C'est l'histoire d’une triplette de freaks géniaux et accouchés grâce aux accouplements free d'un Albert Ayler en extase et d'une Gréco Juliette butch dans une datcha tchétchène ! Ca s’appelle Boucan, mais ça ne fait pas beaucoup de bruit pour rien.

Chez Boucan, ça tangue raide et ça swingue bancal avec un vrai panache, ça beefheartise férocement, et le poétique marlou exhale de partout… En bref, du pur, de l’authentique, qui sent le mazout, la Goldo et Chandler, filtrés au zéphir de la Butte. Et puis, de vrais pratiquants du libre, nos mousquetaires du downbeat, version Breton plutôt que Cohn-Bendit, surréels poétiques et politiques… Et plutôt bien inspirés quand au parrainage… A savoir ? John Parish, par exemple.

La connexion initiale avec l’alter-égo de PJ Harvey, l’iconique producteur de 16 Horsepower, co-compositeur du « Souljacker » de Eels, en bref, LE wonder-producer de la crème de l’indie 90’s, se fait via un transfuge de l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp et d’Hyperculte. Ils se connaissent, ils en parlent, il fait l’interface et notre Boucan d’intriguer suffisamment John Parish pour qu’il décroche son téléphone et leur propose deux sessions au fantasmatique Real World Studio. Avec lui-même aux manettes. Rien de moins.

Le groupe, lesté exclusivement de son EP jusqu’alors, dit, évidemment : « banco ! ». Et l’aventure commence. En avant-première, votre serviteur a coincé Piéro Pépin (trompette / chant), Mathias Imbert (contrebasse/chant) et Bruno Izarn (guitare/ banjo /chant) devant un micro, dans la déliquescente cité post-industrielle de Graulhet, où les tanneries abandonnées s’écroulent ou se squattent, dans une atmosphère de brassage et d’influx créatif unique… Retranscription, en substance. 

Boucan c’est un état des lieux, un manifeste ? Que voulez vous dire au monde avec un nom pareil ?

Boucan laisse le portail grand ouvert ! Comme les Hell’s Kitchen, qui travaillent à la déclaptonisation du blues, nous travaillons, nous, à la dejohnnysation du rock français. Et ce n’est pas une mince affaire !

Captain Beefheart et Tom Waits en pères tutélairess. Qui d’autre et surtout pourquoi ?

Nous avons trois parcours musicaux très différents et du coup, nos influences vont de l’Ethio-Jazz à Jimmy Page en passant par D.A.F, l’Art Ensemble of Chicago, Les Residents, les Lounge Lizards ou Gainsbourg, Les Clash, The Ex, etc … Ce qui à notre sens rapproche toutes ces musiques, c’est, au delà du style ou de la forme, l’engagement et la liberté formelle des humains qui la jouent.

« On ne se considère ni un trio de chanson ou de rock, ni comme un trio de jazz. »

Vous êtes impressionnants en boucaniers de la scène. Quelques mots sur vos vécus antérieurs ?

On a tous les trois commencé la musique jeunes voire très jeunes et n’avons cessé de jouer, participant depuis plus de vingt ans à toutes sortes de projets, du solo à la fanfare, pour la danse ou l’image, rock, jazz, chanson ou musiques improvisées. Imbert Imbert pour Mathias, Le Tigre des Platanes pour moi, Double Hapax pour Bruno. Ce qui est sûr, c’est que dès notre première répétition, on a senti comme une évidence dans le son, une écoute qui nous a définitivement mis en confiance.

Boucan et la littérature : qui et quoi ?

Comme pour la musique, nous sommes a priori ouverts d’esprit, du coup ça va de Pif Gadget à Céline, en passant par Bukowski, Despentes, Kafka, Ajar, Vian… Il faut dire que mon père (Robert Pepin) a traduit, entre autres, Bukowski, Brautigan ou  TC Boyle... On a fait le choix de chanter en français par ce que sinon Mathias ne comprend pas ce qu’il chante. Quant à moi j’arrive pas à chanter et jouer de la trompette en même temps ! Plus sérieusement tous nos morceaux naissent d’idées musicales, les parties chantées sont abordées comme des parties instrumentales, les textes arrivant par la suite, parfois. Même si on a consacré beaucoup de temps à la musique dans nos vies, on en a gardé, pour lire Paul Auster, Romain Gary et tout l’annuaire du Lot-Et-Garonne (édition 1976) et on ressent toutes ces influences dans les textes de Boucan. Et il faut bien reconnaître, l’influence déterminante de nos paternels quand à notre attachement à la littérature. Le père de Mathias, le designer Dominique Imbert, a écrit et chanté ses propres chansons à une époque, quant au mien il a traduit pas loin d’une centaine de romans, pendant que celui de Bruno inséminait les bovins et les ovins sur la frontière de l’Aveyron. Dans tous les cas, des intellectuels, qui nous ont mis le pied littéraire à l’étrier. Et d’ailleurs, notre imaginaire n’est pas borné à la littérature : nous adorons également Jarmush, Lynch, Kubrick, ou encore Guiraudie.

Boucan et le jazz : je t’aime moi non plus ?

Ce serait plutôt je t’aime tout court. Le jazz fait partie, au même titre que le blues ou le punk rock, de nos fondamentaux. C’est une musique exigeante mais aussi et surtout libre, sauvage. On en a joué, écouté et l’improvisation est une des composantes de la musique de Boucan. Mais pas plus que l’on ne se considère comme un trio de chanson ou de rock, on ne se considère comme un trio de jazz. C’est la confrontation de ces univers qui nous intéresse, dans la fureur et dans le sang si nécessaire.

https://groupeboucan.bandcamp.com/

9 commentaires

  1. au mons 2 sosies dans ce boucan! cherchez resp chez the bêtisier de beste ta veste au bestiere avec une bierre; etc etc etc homo,

Répondre à thrill Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

partages