ce qui se rapproche dans sa filmographie de l’esprit hippie. Ce sont des films ratés.
    « Présenté à Cannes, Les Demoiselles de Rochefort y a pourtant obtenu la Palme d’Or en1967. »
    C’est quand même désolant que des âneries aussi évidentes soient publiées sur gonzaï.

  3. Première ligne une faute, un peu de sérieux s’il vous plaît !

    Quant à Christophe (et non Bertrand), je dois bien dire que je suis d’accord avec toi, aussi, sur le côté inintéressant de ce genre d’expo-cinéma. Même si, en soi, je ne dirai pas non à une rétrospective consacrée à Claude Zidi ou à Fabien Onteniente.

  4. Enfin, Christophe, pour conclure, il n’est pas question ici de dire que le cinéma de Demy est « nul « . Je n’ai pas cette prétention (l’exposition, en revanche, n’apporte rien. Ça oui). Lola, Une Chambre en Ville, La Baie des Anges ou encore Model Shop sont à mon sens de très beaux films. Hélas, pour beaucoup, le cinéma Demy c’est avant tout Les Parapluies, Les Demoiselles et Peau d’âne. Soit ses 3 plus gros succès. Il n’y a qu’à regarder l’affiche de la rétrospective (je veux bien au passage que vous m’expliquiez la différence entre exposition et rétrospective dans le sujet qui nous concerne). Plutôt réducteur. Films que je trouve mièvres et sans intérêt, oui je vous le confirme.
    « Le pop art », c’était pour les couleurs et l’esthétique  » à la Demy ». Quant au « Peace and Love », vous ne m’enlèverez pas de l’idée que le cake d’amour devait très certainement avoir un petit arrière goût de space cake…

  5. Ce commentaire éclaire sur tes intentions. Si je puis modestement me permettre une remarque, tu as l’air d’avoir du mal à dissocier tes perceptions et avis critiques sur l’oeuvre en elle même de l’environnement médiatique / succès / marketing / expos avec gamins. Je trouve ça dommage parce que ça finira par te faire des ulcères à l’estomac pour finalement pas grand chose.

  6. Accroche facile qui laisse à penser que Demy c’est… ou à… A mon sens, mettre l’exposition et la rétrospective dans le même sac, c’est risquer l’amalgame dans le jugement de l’oeuvre et de l’expo. La rétrospective, rétrospecter tout ça, si tant est que ça existe, ça consiste à voir ou à revoir l’oeuvre film, en la balayant de manière globale, à défaut d’être complète. Il aurait été beaucoup plus intéressant, plutôt que d’essayer de faire monter le niveau de la mer, de discuter sur le caractère problématique des expos SUR le cinéma, ou sur la musique, ou sur la littérature, qui à la différence des expositions d’oeuvres artistiques/plastiques, ne présentent pas les oeuvres en elles-mêmes mais leurs à-côtés, plus ou moins documentaires, plus ou moins anecdotiques et décoratifs. Quand à la filmographie, ce n’est pas parce que les demoiselles, les parapluies ou peau d’âne, ont été des succès multidiffusés que leur mérite est moindre (après s’il y a intolérance, c’est une affaire de subjectivité et libre à chacun). Pourtant, très factuellement, il faut bien l’admettre, ce sont des chefs d’oeuvres dans sa filmo, au même titre, là j’en conviens, que ces très beaux premiers : Lola, la baie… Par contre il y en a d’autres qui nous laissent sur notre faim quand ils ne sont pas franchement ratés : Model Shop lambine pas mal et fait pâle figure après Lola, Lady Oscar, le joueur de flûte, Parking, 3 places… Pour moi, l’article est à côté de la plaque parce que l’expo, en misant sur le grand public, vise bien sûr à asseoir les finances de la cinem, mais également à amener un public pas forcément très connaisseur à aller vers ses films. C’est de la vulgarisation et surtout de l’évènement un peu fabriqué. Je ne pense pas que les « intéressés » s’intéressent trop aux expositions sur, à moins d’être effectivement des fétichistes névrotiques ou d’avoir du temps à tuer. Vous faîtes visiblement erreur sur le terme rétro… Et il faudrait rappeler que les films présentés ont été restaurés. C’est donc quand même, une petite opportunité.

  7. Il n’empêche que cette rétrospective squatte la Cinémathèque jusqu’au mois d’août et qu’en termes d’expérience de visite et de contenu, c’est circulez y’à rien à voir. Pourquoi faire les choses « à moitié » alors qu’il y aurait certainement eu matière à montrer autre chose que les costumes de Peau d’Ane? Pas du tout d’accord sur l’inutilité des expos SUR le cinéma ou SUR la musique. L’exposition « Musique et Cinéma » en ce moment à la Cité de la musique est franchement superbe. Les expos Kubrick, F.Lang et même Tim Burton avaient elles aussi pour volonté d’alpaguer le chaland, avec les mêmes pressions mercantiles. Et pourtant, toutes étaient des vraies réussites (question de subjectivité, sans aucun doute). Et c’est tant mieux si les visiteurs répondent présents. C’est bel et bien le business model actuel des musées, dans leur volonté de démocratisation et de rentabilité à tout va. Les expos artistiques présentent exactement les mêmes objectifs, depuis que les musées sont devenus des parcs d’attraction façon Disneyland. Hopper, Newton, Dali en sont de bien pauvres exemples. Une autre idée de papier, je vous le concède 🙂 !

  8. Je signe et contresigne. Je dois avouer qu’à la faveur d’une panne de rideau à la cinem (le joli diaphragme de la Langlois ne s’est pas ouvert comme à l’accoutumée, créant une sorte de lucarne ultra wide screen tout en haut de l’écran), j’ai découvert l’expo Demy (écrasant quelques sales gosses et parents dans la foulée, non, je ne plaisante pas), et dans l’entre foulée, Pialat (refoulé dans l’ombre du 7ieme étage pour les plus téméraires), et que toutes deux, contre toute attente, m’ont procuré un certain plaisir.
    L’expo Demy est ouvertement grand public et deux approches s’y mêlent : l’une donne la part belle à la reconstitution et aux frou-frous (soit), et l’autre, plus documentaire, met en valeur les docs de travail (découpage, plan des décors avec angles de vue de chaque plan, etc.) ainsi que les collaborateurs de Demy, dont le décorateur régulier, Bernard Evein si ma mémoire est bonne. Donc c’est un peu plus intéressant que ça en a l’air. Le seul travers à mon sens, c’est de donner une image un peu paillette de Demy, l’insouciance un peu folâtre et fantasque des Demoiselles, contre la face plus sourdement mélancolique du réalisateur, qui est pourtant une constante, déjà présente dans Lola/la Baie, très affirmée dans ses films les plus connus, et incroyablement crépusculaire dans une chambre en ville. Mais, ça c’est une première impression à vérifier car la marmaille et les badauds ne m’en ont pas laissé l’occasion. Pour le reste, je reste sur mes premières remarques, le manque d’ambition didactique de ce genre d’expo qui les rendent, quelqu’en soient les qualités, assez superficielles…
    Pialat est peu à son avantage au 7ième grenier avec une entrée en matière des plus rebutantes, assez mortifère : cimaises glauques dans des tons de peinture cubiste, gros encadrements disgracieux des tableaux… Pourtant, on y trouvera de beaux documents : une lettre de Simone Signoret qui s’excusera auprès de Pialat d’avoir refusé le rôle de la « Gueule Ouverte » par peur… de la mort, une lettre d’excuse de Pialat à l’acteur Richard Anconina après qu’il ait déserté le plateau de Police suite à une engueulade, Pialat qui relance son producteur suite à l’arrêt de tournage de Loulou (arrêté à cause de Huppert, partie aux States tourner…les portes du paradis de Cimino!), les affiches originales des films (dont celle du proto « A nos amours » encore intitulé Suzanne), les docs de travail de Pialat avec les découpages annotés… bref, tout ce qui caractérise le cinéma de Pialat, un parcours difficile, en dents de scie, entaché par de perpétuelles difficultés matérielles et parfois relationnelles, mais touché par une sorte de grâce et de paradoxale tendresse.
    Donc difficile de ne pas aimer ces deux expos tant ces deux cinéastes sont des pierres angulaires et, au-delà de leur exemplarité, affectives. A contrario de ce que j’ai pu hâtivement dire, et de ma crainte souvent fondée d’être déçu par la superficialité de ce type d’entreprise, il y a quand même une forme de projet documentaire à l’oeuvre, à défaut d’une ligne éditoriale très judicieuse, dans ces deux expos.
    Salutations!

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