L’enthousiasmant septième album d’Hot Chip, « A Bath Full Of Ecstasy », est une ode à la danse qui restera aussi comme l’une des dernières productions de Philippe Zdar.

Si elles furent un drame vestimentaire, les années 2000 auront au moins eu le mérite de consolider la relation devenue aujourd’hui évidente entre rock et dance. Un peu gênant aujourd’hui, l’électroclash a tout ravagé à l’époque donnant quelques bons disques et beaucoup de pose pour sombrer ensuite gentiment dans l’embourgeoisement puis l’oubli. Un peu à part au milieu des LCD, Rapture et autres Tiga, une bande de nerds londoniens faisait rimer Peugeot et Yo La Tengo et privilégiait le groove au look : Hot Chip. Et à la quarantaine bien entamée, ils arrivent toujours à danser.

Résultat de recherche d'images pour "hot chip A Bath Full Of Ecstasy"Aussi fondus d’indie que de dance, les Anglais menés par le tandem Alexis Taylor/Joe Goddard égrènent depuis près de 20 ans une discographie dévouée entièrement à la danse. Une culture club qui passe forcément par Chicago et Détroit mais à l’anglaise : en dignes héritiers de New Order, du Screamadelica de Primal Scream et des délires de l’Hacienda de Tony Wilson. Soit ce groove entièrement britannique et assez difficilement définissable entre voix fluette et piano house. Idéal pour ceux qui ne savent pas danser mais connaissent par cœur leur discothèque rangée par ordre alphabétique.

Et ils en auront empilé des tubes avec leurs dégaines d’ingénieurs informaticiens : Over and Over, Ready For The Floor, One Life Stand, Flutes ou Need You Know pour faire vite. Chacun de leur disque avait au moins son emblème. Une formule éprouvée et gérée en bon père de famille depuis qui n’empêche pas une production massive en solo sous leurs noms (Taylor, Goddard) ou en groupe (2 Bears pour Goddard ou LCD Soundsystem et New Build pour Al Doyle).

Tout cela n’a pas vraiment changé pour leur septième album, « A Bath Full Of Ecstasy ». S’il a été long à arriver (4 ans depuis « Why Make Sense ? » une éternité chez eux), il garde les bonnes vieilles recettes. Il fait même mieux puisqu’il s’agit probablement de leur meilleur disque depuis l’âge d’or de la fin des années 2000. Et de trouver le bon équilibre entre pop et dance pour donner au final un condensé assez complet du style Hot Chip.

Plus complet et plus riche, il bénéficie pour la première fois d’aides extérieures avec le producteur écossais Rodaidh McDonald et l’appui du regretté Philippe Zdar. Le Français ayant accueilli les Anglais dans son Motorbass Studio parisien et entièrement mixé l’album qui est sorti quelques jours seulement après sa tragique disparition. L’occasion aussi de rendre hommage à cet immense maître de la danse devenu producteur à succès (Phoenix, Tellier, Beastie Boys, Catpower). Il aura lui aussi œuvré avec beaucoup de talent et de classe au rapprochement entre les musiques tel qu’on le connait aujourd’hui. Tout le monde devrait d’ailleurs réécouter son « Pansoul » avec Motorbass (en compagnie d’Etienne de Crécy) et son dernier disque avec Cassius pour les amateurs du genre (et publié le même jour que celui d’Hot Chip).

Un intermède triste mais nécessaire, tant son ombre est omniprésente ici, comme en témoigne l’excellent Spells qui bénéficie du matériel dément de son studio. Soit du Hot Chip dans le texte magnifié par le gros son si caractéristique de Zdar et un vocoder tellement frenchy qu’il en devient d’autant plus émouvant après coup (présent aussi sur le planant Clear Blue Skies). L’hymne hédoniste Melody Of Love ou le tube house très club Hungry Child s’ajoutent à la liste des réussites d’un disque qui se trompe parfois (la soul autotunée un peu indigeste de Bath Full Of Ecstasy ou l’électro-pop au kilomètre d’Echo) mais dégage en même temps beaucoup de positivité (et on ne dit pas ça parce qu’un titre s’appelle Positive).

De l’hédonisme encore une fois même si le terme est souvent galvaudé. Ce n’est d’ailleurs probablement pas un hasard si ce « bain plein d’extase » (à défaut de pilule) se termine sur un idéal titre d’after, le lancinant et magnifique No God. Mixé par Zdar sur une plage en été. Et tant pis pour le cliché.

Hot Chip // A Bath Full Of Ecstasy // Domino

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