Dernière soirée Fear & Loathing. Dans tous les sens du terme. Petit Cluedo. Lieu du crime, le divan du Monde. Quand ? Le 13 mai. Complication : le coup de grâce vient de

Dernière soirée Fear & Loathing. Dans tous les sens du terme. Petit Cluedo. Lieu du crime, le divan du Monde. Quand ? Le 13 mai. Complication : le coup de grâce vient de toutes parts. Faites vos jeux…

Je me dépêche d’arriver au Divan du Monde : j’ai déjà 45 minutes en retard. Je demande fébrilement (et un peu honteusement) si je fais partie de la liste d’invités. Elle me répond oui. Soulagement. Dans la salle, personne : rien n’a commencé. Quelques Gonzaïmen sont déjà là. Bester, Little Jet. Et John prêt à tourner tout au long de la soirée que j’espère mémorable.

En entrée, le groupe DAP assure (et assume) son set de chansons à grosse influence gainsbourgienne. Bien. Propre. Sans vague. Après une courte pause, arrive Alex Rossi, qui inaugure le bal. Le concept est simple. Cinq artistes : Alex Rossi, Cheval Blanc, Dondolo, Damien, et Alister. Des artistes que j’apprécie, loosers autoproclamés qui ont le mérite d’apporter du neuf à la chanson française. Au programme : un mélange de reprises, de titres chantés par l’autre et quelques happenings préparés par la clique de cinq.

Fidèle à lui-même, le sieur Rossi lance la soirée sur des bons rails, malgré le parterre limité de spectateurs. Je m’en fous, tant que j’ai de la bonne musique…

C’est drôle au début. Damien revisite Dancing Queen. Quelques hésitations entre les passations de micros et d’instrument. Puis, sans crier gare, l’événement tourne à l’étrange. Des chansons ratées, des éclats de voix, des « off » qui ne le sont pas vraiment : j’ai l’impression de voir une soirée d’adieux de colonie de vacances, avec tours de chanson simili-pourris, des sketches, déroulés dans un esprit plus ou moins bon enfant.

Alister, G.O.B (Gentil Organisateur Bourré) de la soirée, enchaine les « CA VA ? et les « JE VOUS ENTENDS PAS… » pour mettre le feu au Divan, ne récoltant que des poussifs « mouais ! » de la trentaine de personnes dans « la fosse » : le gamin Gonzaï flotte dans des vêtements trop grands pour lui.

Ce n’est pas tout. Les cinq ont bossé ensemble comme des lycéens qui visent un 10/20 à l’Ecole. Ah non, attendez, ils ont fait un happening avec des assiettes et un pote qui s’époumone dans un harmonica… 10,5/20 donc. La soirée colo tourne en soirée Club Med. Je regrette juste qu’il n’y ait pas plus de vieux. Peut-être s’amuseraient-ils, eux. Le public fait plus de bruit que l’artiste. La mayo ne prend pas. Cinq bons joueurs ne font pas forcément une bonne équipe.

Au lieu de cela, j’assiste au Thierry Théolier Comedy Club, performance que l’intéressé donne bien malgré lui. Ce soir, je l’ai beaucoup vu. Je ne sais pas qui il est, ni à quoi il sert au juste et pour tout vous dire, je m’en tape un peu. Cet homme, véritable minot à barbe s’amuse : il a tout à fait raison. Peu de gens le font comme lui dans la soirée. Pourtant, il n’y a vraiment pas de quoi. Et malheureusement, le trublion monopolise mon regard, et celui de quelques-uns de mes camarades. La vérité est triste et cruelle : je m’intéresse davantage à l’agitation qui règne aux abords de l’estrade, délaissant ce qu’IL SE PASSE SUR LA SCENE. Et il n’y a pas n’importe qui sur cette putain de scène ! Des artistes, oui. Des artistes que j’estime… Qui doivent donner un concert, un vrai. Seulement, le miroir de la scène renvoie une toute autre image de ces artistes : les loosers paraissent désormais des branleurs, sans savoir à qui je dois cette illusion.

C’est pourquoi j’essaie de dresser rapidement les raisons de ce mauvais coton qui se file sous mes yeux.

A) Pas les couilles de dire à aux organisateurs que la chose n’était pas possible ?

B) Pas de leader capable de motiver le club des Cinq ?

C) Découragement face à une salle qui sonne creux ?

D) Mal au popotin en se levant le matin ?

(Envoyez vos autres suggestions à Gonzaï, 11 rue Duvergier, 75019 PARIS)

Parce que, ma foi, la vérité est ailleurs.

Il y aura néanmoins quelques bons moments. Enfin, je crois. Après avoir baragouiné quelques paroles incompréhensibles pour écarter une grappe du public dans son champ de vision, Cheval Blanc, mon préféré parmi les cinq, déballe deux de ses chansons. Pour la première fois (aux trois quart du concert), le public se tait devant ce petit bonhomme chancelant, exerçant une attraction particulière, même torché au troisième degré. Puis Alister lui emboîte le pas et nous joue un titre inédit, réussi lui aussi. Enfin, je crois. Je ne sais plus…

Car, du haut du perchoir, exactement face à moi, se trame une autre étrange affaire. Toutes les dix secondes, un flux indéterminé et dissemblable de personnes se rend dans les loges.

Dialogue fictif :

– Paraît-il qu’il y a de l’alcool à volonté…

– Ouais, les gars, des bouteilles 33 centilitres de Heineken ! J’ai le code, si tu veux…

– Waouu !

– Et le concert, alors. On n’était pas venu pour ça à la base ?

– Le concert ? Laisse tomber…

Ce Graal de verre et de houblon suffit largement au bonheur de certains, se ruant vers le coffre-fort, comme des enfants à la sonnerie du marchand de glaces. En même temps, pour ce qu’il y a de musicalité sur la scène … La combine est trop grosse. S’instaure une trame dans la trame. Quelqu’un va-t-il se faire gauler ? J’observe le chauve et sec employé du Divan du Monde qui commence à lorgner vers ce trafic grossier, étant donné le peu de monde dans la salle. Arrive ce qui devait arriver : Mr Ig paye les pots cassés et se fait tirer l’oreille par le videur. Direction la sortie et l’air frais de Pigalle. Tout le monde est prié de quitter la loge, alors transformée en poulailler à bibine.

La soirée se termine. Cheval Blanc planque deux bouteilles de vin sur scène, en clamant un truc dans le genre « celles-là, ILS (rappelez-vous, les chevaliers de la sainte-bibine) les auront pas ». Alex Rossi tente d’entamer un Born to loose de circonstance. Le micro est coupé. Les pontes du Divan en ont plein… le popotin, eux aussi. Théolier monte sur une scène pour faire le con : ya comme une couille dans le potage. Les artistes n’ont pas (su ? pu ? voulu ?) s’approprier et… Putain, j’suis con ! La voila la raison du non-concert ! Evidente en plus : j’ai assisté à une sauterie entre potes ! Comme en témoigne le partage du territoire sacré avec le premier venu dans le public. Tout est dit. La bonne blague.

Ah merde… On me communique dans l’oreillette qu’il y a des gens qui ont payé pour cette « sauterie entre potes »… Mea Culpa : La performance était vraiment un concert, et je n’ai donc pas encore trouvé la solution à ce fiasco. 22h30 : Il est temps de mettre les voiles. A l’entrée du Divan, Mr Ig se fait sermonner comme un petit gamin par les deux videurs mastoc. Je laisse les individus à leurs jeux respectifs. Tard dans la nuit, Bester envoie un mail pour annoncer la fin des soirées Gonzaï. Au revoir les enfants… Et au fait, à quoi on a joué ?

Photos: Muntz Termunch

 

 

37 commentaires

  1. Cher Alex, merci pour ses éclaircissements.
    Il a toujours été clair pour moi, que les artistes ont pris leur responsabilté, surtout pour un concept aussi casse-gueule. Vrai pour le régisseur et le son pourrave que je n’ai pas mentionné. De manière générale, le bide repose sur les défaillances du triptyque Gonzai-Divan-artistes.Soit.

    Quelques précisions avec ceci…

    Le concept était de foutre son ego de côté, pas d’envoyer balader le leadership de votre quintette. Et si t’as pas de leader au sein d’un groupe,c’est le bordel-merdier. Donc, ce point reste toujours aussi obscur pour moi.

    Quelques PS:

    PS: ThTh est un spectateur comme les autres, il n’est coupable en quoi que ce soit dans cette affaire.
    PS: L’argument de la picole est un peu faible aussi. C’est vrai que c’est tellement beau un gars talentueux comme Cheval Blanc qui rame parce qu’il est est plein comme un oursin.
    PS: Perso j’aime Bukowski parce qu’il assure (euphémisme) question écriture et « vision de l’humanité », pas pour sa descente d’alcool. Après, si on assure pas…
    PS: Le popotin, c’est pas bien, c’est vrai. Vive le cul, l’anus et ses composantes internes.

    Bonne continuation et vive les artistes. Sincèrement.

  2. Mais Clément, quand même, un artiste c’est sensible non?
    Avec ta méthode de « lynchage public », si il tombe sur ton article, tu ne pourras que lui enfoncer le museau dans son bordeaux, et te plaindre encore un peu plus la prochaine fois. Tout est question de tact et de subtilité. Tu pourrais très bien lui expliquer en face ce que tu penses de lui, puis vu que ta critique est mauvaise, ne pas l’écrire, parce que le préserver (vu que tu l’aimes) est plus important que d’informer de ton avis incertain (« Enfin, je crois. Je ne sais plus… ») le peu de personnes qui voudraient avoir un récit de cette soirée. L’artiste ainsi grandit par tes conseils avisés et non humiliants (puisque confidentiels) produira peut être ainsi un disque ou un show qui pour le coup rendra peut être heureux des milliers de personnes, et cela va dans un sens positif et optimiste.
    Enfin bon, j’imagine que tu ne seras pas d’accord, mais moi je ne reviendrais pas sur ce site pour lire ton énième justification car j’y suis tombée par hasard alors réfléchis y quand même…Encouragements.

  3. Mise au point en guise de réponse à Anonyme.

    Après lecture de commentaires, la longue conversation téléphonique que j’ai eue avec Alex Rossi et après une mûre réflexion, je me dois de corriger certains points de mon article que je juge comme inabouti. J’ai essayé néanmoins fait la retranscription la plus honnête possible.

    Ce qui transparait dans ce dernier, il me semble, c’est une trop grande responsabilité des artistes dans ce fiasco.
    (Je pense néanmoins qu’on est bien loin d’un lynchage public.)

    Je livre un avis extérieur et complètement subjectif: j’attendais beaucoup de cette soirée qui n’a pas été à la hauteur de mes espérances, d’où mon aigreur que j’ai pourtant essayé de contenir dans l’écriture. Cinq artistes de qualité, des bons moments, je le repète, mais un résultat collectif vraiment pas transcendant.

    Par contre, Si ma vision des choses est pétrie de doutes d’où les « il me semble, les « je crois », c’est que je n’essaie pas de me cacher derrière quelque pronom illustrant une vérité générale, et je me dois par souci d’honnêteté de faire part de tout ce qu’il peut déformer ma vision perso,

    Comme je le signale dans la fin de l’article, je n’aurais jamais su à quoi on a vraiment joué dans cette soirée bizarre. Je comprends mieux maintenant.

    L’artiste n’est pas un être intouchable qu’il est impossible de critiquer. La performance des 5 était très loin d’être catastrophique et il faut prendre mon avis comme un simple point de vue perso sur leur prestation, comme un commentaire négatif sur un article, comme tout gonzo article. Voila tout.
    Je changerais certains points dans mon article si je le pouvais
    Cette soirée était une soirée prise dans un sale engrenage: artistes qui jouent dans une salle vide, gestion du son « cata », beuverie egoïste et autres parasites, etc. D’un truc qui se barre en couilles sans qu’on puisse contrôler grand-chose.

    Mea Culpa donc

  4. Chère Clémentine,

    Il nous arrive de ne pas être d’accord sur de nombreux points, en matière de musique comme d’écriture, cependant…
    Je tiens à te dire que ton article m’a paru moins acerbe qu’amer, reflétant bien en cela la désillusion subie. Je ne vois pas pourquoi tu devrais t’excuser d’avoir été déçu par cette soirée manifestement chaotique à laquelle je suis bien heureuse de n’avoir finalement pas insisté.
    J’ai suffisamment confiance en ton jugement pour avoir envie de t’écrire que ce n’est pas parce qu’un artiste te téléphone pour se plaindre que tu n’as pas aimé sa prestation, ou qu’un abruti anonyme t’accuse de mal écrire (le ou la même qui celui ou celle qui laisse des commentaires sur l’article sur PJ Harvey pour s’engueuler par procuration avec Terreur ? Feraient mieux de se donner rendez-vous pour s’envoyer des bières et des vinyles à la gueule…)qu’il faut que tu te sentes obligé de faire un mea culpa.
    A mon sens il n’a en effet pas lieu d’être. J’espère lire encore de nombreux articles, comme ça : du grand Clément S.

    Bien cordialement,

    Raphaëlle C.

  5. Je ne m’excuse pas de mon article et ne m’en excuserai pas même si on me torture. Ma phrase « Je changerais certains points dans mon article si je le pouvais »
    Je fais juste part de la révision de mon point de vue qui a évolué.

    Merci Bergamote pour ce soutien Inconditionnel. Oui, inconditionnel

  6. Pour faire Bref …
    « Bordel » (lieu ou règne le désordre)n’était il pas le maître mot de cette soirée…en tout cas ce terme était clairement apposé sur vos flyers, encarts presse et autres bannières Internet….

    Sincèrement désolé pour vous et surtout pour les artistes que la salle ai sonné vide…J’ai cependant mémoire de soirées aux Disquaires
    qui ne faisaient pas le plein ou alors c’est moi qui l’était trop ??

    Bien à vous.

  7. petite rectif’ rapide…je ne voudrai pas crever incompris…
    Je précise que je n’ai pas appelé CLEMENT pour me plaindre, je n’aime pas me plaindre…et je pense qu’il l’a bien compris…et je suis OK avec lui quand il dit que « l’artiste n’est pas un être intouchable »! J’insiste sur ce point…
    Sur ce… »Demain est une autre nuit »…

  8. Par contre, Si ma vision des choses est pétrie de doutes d’où les « il me semble, les « je crois » =>c’est parce que t’as pas de couilles mon gars

  9. j’arrive après la bataille hein
    perso j’ai filé mes thunes à la cause, sans même me demander si elle était bonne
    je me suis pas mal marré mais j’ai aussi été très vite fatigué
    alors je me suis barré me faire des pates
    alors certainement qu’il y avait des couacs à l’allumage du à une organisation flottante mais la provoc à quat sous n’empêche pas une prestation digne de ce nom
    enfin quoi la musique c’est bien aussi non ?

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