Avec son troisième album « Magic Touch », l’Américain livre un hommage discret, quoiqu’assez direct, à l’homme à tête de chou. Et même presque trente ans après la mort du Français, le légume est loin d’être périmé.

Le moins qu’on puisse dire en se penchant sur le berceau de « Magic Touch », c’est que le label (Mexican Summer) ne s’est pas trop foulé quant au descriptif du très (trop) rare Jack Name. Tout le personnel était parti à la plage au moment de la rédaction des argumentaires de précommande ? Vous foutez quoi les mecs ? Vous n’avez pas des disques à vendre ? Bon, passons sur cet été de glandeurs mexicains et venons-en aux faits : Jack Name reste certainement avec Tim Presley l’un des plus beaux secrets de l’indie américaine et a priori, pas de risques que ça change pour cet album.

Dans un style éthéré – une manière polie de dire « sans argent » –, celui déjà passé par le label de Thee Oh Sees (Castle Face) s’est cette fois-ci enfermé dans un appartement d’Hollywood avec un 24-pistes, et le résultat aux antipodes du très bowiesque « Weird Moons » (2015). Derrière la pochette signée par un.e stagiaire, des comptines sans bruit mi-folk mi-château où Name déroule des cordes lorgnant assez sec sur le « Vu de l’extérieur » de qui vous savez. Le résultat, très américain dans le rendu, n’égale évidemment pas les arrangements d’Alan Hawkshaw ni la section anglaise derrière, mais le virage pris cinq ans après « Weird Moons » a de quoi désarçonner, surprendre, les 43 fans du bonhomme. Quel drôle de disque. Chaque chanson ressemble à une comptine jouée par un type au bord de l’érosion et tentant, dans un ultime effort, de remonter la pente. Soit un beau résumé de notre année 2020, compilée en 10 titres.

Arrivé au 8ième titre, comme un doute. N’y a-t-on pas été un peu trop fort avec ce titre associant un Jacques Nobody au grand Serge ? Sacred Place, certes, fait vite fait penser à Chez Max coiffeur pour hommes, mais c’est quand même un peu « moi non plus ». Puis vient le morceau I came to tell you in Plain English (I’m leaving you) et difficile de faire plus évident comme dédicace à Gainsbourg. Ceux qui connaissent l’itinéraire de Jack Name (producteur pour Cass McCombs, partenaire d’Ariel Pink, etc) en seront pour leur argent ; les autres seront peut-être heureux de faire la découverte d’un songwriter bien trop discret dont on aimerait qu’il vienne nous dire qu’il ne s’en ira pas encore pour cinq ans. Si l’on en juge pas le dernier titre (Losing my way), c’est pourtant pas demain que vous verrez le troubadour entonner des refrains sous votre fenêtre. Dommage, ce garçon aurait mérité qu’on mette un peu plus de respect sur son nom.

Jack Name // Magic Touch // Mexican Summer
https://jackname.bandcamp.com/album/magic-touch

4 commentaires

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