Dans la catégorie « bon client en promo », je voudrais le vieil oncle belge un peu fou. De retour avec l’album « Santeboutique », qui signifie « bazar » du côté d’Ostende, il en est de même pour cette interview où il est question, en vrac, des jambes d’Eddy Merckx, des fachos belges et de blues.

Il est là, il arrive, sur son petit nuage, comme d’habitude. Un peu comme Christophe, planant, toujours un peu à côté, à part, bref : lui-même. Avec « Santeboutique », bis repetita, Arno revient, encore. Comme toujours, finalement. Pas de changement notoire, mais un parfum d’inquiétude dans l’air. C’est même pas qu’Arnold Charles Ernest Hintjens, né à Ostende en 1949, n’aime pas l’époque actuelle, c’est surtout qu’elle lui fout les jetons. D’où la naissance de cet album dont on peut dire que même si le rock et les guitares sont toujours tamponnées sur le devant, certaines chansons semblent, elles, prendre le large – on pense à Ostende Bonsoir ou Court-Circuit dans mon esprit, avec ses synthés à la Christophe, justement. Tout cela n’empêche pas qu’il y ait deux singles parfaits pour les fans historiques (They are coming et Santeboutique) et puis, aussi, une chanson sur, euh, les saucisses de Maurice. Voilà où nous en sommes quand Arno s’installe dans le fauteuil, l’air un peu distrait; surtout une manière de tromper son interlocuteur. Car comme les vieux crocos, Arno ne dort que d’un seul oeil.

Voici donc l’interview anti-promo qui nous évitera les phrases toutes faites style « ce nouvel album je l’aime comme si c’était mon enfant ». Et putain putain, qu’est-ce que ça fait du bien.

Arno, le fait que ce nouvel album sorte l’année de vos 70 ans, ça a un sens ou absolument pas du tout ?

Bof…. Je pense pas à l’âge moi. Je dis toujours : « je suis né vieux, je mourrai jeune ». Je fais des albums pour faire des concerts.

C’est venu comment là, cet album ? Vous tourniez trop en rond chez vous ?

Non. Le monde change en ce moment, très vite. Maintenant partout le conservatisme est aussi haut que la Tour Eiffel.

D’où le titre de la première chanson, They are coming ?

Aussi, oui. Je trouve que le monde est en train de changer très vite [il fait une moue], les extrémismes montent partout, ça me fait peur. Est-ce que c’est la même chose que dans les années 30 ? Franchement, j’espère pas. Mais c’est le même scénario. L’Europe est en train de changer. Regarde en Italie, en Espagne, même dans le nord, partout quoi. Enfin bon, c’est le peuple qui vote… sans les électeurs, y’a pas le mec en Amérique avec sa coiffure en forme de cul de lapin rose…

« Santeboutique » signifie « bazar » en belge. Vous vouliez dire que l’époque vous semble être un gros bordel ?

Ca va au delà du politique, « santeboutique » ça veut tout dire. Dehors y’a peut-être des gamins qui font des études pour un boulot qui n’existera plus dans 5 ans. Et puis dans la chanson nommée comme ça, je parle d’un couple qui tombe amoureux et qui fait des enfants et tout le bazar et après… bah y’a un bazar, hein. Ah ah ! Qui crée le bordel ? C’est l’être humain. Moi je fais que constater. Maintenant on vit dans un film de cowboys. Et moi j’aime pas les cowboys, faut porter des chapeaux, dis.

(C) Danny Willems

Intéressant cette inquiétude pour le monde qui change vite. Votre nouvel album, lui, donne l’impression d’un Arno qui ne change pas : les chansons auraient pu sortir en 1999, 2005, etc. Ca reste encore une fois intemporel.

Je sais pas. Musicalement, c’est possible. Je pense pas à ça. [Il coupe et s’adresse au serveur : « je peux avoir une bière sans alcool ? »] Pour ce disque, c’est un peu la même équipe que d’habitude et en même temps… non. Enfin disons qu’en tant que groupe, oui. Oui, oui. Plus qu’avant. Mais non. Attends, je sais plus. Je voulais faire un album, comment dire… avec moins de synthés. Un truc plus profond, plus physique, moins marqué par les sons d’instruments ; tout le monde fait ça aujourd’hui. Et moi, je peux pas faire un album comme les autres. Tu comprends ?

« Les sœurs catholiques, elles sont payées pour penser. Mais moi je suis pas vierge, hein ».

Il y a ce titre, Ostende bonsoir, le moins rock de l’album, et le meilleur peut-être, à propos de la ville où vous êtes né voilà 70 ans. Elle sonne presque comme un au-revoir.

Ostende bonsoir, c’est une chanson de nostalgie. J’ai enregistré ça avec mon groupe mais après coup, je l’ai ralenti. Ca donne du rock lent, ça me semblait parfait pour l’idée que j’avais d’un Ostende mélancolique et nostalgique, du temps où le N-VA et le Vlaams Belang (les deux partis d’extrême droite belge) ne gouvernaient pas encore la ville. Et ça, c’est le résultat.

Comment fait-on, avec une si longue carrière, pour préparer un nouvel album ? On réécoute tous les anciens pour éviter de se répéter ?

J’ai peur. Je veux pas me répéter. Quand je fais un disque, je réécoute rien. Mais y’a des chansons que j’ai écrit y’a 10 ou 15 ans, et qui sonnent plus pareil aujourd’hui. Tiens je vais te donner un exemple : Les yeux de ma mère, maintenant je la joue seulement en piano-voix, alors qu’au départ c’est un morceau guitare-batterie et tout le bazar. Même Putain Putain c’est plus du tout pareil. Bon, moi je suis impulsif, je pense pas, je suis mon instinct. Je veux pas penser qu’on pense qu’on pense qu’on pense [ça dure comment ça encore 10 secondes, Ndr]. Tu vois ? Les sœurs catholiques, elles sont payées pour penser. Mais moi je suis pas vierge, hein.

C’est pas emmerdant de donner des interviews à propos d’albums où vous n’avez pensé à rien ?

Bah écoute, ça dépend. Y’a des questions qui reviennent tout le temps, mais c’est normal. Aujourd’hui j’ai pas parlé des TC Matic, aha !

Même avec tout ce bazar, vous vous sentez encore européen, comme dans la chanson ?

Je suis toujours européen. J’habite au centre de l’Europe, à Bruxelles. Ici, on parle cinq langues. Au nord, au sud, on est à 50 kilomètres d’un autre pays, c’est à 1h20 en train de Paris. […] Est-ce que les Belges sont meilleurs que les Français ? Ca, je sais pas. En cyclisme, ça oui ! On a de plus belles cuisses que les Français ; t’as vu celles d’Eddy Merckx ? Oh la la !

OK. Arrivé à votre âge, est-ce qu’on peut légitimement penser que vous jouerez jusqu’à la fin, comme les vieux bluesmen ?

J’espère, oui. Le blues, c’est la base de ma musique. Quand j’étais jeune, j’ai eu un prof à peine plus vieux que moi. A la fin du cours, un jour, il me demande de me rapprocher et me dis : « voilà 5 vinyles ». Y’avait des albums de Muddy Waters, Sonny Boy Williamson, etc. Il dit : « Je sais que tu es fan des Kinks et des Stones, mais toute la musique vient de ceux là ». Il m’a ouvert les oreilles et les yeux. C’est comme ça que je suis devenu chanteur de charme raté.

Eh bien merci Arno.

Oh bah c’est pas grave.

Si vous faites des bêtises ce soir, pensez à moi [Arno ne s’en souvient pas mais j’ai travaillé avec lui au début des années 2010 et l’ai entendu dire cette phrase un paquet de fois à la fin des interviews, Ndr]

T’as fait des études pour être sage ? Moi oui. Et c’était très fatiguant. Alors fais attention à toi et envoie moi un SMS quand tu es arrivé chez toi.

Arno // Santeboutique // Sortie chez Believe le 13 septembre
https://www.facebook.com/arnoofficialpage/

En concert à l’Ancienne Belgique (Bruxelles) le 24 janvier et au Trianon (Paris) le 11 février.

5 commentaires

  1. ce festival Balais sur la cote bask ça devenait un peu trendy Obligé c comme çà la ‘culture’ maintenant de beaux linges sur les epaules et les cuisses, zaltan un peu grosse sa bouée…. la même equipe de followers, les mêmes mags, en fait les même gens de la capitale qui débarquent comme chez noailles… la radio Balais pas grand chose tjrs les mêmes répétitives bites….. le park pas un skate park cela aurait fait encore trop Bourgeois Balais….

  2. tout les albums de diet straits remasterises ainsi ceux de whisbone hashe, eagles, king crimson , Nazareth,

  3. mon prof de glasgow nous passait elliott murphy, & tom petty pour moi a l’achat les 1er. apres ce fut ny dolls & buzzcocks, puis now le uk garage for dance floor de peckam.

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