Le festival 36h Saint-Eustache, qui a lieu dans l’église du même nom près de Châtelet à Paris, fêtera sa douzième édition. Deux raisons de s’y intéresser : c’est gratuit. Et on a papoté avec Ombeline, la programmatrice.

Elle en parle avec des étoiles dans les yeux. Un peu comme si c’était son festival à elle. Pourtant, Ombeline me dit être pudique et ne veut pas être mise en avant. Raté. Toujours en quête de nouveautés, la programmatrice est au cœur de ce festival, qui invite chaque année des artistes à jouer au sein de l’église Saint-Eustache, connue pour ses liens avec l’art et la musique. La programmation, elle, reflète leur vision de la musique. Une musique avant-garde et singulière. Ombeline se désole pourtant de ne pas pouvoir programmer tous les artistes qu’elle affectionne. Parmi ceux qu’elle adorerait voir sur la scène de la paroisse ? Electrelane, Daughter, Sufjan Stevens, The Rapture… La liste est longue. Ce festival, c’est un peu le reflet de la scène underground parisienne. Et celui des coups de cœur d’Ombeline, fatalement.

Ombeline, le fait d’avoir programmé que des artistes français ou basés en France, c’est une volonté ?

Alors non, c’est plus pour des raisons matérielles parce qu’on a un tout petit budget. Par nécessité, les artistes ont tous le label « made in France ». Mais on ne désespère pas non plus de faire venir des groupes de plus loin !

C’est un festival un peu particulier. Comment s’est forgée son identité ?

L’idée vient du curé de la paroisse. Depuis plusieurs siècles, Saint-Eustache a été amoureuse des arts et de la musique. Vu que l’église a toujours été à la pointe de la création musicale, les nouvelles musiques et l’art contemporain ont été aussi valorisés là-bas, par exemple Keith Harring. Au-delà de ça, la paroisse est un lieu qui vient en aide aux sans-abris et qui s’est aussi engagé auprès des malades du sida dans les années 80. D’ailleurs, quand Keith Harring a su ça, il a offert une œuvre, le Triptyque de « La vie du Christ ». Il y a aussi la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker qui a créé une œuvre pour Saint-Eustache. La musique a forcément sa place au sein de l’église. Au début, c’était plutôt des groupes expérimentaux et underground puis en grandissant, les portes se sont ouvertes à d’autres labels sur Paris et les environs, tout en restant une scène qui propose des groupes émergents.

L’une des particularités, c’est de faire revisiter une œuvre liturgique aux artistes…

Personnellement, je suis fascinée par les musiques sacrées. De là, j’ai soumis l’idée aux artistes, il y a eu un engouement et c’est devenu une tradition.

Qui décide de l’œuvre à revisiter ?

Ce sont les artistes qui décident. Déjà, on demande s’ils ont envie de le faire et après ils choisissent ce qu’ils veulent revisiter. On se retrouve avec des œuvres variées et très souvent, je suis bluffée par les choix et par les performances.

« Il y a un recueillement et une qualité d’écoute de la part du public. »

Le festival est assez avant-garde, ou je me trompe ?

On marche beaucoup au coup de cœur ! Mais on aime mettre en valeur et soutenir des labels avant-garde oui. On s’intéresse à des groupes qui ont quelque chose de singulier. Et puis le fil rouge, ça reste la culture musicale underground, parce que ça réunit aussi les goûts de toutes les personnes qui bossent sur ce festival. En tant que programmatrice, chaque année, c’est un peu le festival de mes rêves.

L’autre particularité, c’est forcément l’église…

Il y a deux endroits qui m’inspirent beaucoup : l’Union Chapel à Londres et l’église Saint Jean-Baptiste à Montréal, qui sont deux endroits où la musique prend une place importante et qui ont accueilli des supers artistes comme St Vincent, Patrick Watson etc… Ces églises sont dans la même dynamique que nous et c’est très inspirant. Ensuite, jouer dans une église, ce sont des émotions particulières. Au-delà de l’acoustique, il y a un recueillement et donc une qualité de présence et d’écoute aussi bien de la part des artistes que du public, et qui est assez intense et unique. Le lieu est impressionnant et l’ambiance se fait en fonction de la musique. J’ai le souvenir d’Etienne Jaumet jouant à cinq heures du matin, au moment où les rayons du soleil traversaient les vitraux avec les gens qui dansaient doucement ou qui étaient allongés sur le sol !

Ça se termine avec le café et les croissants le matin ?

Oui pour ceux qui sont encore là, on apporte le café !

Pour finir, tu penses déjà à l’édition de l’année prochaine ?

Oui ! J’ai toujours avec moi un petit carnet et je note mes découvertes. Ça demande toujours des choix cornéliens de faire la programmation !

Le Festival Saint-Eustache le 20 et 21 juin à l’église Saint-Eustache. Plus d’informations ici

9 commentaires

  1. le groupe TANGER avait interrompu une messe en s’attaquant a l’harmonium, Nico a fait le coup , panic at the church, the lords of the new, chapelle ardente, the chap, i’m living in the underground, jacques Chaban-Delmas,

  2. J’y suis passé l’année dernière : une expérience singulière ! Du peu que je sache, y a rien qui ressemble à ce festival. A faire au moins une fois dans sa vie.

  3. Je me suis retrouvé par hasard dans ce festival, c est assez bluffant, je connaissais ni les groupes, ni le lieu, et javoue que le melange electro/folk avec l’acoustique de cette eglise, m’ont carrément emballé 🙂

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