Si j’avais beaucoup d’ambition pour mon premier papier sur la culture porn, c’était sans compter sur la réédition de ce Fleur Empoisonnée et la règle édictée par le boss : en bien ou en mal, tout DVD made in Wild Side Video passé entre nos mains devra être chroniqué. Résultat ? Au lieu de théoriser sur la promotion de la bisexualité au début du XXIème siècle, je me retrouve à déblatérer sur un film que certains – évoquant la « folle liberté créatrice » de son auteur – ont cru bon d’inclure dans une série sobrement intitulée L’âge d’or du roman porno japonais.

Du synopsis, je n’avais retenu que l’opposition potentiellement vidéogénique entre la « malheureuse marquise » et la « perverse en uniforme ». Peu habituée à l’incrustation de conflits psychologiques dans ce genre cinématographique, ma curiosité m’amène à proposer aux quelques amis que je reçois pour le goûter de regarder la voluptueuse production. Un goûter érotique ! Bon Dieu, mais comment n’y avais-je pas pensé avant ? La mère maquerelle en moi jubile, Nadine de Rothschild peut aller rajuster sa gaine.

Si l’idée est parfaite, l’incompréhension et l’ennui ne tardent pas à s’abattre sur nous. Double décalage : le film date du début des 80’s, il est japonais. L’obsession du réalisateur pour les pieds, les poils et les visages de femmes alternativement douloureux ou inexpressifs me laisse froide ; l’érotisme dans la transgression de codes qui me sont étrangers anesthésie ma libido. A défaut de soupirs alanguis, le spectacle provoque le rire sans parvenir à troubler mes invités. Ajoutée à ça, l’imbécilité de l’intrigue associée à une recherche esthétique sans finesse incite à une comparaison – forcément peu flatteuse – avec le culte et dérangeant Empire des Sens de Nagisa Oshima. Chez Fujii, pas de quoi rougir, pas de quoi détourner le regard. Si les silences se font pesants, c’est uniquement parce qu’on s’emmerde.

Ci-git ma libido.

Katsuhiko Fujii // Fleur empoisonnée // DVD Wild Side

5 commentaires

  1. Je n’ai pas vu ce film, mais pour ceux que le genre interesse et pour avoir autre chose que l’empire des sens a citer (je taquine!) je conseille le bouquin Behind the pink curtain, tres beau livre, photos, textes..
    Un cliche surement, mais le japon est grand pour le cinema erotique.

  2. Ah, mais il y a de vraies pépites, dans cette série!
    Allez, un petit dialogue amant-maîtresse, dans un film du même Fujii :
    -Ta femme t’a sucé le jour du réveillon ?
    -Ma femme ne suce pas. Elle a trop d’orgueil.
    -Tu mens. C’est toi qui disais que les orgueilleuses étaient les plus lubriques.

    (j’aurais dû inviter des amis, tiens)

  3. 1er film érotique : je devais avoir 8 9 ans , j’ai éteins tellement c’était nul. Une peluche en gorille qui déshabille et viole un femme, excusez moi, mais j’y ai pas cru.
    12ans : L’empire des sens : Ah ca oui, c’est plus réaliste, j’y crois tout de suite.
    16ans : premier Porno X-wolrd one ( ca vous parait normal de regarder un porno entre pote pour la mauvaise réalisation (forcément) et la bande-sonore mythique pour ma bande d’amis?)

    29ans : 1er article porno sur Gonzai, et d’ismene de Beauvoir. Pas mal. c’est une voix à exploité parce que ce n’est pas facil. Il suffit de regarder la taille du papier : bien plus court que les autres. Je lis gonzai depuis « smell teen like spirit(eux) ». Allez que Gonzai retrouve un peu de mousquetaire, un peu de force subversive…attaquer les plus faciles c’est facile et nul aujourd’hui.

    Ismene, je n’aime pas votre « tante » mais vous portez si bien le pseudo de « Beauvoir » J’aurais presqu’envie d’écrire l’ « Hhistoire d’O » (ou de Q) pour vous.

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