La désinvolture élégante d'un Brialy jeune et le déhanché distancé d'un Chamfort en un seul homme-orchestre, est-ce possible ? Oui ! Ladies and gentlemen, permettez-moi de vous présenter le François Club.

Repéré de fraîche date par les scouts de Rain of Asteroïds, et identifié par l’Internationale de ceux qui savent comme une belle comète dans la galaxie des décalés très doués, François Club est probablement le transfuge le plus intrigant de la tribu Aquaserge. Surréel en live, candide et nonchalant sur disque, notre désinvolte-pop touche au cœur à chaque fois et de façon suffisamment régulière pour aller y voir de plus près. Interview.

François Club 4

François, une part non négligeable des artistes de ta génération cultive un éclectisme parfois étrange, en mariant la carpe et le lapin, pour un résultat hybride dont la somme des parties transcende rarement le résultat final. Mais l’audace et le décomplexé semblent être des tendances lourdes. T’inscris-tu dans la tendance ? Pourquoi ?

Je vois ce que tu veux dire, pour le meilleur et pour le pire, tendance fourre-tout, sans origine, désincarnée, catastrophe… je vois, je vois ! Je ne m’inscris dans aucune tendance, à ce niveau, c’est clair, je suis mes envies et mes fantasmes et d’aussi loin qu’il me souvienne, j’ai toujours varié les influences. Anecdote plutôt drôle, quand dans mes années étude au Conservatoire de musique en Electro-acoustique, je jouais parallèlement dans Aquaserge, j’allais danser en rave jusqu’à pas d’heure, et sans avoir dormi, les dimanches je chantais dans une chorale de musique classique. Je reste attentif aux trucs mais dans une certaine mesure en suivant mes envies !

La référence est également la norme, et tes productions n’échappent pas à la règle. Quels sont, chronologiquement, les inspirants qui ont fait de François Club, euh… François Club ?

Pour François Club, je me suis inspiré des mecs comme Tellier ou Katerine, qui sont des références majeures, dans la pop hexagonale ces 15 dernières années. Je pourrai aussi citer Yellow Magic Orchestra ou Todd Terje pour le coté space disco futuriste ou Elli et Jacno ou Talking Heads, pour répondre à quelque chose de plus new-wave. On me compare souvent à Alain Chamfort, à Etienne Daho, c’est bizarre, mais je ne les ai jamais trop écoutés !

D’ailleurs, pourquoi « Club » ?

François Club part d’un malentendu. Un jour je parlais avec un mec qui sans faire exprès a transformé Franz O Clock (mon ancien projet) en François Club. J’ai alors imaginé François Club, et pleins de choses me sont apparues comme évidentes, la musique, l’onirique, les visuels, le personnage … je me suis dis que tout ça s’alignait bien et tout est allé vite : j’ai fait plein de démos en quelques jours, chanté en yaourt et puis j’ai laissé stagner. J’y suis revenu quelques mois après, j’ai pioché les trucs raccords qui me paraissaient bien, mais rien de prémédité ! Il y a aussi Transatlantique que j’ai co-écrit avec Pieuvre (Convex) de Toulouse. Pour celui-là aussi c’est allé assez vite, on était tout excité, on dansait dans le salon quand le truc est sorti ! François Club, ça se danse, c’est un truc qui claque, un peu rétro, quelque part entre nostalgie et le future beat, Une réalité fantasmée, un décor au néon et des claps de 707 sur les contre-temps. Mais ma musique n’est pas absurde ou ironique, pas plus qu’anachronique. Plus, sûrement, dada ou surréaliste !

Et les 80’s ?

Oui c’est ce qu’on dit de ma musique, mais je ne le fais pas exprès. Je suis un enfant des années 80, je les ai traversées et j’en garde plein de souvenirs : ma mère qui écoutait les groupes avec son brushing, en faisant de la gym… Nous dansions ensemble ! J’enregistrais la radio, que j’écoutais très fort dans le walkman à cassettes. En réalité, les 80’s c’est aussi et heureusement autre chose; c’est tellement riche quand tu creuses; Keith Haring, Jean-Michel Basquiat, Afrika Bambata… Tellement de groupes et de nouveautés, c’est vraiment très riche : punk, rap, la early techno… c’est froid, c’est stylé, c’est international et c’est donc fin de siècle ! We are the 80’s !

En investiguant un peu, on découvre que tu as croisé quelques figures repérées de la nouvelle scène française (Burgalat, Aquaserge, Julien Gasc, Julien Barbagallo, la Souterraine…). Peux-tu nous raconter ?

Oui en effet j’ai joué avec Aquaserge de 2008 à 2011, forcément, ça rapproche avec tout le milieu qui gravite autour. On a joué, tourné aux Etats Unis, en Europe et c’est lors de ces voyages que j’ai été amené à rencontrer Bertrand Burgalat, Stereolab, April March… Tout ce milieu qui gravite autour de « la bande de Toulouse ». C’est en quelque sorte la base, Toulouse, l’aire de repos, c’est là bas que je viens me ressourcer. Aquaserge m’a beaucoup apporté ! C’est avec eux que j’ai réellement fait mes armes, ils sont hyper-créatifs et hors-cadre. EtJulien Gasc est aussi un ami de longue date, c’est avec lui que j’ai commencé la musique à 16 ans. On avait un groupe de punk, Muddle, c’était vraiment grandiose les week-ends ! Maintenant ça fait deux ans que je vis à Paris, j’ai eu d’autres ouvertures, avec d’autres milieux : Nicolas Lockhart qui a produit mon premier EP « Paramilitaire », Ricky Hollywood, Judah Warsky avec qui je partage beaucoup de visions post disco, Abraham du label Mind Records (Bataille Solaire/Bernardo Feminielli…), les artistes de la Souterraine aussi…

Tu es co-programmateur du Festival le Maska Souterraine. Peux-tu nous le présenter ?

Tout part du Maska, un petit coin de paradis dans le Gers, de mon ami Luc, qui en est l’heureux propriétaire… C’était en 2014, j’y suis parti pour une mois de résidence avec mes vieux synthés et cette idée naissante de François Club. L’année d’après on a décidé de travailler sur la prog et sur l’organisation du Festival avec Vincent, un autre ami de longue date, qu’on baptise Maska Souterraine. L’idée ? Fabriquer un festival à échelle humaine, avec des artistes underground et émergents tels : Eddy Cramps, FOCA, Remi Parson… Et d’autres comme Hyperclean, Dick Annegarn, Kunzu….

Si tu imaginais ton année 2017, que se passerait-il idéalement et que va-t-il se passer réellement ?

2017 va être une année charnière pour François Club car j’ai eu pas mal de bonnes critiques à la sortie du premier EP et des 4 clips. Là je suis en train de terminer l’enregistrement de mon deuxième EP ! Je travaille avec Emmanuel Mario d’Astrobal qui le produit. Les nouveaux morceaux assurent la continuité du premier. Je vais sûrement faire une campagne de Crowdfunding afin de financer la création du disque. J’en dirai plus la prochaine fois !

https://francoisclub.bandcamp.com/releases

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