Quand la pop se drape si bien d’un manteau de merde, d’autres enfilent une peau de songwriter. C’est le cas de Romain Lallement, l’homme derrière Lenparrot. Le genre à posséder une culture musicale qui va voir plus loin que les 10 albums du mois de la FNAC et qui par-dessus le marché se fade d’une écriture de chanson aussi simple que personnelle. 

Dans son premier album « And Then He », Lenparrot se veut plus classe, moins haut perché, plus solennel aussi. « Less is more » comme on dit, peut-être du fait de Julien Gasc en tant que producteur, appuyant la vision déjà claire et affirmé du Nantais. Une voix, un piano, un mellotron, point trop n’en faut, tout le monde s’en porte mieux.

Prévu pour une sortie le 10 novembre, cet album est déjà l’occasion d’en savoir un peu plus sur les goûts de Lenparrot avec une sélection de disques ayant influencé profondément le bonhomme. Attention, écarts de langage.

African Brothers Band – « Tribute to D.K. »

En 2014, alors que sortait Les Yeux en Cavale, j’ai passé plusieurs mois en compagnie du superbe livre Africa 100 écrit par Florent Mazzoleni (Ed. Le Mot et le Reste). Je découvrais alors une flopée de disques merveilleux, trop souvent cachés par la figure tutélaire de Fela Kuti. Mais il en est un qui désormais fait partie de mes disques de chevet, le Tribute to D.K. de l’African Brothers Band. Loin du high-life enlevé qu’ils pratiquent d’habitude, cet album aux teintes mélancoliques rend hommage à leur producteur et mécène récemment défunt. Le contraste entre la voix lumineuse de Nana Ampadu sur ces accords mineurs a quelque chose de déchirant.

Twin Sister – « Vampires with Dreaming Kids/Color Your Life »

Twin Sister fait partie de ces groupes que l’on associe à une période précise, comme la bande-son inextricable d’une pelote de souvenirs. Outre la part émotionnelle de ce choix, ce double EP a tout d’un grand disque qui s’ignore. L’apparente naïveté de ces neuf titres cache une écriture irréprochable, une aisance stylistique allant de la folk à la dream pop en s’aventurant même sur des terres disco (leur imparable All Around and Away We Go). J’y reviens sans cesse, en particulier son ouverture magistrale Dry Hump.

Women – Public Strain

« Quel est votre disque préféré ? » À cette question bête parce qu’insondable, ma réponse demeure Public Strain. Je ne l’écoute pas très souvent, sa noirceur me plonge dans une torpeur tout terrain. C’est une expérience, un truc de l’ordre du rêve éveillé, une bande-son mentale, une exploration intérieure. Il y a une telle palette d’émotions dans cet album, c’est surréaliste. Le doo-wop y côtoie la musique industrielle, les Beach Boys l’ambient drone. S’ils s’appliquent à écrire une chanson d’amour, c’est pour mieux la défenestrer. J’ose à peine imaginer ce qu’accoucher d’une oeuvre pareille a du être, même si la violence de leur séparation laisse peu de place au doute.

Lenparrot sera en concert au Point FMR (18 novembre) et au Lieu Unique (10 et 11 février 2018).

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