Comment reconnaître un bon disque ? C’est la question que tout le monde se pose ; une équation cornélienne sur laquelle planchent en vain les rats de laboratoire. La réponse est pourtant simple : une pochette originale, un nom de groupe qui tue, au moins deux morceaux capables de faire tressauter le corps de l’auditeur comme un condamné texan sur la chaise électrique. Rajoutez à cela l’indice confidentialité breveté « sortie de nulle part » et vous obtiendrez Futuroscope.

10356483_10202706675440338_992403442_nD’habitude les chroniques, elles-mêmes répondant à une méthodologie éprouvée, se décompose comme suit : le rédacteur plante le décor en récitant l’histoire du groupe après avoir appris la biographie par cœur, puis vient le moment de la dissection du tracklisting avant la fameuse conclusion où le discologue éclairé fait la synthèse. Dans le cas de Futuroscope, cela donnerait ceci :

« Originaire de Tours, le duo qui a choisi son nom sans même connaître la célèbre attraction touristique qui attire tous les ans suffisamment d’Allemands en tongue pour rejouer l’invasion de 1940 sert une musique instrumentale du plus bel effet. A cheval entre Faust (l’ambiant tordue de Futurosleep), Link Wray (les guitares lancinantes de Warm Walking Day) et Neu ! (la longue intro de Moon, suivie d’un groove sur lequel Klaus Dinger n’aurait certainement pas craché), un premier disque krautrock du plus bel effet. Idéal pour ceux qui ont le pouce fatigué à force de piquer leur poupée vaudou en pensant à Yannick Noah ».

Voyez, c’est pas compliqué ; pas la peine de perdre votre dimanche soir à trouver des effets de manche stylistiques pour appeler un chien un chien, un bon disque, un bon disque. Celui de Futuroscope, nommé « Hum », est une énième preuve que la musique française, celle qui ne passe ni à la radio ni à la télé et qu’on ne voit pas dans la presse spécialisée faute de place ; bref que cette musique gondolée va bien, merci pour elle. Après la récente surprise procurée par Dictaphone, autre groupe de Tours, les gars de Futuroscope ne s’encombrent pas plus de long discours pour transposer l’Apocalypse en partition. Comment est née cette folie furieuse ? « C’est venu d’un concert de remplacement d’un groupe au dernier moment avec des morceaux composés la veille au soir pour le lendemain dit l’un des membres, quand on a eu finit les morceaux, on a envoyé ça à des labels via internet et on a choisi Monofonus Press car ils était chauds pour le sortir rapidement ». Là encore, le groupe fait dans la poésie Maxwell qualité filtre : c’est vraiment pas la peine d’en rajouter.

Composés par Jb Geoffroy (batteur dans Pneu, Papaye ou Jagwar Pirates) et Julien Finky (ancien guitare-man des finkielkrauts), les titres de « Hum » sont une drôle d’expérience ; un drone sonique joué à haute altitude avec la chienne Laïka en guise de mascotte; beaucoup moins prosaïquement c’est un truc de sale gosse coincé dans sa chambre et qui souhaiterait DETRUIRE le dimanche soir du voisin en faisant PAPAPOUM sur la grosse caisse pour couvrir la voix rauque du père gueulard qui tape à la porte. Un disque de cinglés pour cinglés bercés trop près du mur ; ou de la ligne Maginot puisqu’il est ici directement question des influences du rock métrique allemand sur la musique de ces natifs de Tours, une ville, on le rappelle, où comme dans la majorité des agglomérations françaises il reste difficile de trouver des clopes passés 10h du soir. L’exploit de Futuroscope n’en est que plus appréciable.

Futuroscope // Hum // Monofonus Press (dispo en K7 ou digital)
http://futuroscope.bandcamp.com/

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